Alger et Paris sont liés par l'accord de 1968 relatif à la circulation, à l'emploi et au séjour en France. Avec ces réponses, Emmanuel Macron vient donc confirmer formellement que la France «regarde» de plus près toutes les demandes de visas émanant des Algériens. Le président Emmanuel Macron sera bientôt de retour à Alger. Mais cette fois-ci, pour effectuer une visite d'Etat. C'est lui-même qu'il l'a déclaré, hier, à Charleville-Mézières où il a fait une halte dans le cadre de son «itinérance mémorielle» pour le centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale. En annonçant qu'il allait rencontrer prochainement le président Abdelaziz Bouteflika, Emmanuel Macron confirmait ainsi sa déclaration faite lors d'une visite d'une journée à Alger en décembre 2017 où il avait assuré qu'il retournera en Algérie pour effectuer une visite d'Etat courant 2018. L'annonce faite par le président français a été glissée dans une de ses réponses aux médias qui l'interpellaient sur les raisons du resserrage de la délivrance de visas pour les Algériens. Sans ambages, le locataire de l'Elysée va expliquer que les services consulaires de son pays «traitent les demandes de visas émanant de l'Algérie avec flexibilité» avant d'ajouter «le dossier des visas et de la liberté de circulation des personnes est au coeur des discussions avec les autorités algériennes». Et d'assurer que des instructions ont été données de façon à ce que les demandes de visas déposées par les journalistes, écrivains et hommes de culture algériens ne soient pas refusées. Avec ces réponses, Emmanuel Macron vient donc confirmer formellement que la France «regarde» de plus près toutes les demandes de visas émanant des Algériens. Sinon pour quelle raison le président français aurait-il besoin de donner des instructions pour faciliter la délivrance de visas pour une catégorie spécifique? La France veut «renégocier» les accords établis entre les deux pays portant sur la délivrance des visas et la libre circulation de personnes. A ce propos, il y a lieu de rappeler que le premier accord algéro-français date du 27 décembre 1968 et il est relatif à la circulation, à l'emploi et au séjour en France des ressortissants algériens et de leurs familles. Il a été modifié par trois avenants. Si en 1968, il était fait obligation pour les Algériens de présenter un passeport aux frontières (sans visa), le troisième et dernier avenant, entré en vigueur le 1er janvier 2003, a pratiquement aligné l'accord au régime général. Aujourd'hui, la France applique avec rigueur les règles de la procédure de délivrance des visas pour les ressortissants algériens. Ainsi, les visas de court séjour et de transit ne sont délivrés qu'à des personnes dont on a tout lieu de penser qu'en raison de leur fonction et de leur situation, elles ne sont pas susceptibles de chercher un établissement en France. De même que la production des documents requis pour la demande de visa n'implique nullement la délivrance automatique du visa sollicité. Le consulat conserve totalement sa faculté d'appréciation en matière d'octroi. Et si le nombre de visas délivrés aux Algériens est important cela s'explique par une évidence, à savoir l'importance en nombre de la communauté algérienne établie en France. Mais il y a aussi le passé historique partagé entre les deux pays et le partenariat d'exception qui les lie et qui doit normalement ouvrir droit à certains privilèges des deux côtés. Or, il semble bien que cela n'a pas été pris en compte par les services consulaires français. Et il est à se demander maintenant si ces derniers vont appliquer les nouvelles instructions du président français en facilitant la délivrance des visas pour les journalistes, écrivains et hommes de culture algériens? Et la question qui mérite d'être posée est celle de savoir si maintenant, l'artiste Saïd Hilmi qui s'est vu refuser un visa d'entrée dans l'espace Schengen, dernièrement, (comme rapporté par L'Expression dans son édition du 30 octobre dernier) va être convié à le récupérer? Ce malheureux épisode du feuilleton algéro-français confirmait à ce moment-là déjà que quelque chose clochait dans l'attitude des autorités de l'Hexagone vis-à-vis de la question de la circulation des personnes entre les deux pays. Car, Saïd Hilmi qui a fait de fréquents séjours en France pour des raisons familiales ou professionnelles, est un artiste qui n'est plus à présenter. Lui refuser un visa d'entrée relève quasiment de la provocation.