Le procès des frères Benhamadi, propriétaires du groupe Condor pour les produits électroménagers et électroniques, impliqués dans des affaires liées essentiellement à la corruption, s'est poursuivi, hier, au tribunal de Sidi-M'hamed à Alger. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Ce dossier, qui implique plusieurs anciens hauts responsables de l'Etat dont les deux anciens Premiers ministres, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, concerne une des filiales du groupe Condor Spa Gp Pharma, spécialisée dans l'industrie pharmaceutique, dans ses volets relatifs à la réalisation d'une usine dans la zone industrielle de Sidi Abdallah (ouest d'Alger) et à l'importation de médicaments et des contrats avec l'opérateur Mobilis. Parmi les personnes jugées, figurent Abderrahmane Benhamadi, gérant et actionnaire du groupe Condor, ses frères, Smaïl, Abdelkrim, Amar et Moussa Benhamadi, ancien ministre des Télécommunications, récemment décédé après sa contamination au Covid-19.Les deux anciens Premiers ministres, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, ainsi que les anciens ministres des Travaux publics, Abdelghani Zaâlane, et de l'Industrie, Abdesselam Bouchouareb (en fuite à l'étranger), sont également impliqués dans cette affaire. Les principaux accusés sont poursuivis pour « indus avantages » dont aurait bénéficié le groupe Condor, « blanchiment d'argent », « dilapidation et utilisation de fonds de banque », et « financement occulte de partis politiques et de la campagne électorale de Abdelaziz Bouteflika pour un 5e mandat présidentiel ». La journée d'hier était consacrée à l'audition des témoins alors que la première journée était consacrée aux accusés. Répondant aux questions du juge, Amar Benhamadi, actionnaire du groupe, auditionné en tant que témoin alors qu'il était dans le box des accusés avec Abdelmalek Sellal et Abdelghani Zaâlane (dans une autre affaire, selon sa défense), a réfuté toutes les charges à l'encontre des membres de sa famille. Il a nié toute intervention d'Ouyahia ou de Sellal en faveur du groupe afin de lui octroyer des marchés. Selon lui, les projets accordés à Condor l'ont été dans la légalité et ce, après être passé par la procédure des appels d'offres. Pour les retards dans la réalisation des projets, notamment la réalisation d'une usine dans la zone industrielle de Sidi-Abdallah dédiée à la production et à l'importation de médicaments ainsi que la réalisation d'un centre dédié aux brûlés à Skikda, le témoin a évoqué des retards dans l'octroi des permis de construire et d'autres entraves techniques. Il a affirmé que la société n'avait bénéficié d'aucun avantage et que les deux anciens Premiers ministres n'étaient pas intervenus en sa faveur. Concernant les contrats avec Mobilis qui ont causé des pertes de près de 54 milliards de centimes à l'opérateur public, selon le juge, Amar Benhamadi a indiqué que Condor n'avait bénéficié ni d'avantages, ni de privilèges, ni d'interventions. Il a précisé que Mobilis avait signé durant la même période (2015-2016) des contrats de même nature avec 18 sociétés dont Condor et des sociétés étrangères. Concernant le financement de la campagne électorale pour le 5e mandat, à laquelle la famille Benhamadi avait contribué avec 5,8 milliards de centimes, toujours selon le juge, Amar Benhamadi a répondu qu'il n'a aucune information sur le sujet. À l'ouverture du procès avant-hier lundi, Abdelmalek Sellal a nié en bloc tous les faits retenus contre lui, affirmant qu'il n'avait « aucun lien, ni de près ni de loin, avec l'affaire de la Spa Gp Pharma ». Il a expliqué que cette société a conclu son contrat de concession et a obtenu un espace pour la réalisation d'une unité d'industrie pharmaceutique dans la nouvelle ville de Sidi-Abdallah, alors qu'il n'était pas encore à la tête du gouvernement. Pour lui, cette affaire concerne l'ancien wali d'Alger et la société concernée. Sur ce même point, l'ancien Premier ministre, Ahmed Ouyahia, qui répondait aux questions du juge par visioconférence depuis la prison d'El-Abadla (Bechar), a indiqué que « ces questions concernent d'une manière directe les collectivités locales, à leur tête la Wilaya, et non pas la chefferie du gouvernement ». Niant lui aussi les accusations contre lui, Ouyahia a ajouté qu'un Premier ministre n'est pas responsable des retards enregistrés dans la réalisation de projets d'investissement et que le non-respect d'un cahier des charges relève des responsabilités de l'autorité ayant signé l'octroi de la concession foncière et non du chef du gouvernement. K. A.