L'EN U20 n'ira pas en Mauritanie où se tiendra l'année prochaine la Can-2021. Les protégés de Saber Bensmaïn ont échoué dans leur quête de faire partie du gotha continental de la catégorie, suite à une mauvaise participation au tournoi de l'Unaf qui se tient depuis la semaine passée en Tunisie. Un nul et deux défaites : c'est le bilan final de cette sortie de l'EN à l'occasion de cette épreuve régionale qui paraissait à la portée des Algériens. Une formule qui évitait aux frêles footballeurs de l'Afrique du Nord les longs et périlleux déplacements au fin fond de l'Afrique. Et pourtant, face à des adversaires de la même «taille» et qui ont les mêmes cursus de formation, les Verts ont périclité. Durement et douloureusement. A coup de renforts d'émigrés, le sélectionneur national pensait que la mission face aux Marocains, Egyptiens et Tunisiens serait plus que réalisable. Mais voilà, malgré le retrait des petits Pharaons à cause de l'importante saignée au sein de leur effectif causée par la Covid-19, les Algériens ont tout fait de travers. Jeu décousu, agressivité déplacée et niveau individuel et collectif pitoyable. La panoplie d'un ensemble qui ne ressemble en rien à cette équipe qui avait, en février dernier, disputé en Arabie Saoudite le Championnat arabe de la catégorie avec une composante locale en parvenant allégrement en quart de finale. Depuis, seuls Boukerma, Zerrouki, Mancer, Bekkouche, Chaouti, Hamidi, Dadda, Titraoui, Belkhir, Rahmani et le gardien Yacoubi ont été repris par Saber Bensmaïn pour cette campagne de l'Unaf. Et encore, pas tous comme éléments de base. L'entraîneur national a joué à fond la carte des expatriés Boulhendi (OGCN), Faradj (Sochaux), Baâloudj (OM), Oufella (PSG), Khetir (OM) qui, malgré leur talent, n'avaient pas assimilé les méthodes employées en sélection, encore moins vécu de telles expéditions en dehors de leurs clubs formateurs évoluant en Europe. Un choix inexplicable d'autant plus que l'attraction de cette sélection aura été un élément, Mohamed-Amine Belloumi, qui n'a pas fait partie du groupe de base choisi en février dernier par Bensmaïn. L'ex-sociétaire du GC Mascara, désormais propriété du MCO, est le seul joueur qui a fait partie de l'équipe première alors qu'il était encore classé chez les cadets. Avant, la sélection comptait un certain Ishak Boussouf (ES Sétif), transféré en Belgique, et Rahmani (MCA), lesquels faisaient plus ou moins régulièrement des apparitions en seniors au sein de leurs clubs. Durant le tournoi de l'Unaf, le premier n'était pas dans les listes alors que le second a livré le dernier quart d'heure du match face à la Libye. D'où la question sur l'action de tout chambouler engagée par le staff technique alors que la sélection n'est plus apparue depuis le tournoi arabe en raison notamment de l'arrêt des activités sportives à cause de la pandémie. Bensmaïn a-t-il agi par conviction ou sous les ordres de ses supérieurs qui voulaient faire dans le bling-bling à l'occasion de cette compétition nord-africaine où certaines sélections, le Maroc notamment, se sont appuyées sur une colonie de leurs jeunes footballeurs issus de l'émigration ? Belloumi et Boulhendi, seules satisfactions Si le manque à gagner enregistré en Arabie Saoudite s'expliquait par le fait que Saber Bensmaïn venait à peine de reprendre la sélection, en remplacement du Français Ludovic Batteli, le sélectionneur ne peut surtout pas trouver un prétexte dans les effets de la Covid-19 sur l'activité footballistique pour expliquer ce cuisant échec. Toutes les équipes participantes, et plus la Libye qui a le désavantage de ne pas activer à cause de la situation de guerre qu'elle traverse, ont subi les mêmes conséquences. A savoir l'arrêt des compétitions et même des entraînements en groupe. Si bien que la différence de niveau constatée durant cette première semaine du tournoi se situe au niveau de la qualité des effectifs en présence. Ceux de la Tunisie et du Maroc en particulier ont montré une meilleure cohérence en sus des qualités intrinsèques chez les footballeurs coachés par Zakaria Aboub et Maher Kenzari. La Libye, elle, a plus fait valoir (comme d'habitude, doit-on