L'Algérie autant que ses deux voisins du Maghreb font partie des six pays qui ont reçu le plus de visas pour la France en 2019, indique le ministère français de l'Intérieur dans un rapport publié sur son site officiel. Mais en parallèle, le nombre de visas accordés par les consulats de France aux Algériens a baissé de près de 8% en 2019 par rapport à l'année 2018. À l'heure où toutes les interrogations fusent sur les relations entre l'Algérie et ses partenaires de l'Union européenne, au sujet de l'accord d'association liant les deux parties, accord jugé par trop défavorable pour l'Algérie sur pratiquement tous les plans, rejaillissent les questions liées à la circulation entre l'Algérie et, particulièrement, la France. C'est par le truchement de la sempiternelle question des visas que le sujet souvent à forte controverse revient au-devant de l'actualité, même si, en réalité, le dernier tour de vis français, beaucoup le voyaient venir depuis un moment déjà. Un dernier tour de vis qu'illustre le nombre de visas accordés par les consulats de France aux Algériens, en baisse de près de 7,6% en 2019 par rapport à l'année d'avant. Une décision de réduire le nombre de visas qui vient en suite logique de la «décision politique prise en haut lieu», comme le déclarait le consul général de France à Alger lors de l'un de ses points de presse. En fin de compte, il apparaît que par «haut lieu» c'est au Président français lui-même qu'il est fait allusion puisque, selon son ministre de l'Intérieur qui s'exprimait dans une audition au Sénat, c'est Emmanuel Macron qui a décidé du fait. «Une décision très forte» sur la réduction du nombre de visas notamment envers l'Algérie de la part du Président Macron, pour reprendre les mots du ministre de l'Intérieur qui, lui-même, en a fait un sujet majeur lors de sa virée algéroise d'il y a quelques semaines, ne faisant ainsi qu'emboîter le pas à son Président qui avait au préalable, toujours selon le ministre français de l'Intérieur, expliqué «très clairement» au Président algérien, au même titre que les autres dirigeants maghrébins, la position française sur la question des visas. Sur le cas précis de l'Algérie, il est expliqué que le mouvement populaire auquel l'Algérie a fait face pour contrer le 5e mandat de Bouteflika a obligé les autorités françaises à actionner le levier des visas pour limiter les mouvements des Algériens en direction de la France, et ce, au moment même où l'accès à l'espace Schengen s'octroyait, et s'octroie toujours, une bonne place dans les débats dans la Vieille Europe. En tous les cas, le ministre français de l'Intérieur avait au moins le mérite d'être clair dans ses propos tenus devant le Sénat de son pays, lui qui voulait faire comprendre que la fermeté dans l'octroi des visas ne touche pas aux intérêts français puisque «la coopération économique», pour ne pas dire les intérêts économiques de la France, et les étudiants ne seront pas impactés par la nouvelle manière de faire de la France dans sa politique d'octroi de visa. Azedine Maktour