Les rapts, notamment ceux d'enfants, autrefois étrangers à notre société sont devenus de nos jours des crimes «ordinaires» au moment où la famille et l'école ne jouent plus leur rôle. M. Kebci - Alger (Le Soir) - Ce qui est le résultat de «l'abandon de nos valeurs et de notre religion», expliquait, avant-hier jeudi, le ministre de la Justice et Garde des sceaux. Une société qui a «complètement changé» puisque, selon Belkacem Zeghmati qui présentait devant les députés, le projet de loi relatif à la prévention et à la lutte contre les crimes d'enlèvement, «dans les années 70 du siècle dernier, on n'entendait pas parler du kidnapping, alors que de nos jours, il est devenu un crime ordinaire comme le vol et les agressions». Pour le ministre, le kidnapping est la «résultante de la dislocation de la cellule familiale et de l'absence de mesures coercitives sévères», récusant la cause de la pauvreté présentée comme mobile du fléau. Ce qui a poussé bien des parents à «accompagner» leurs enfants à l'école. Estimant que la lutte contre ce fléau ne saurait se limiter à criminaliser davantage ce fléau, Zeghmati insiste sur la «prévention» qui, a-t-il tenu à préciser, est «l'affaire de tout un chacun, à commencer par la famille et l'école qui ne jouent plus leur rôle actuellement». Ceci dit, le ministre de la Justice et Garde des sceaux affirme que le projet de loi relatif à la prévention et à la lutte contre les crimes d'enlèvement prévoit de durcir les peines contre toute personne impliquée dans les kidnappings, notamment si la victime est mineure. Des peines encore plus sévères si le rapt est suivi d'une demande de rançon, d'assassinat. Un texte qui, par ailleurs, tend à assurer une «adaptation constante de la législation nationale à l'évolution des formes de crimes d'enlèvement qui constituent une atteinte à la sécurité publique, semant la terreur et créant un climat d'insécurité». Et de rappeler que la lutte contre les crimes d'enlèvement dont les auteurs font usage de tous les moyens technologiques exige «une adaptation constante des moyens de lutte et de prévention», relevant que l'Algérie a criminalisé ces actes dans le code pénal, depuis 1966, et a œuvré à les adapter en modifiant, à plusieurs reprises, les dispositions du code pénal y afférentes. Dont la toute dernière modification remontant à 2014, suite à l'évolution dangereuse du crime à cette époque. Ce texte de 54 dispositions, basé sur la prévention et la lutte, prévoit, entre autres, dans le cas d'enlèvement d'un enfant, deux peines : la perpétuité ou la peine capitale. Ceci en sus de circonstances aggravantes liées à la qualité de l'auteur ou de la victime et les circonstances atténuantes induisant un allégement de la peine s'il est mis fin délibérément à l'enlèvement. Aussi, les auteurs de crimes d'enlèvement commis sur un enfant, avec torture, agression sexuelle ou demande de rançon, ne peuvent bénéficier de circonstances atténuantes. Aussi, le parquet général a tout le loisir de déclencher systématiquement l'action publique même en l'absence de plainte, de même que les associations et les organismes activant dans le domaine de la protection des droits de l'Homme pourront porter plainte devant les juridictions et se constituer partie civile avec demande de réparation. Le projet de loi prévoit la protection des victimes d'enlèvements, leur prise en charge sanitaire, psychologique et sociale et la facilitation de leur accès à la justice. Il est aussi question d'une stratégie nationale et de stratégies locales tenant compte de la spécificité de chaque région afin de prévenir les crimes d'enlèvement. M. K.