écrire) son engagement et la volonté de ses jeunes qui ne ménagent aucun effort pour réduire les différences techniques avec leurs adversaires. Une grinta qui a manqué à nos joueurs qui semblaient se préserver, comme s'il s'agissait de préserver de grandes vedettes internationales d'éventuelles blessures. A la fin du match perdu contre le Maroc, la seule explication fournie par Saber Bensmaïn avait trait à l'état de la pelouse du stade Chedly-Zouiten, il est vrai lamentable, mais aussi la «volonté exagérée» affichée par les Marocains pour expliquer la défaite. Or, tout le monde a constaté que si le Maroc a gagné, c'est parce que l'Algérie n'avait aucune résistance à opposer. Techniquement limités, tactiquement désorientés, les protégés de Bensmaïn n'ont fait que subir les assauts répétés de Mouhoub et compagnie. Le portier algérien Teddy Boulhendi a longtemps retardé l'échéance mais ne pouvait, à lui seul, faire face à la déferlante des Marocains. Lui qui a été également là pour repousser les attaquants libyens et ceux encore plus tunisiens. Avec Belloumi, le gardien de Nice a été l'autre satisfaction des Verts durant ce tournoi. Le reste, tout le reste, est à mettre à la poubelle de l'histoire à désillusions de nos sélections de jeunes. La DTN et la Task-force au banc des accusés ! Une histoire de tumultes qui rime avec la réalité de la pratique footballistique en Algérie. Comme d'habitude, les clubs n'accordant aucune importance à la formation des footballeurs, il ne fallait pas s'attendre à des miracles. Le Tout-PAC ne pouvait non plus satisfaire les besoins d'un football national malaxé par les tricheries. La FAF à travers sa DTN s'apercevant que son projet de réformer la pratique du football à partir de la base est chimérique se laissera tenter par les «vieilles traditions». Celles-là qui avaient montré leurs limites, toutes ayant fini par consacrer l'échec programmé. A la seule différence que cette fois, l'instance de Zetchi a confié le dossier à une task-force. En gros, une structure formée de personnels attitrés à qui incombe la charge de fournir des solutions à des problèmes qui dépassent les compétences d'un organe donné qui ne peut intervenir à cause de problèmes géostratégiques. En l'occurrence sur des footballeurs nés et élevés en Europe avec tout ce que cela comporte comme spécificités. C'est donc un groupe, le fameux Task-force, de personnes issues de l'émigration dont le rôle est non seulement de recenser les joueurs, les plus jeunes surtout, mais surtout de les convaincre d'opter pour l'Algérie, pays de leurs parents. Mise en place en mars 2020, quelques semaines après la séparation avec Batteli donc, cette cellule est présidée par Karim Idir, ancien footballeur en amateur et coach de jeunes de clubs de district devenu homme d'affaires. Elle compte en son sein quelques compétences techniques basées en Ile-de-France à l'exemple de Foued Kada-Hounet et Lyès Brahimi, le frère cadet de l'international national A, Yacine Brahimi. Pas de grands noms, donc, pour mener une opération de ratissage auprès d'une communauté algérienne qui a souvent réclamé l'existence d'un canal de liaison avec l'Algérie. Comme l'était à une époque l'Amicale des Algériens en Europe que présidait Abdelkrim Souissi. Un appareil placé sous l'égide du FLN qui avait pignon sur rue durant les années 1960/70/80 se chargeant de mettre la main sur des pépites aux origines algériennes dans nombre de disciplines sportives. Aujourd'hui, une telle pyramide n'étant plus possible, la FAF se doit de bonifier le travail de cette structure en faisant appel à des personnages bien ancrés dans la mémoire de nos émigrés. Ce sont d'anciens joueurs de la sélection (Ziani, Ghezzal, Djebbour, etc.) qui ont encore cette aura et sur lesquels il faudrait investir fondamentalement. Mais aussi une Direction technique nationale qui juge le «produit importé» sur pièce, non pas sur de simples rapports techniques. M. B. Il sera «remercié» à son retour au pays Bensmaïn, le «fusible» à faire sauter Une fois n'est pas coutume, l'échec d'une équipe nationale est immédiatement et naturellement suivi du limogeage de celui ou ceux qui en avaient les commandes. Et Saber Bensmaïn et les membres du staff de l'EN U20 qui a connu la désillusion en Tunisie lors du tournoi de l'Unaf qualificatif à la CAN-2021 en Mauritanie ne pouvaient échapper à cette «sentence» banalisée par la répétition du procédé. Car, après tout, Bensmaïn n'est pas plus responsable que ceux qui lui avaient confié la charge de diriger la sélection. L'on se rappelle du recrutement «précipité» de l'entraîneur qui venait juste d'être limogé par son club, le MC Saïda, pour «insuffisance de résultats». C'était en novembre 2019, un an après la démission de Boualem Charef et plusieurs mois après le limogeage du duo Hocine Achiou- Salim Sbaâ suite à l'élimination de l'EN face au Ghana, en 2018, lors des qualifications à la CAN-2019. Ex-sélectionneur des U17, le technicien qui a travaillé en jeunes au CRB puis a cumulé des missions d'adjoint au RCA et à la JSS, Saber Bensmaïn était retenu au même titre que Mohamed Lacet (U17) et Rezki Remmane (U14) eux-mêmes fraîchement écartés de la barre technique de leurs clubs respectifs (NAHD et JSMB). La FAF avait alors communiqué qu'il s'agit d'entraîneurs choisis suite à une consultation ouverte par la DTN conduite par Ameur Chafik. Or, ladite consultation n'a jamais été rendue publique. Aucun communiqué n'a été publié sur le site de la FAF concernant l'ouverture d'une opération de candidatures. C'est en définitive plus une désignation, un choix cornélien, qu'une action réfléchie et mûrie par la DTN suivant des profils et des objectifs. Avant de partir à Tunis, l'entraîneur national a fait cette déclaration qui ne laisse aucun équivoque : «Notre objectif est clair: se qualifier pour la CAN-2021, sans faire de fixation sur nos adversaires», et de préciser qu'affronter le pays hôte d'entrée de tournoi ne l'effraie point. «L'essentiel est de bien démarrer. C'est vrai que les Tunisiens partiront avec l'avantage du terrain, ils sont même mieux préparés que nous, mais en même temps, la pression sera plus pesante sur leur dos. Ils n'ont pas droit à l'erreur chez eux. Ce qui m'intéresse le plus, c'est mon équipe et la stratégie qu'on va adopter le jour du match». Assurant que son équipe se prépare depuis près de 3 mois, avec 6 stages organisés à Alger depuis septembre, Bensmaïn a reconnu que son team n'était pas prête sur le plan physique. «Nous ne sommes pas encore prêts à 100% sur le plan physique, du moment qu'on n'est pas encore compétitifs. Nous avons disputé des matchs amicaux qui nous ont permis de rester optimistes. On pourra avoir une idée assez claire sur le potentiel de cette équipe dès le premier match du tournoi, nous aurons même une idée sur nos adversaires», a-t-il noté. Avec un groupe pas préparé physiquement et sans certitude aucune sur la consistance du jeu collectif de l'équipe, Bensmaïn était-il conscient que son objectif et celui de la FAF, n'étaient plus réalisables ? Ses propos à l'issue des deux premiers matchs laissent penser une telle conviction ; Bensmaïn qui n'a pas reconnu le football livré par ses joueurs commençait à trouver des prétextes comme ceux portant sur l'agressivité exagérée des Marocains et l'état de la pelouse du stade Chedly-Zouiten. En aucune façon, il n'a pointé du doigt un manque d'inspiration et d'engagement de ses joueurs sinon l'absence de coordination entre les lignes de jeu. Des insuffisances liées à la qualité de la préparation effectuée et le temps et les moyens qui lui étaient impartis. La FAF dit avoir fourni toute la logistique à cette équipe nationale qui, soit dit en passant, n'a livré depuis la reprise de sa préparation en septembre aucun match international de préparation, se contentant d'affronter des équipes de clubs elles-mêmes en hibernation. Or, les adversaires des Verts multipliaient les stages et les matchs amicaux contre des sélections africaines. Les Marocains qui avaient repris en juillet, ont accueilli les équipes du Togo, Sénégal, Mauritanie, Burkina Faso et le Ghana alors que les Tunisiens étaient sur le pont depuis juin dernier avec plusieurs matchs amicaux internationaux au menu. La différence s'est faite sentir cruellement lors de ce tournoi Unaf où les capés de Bensmaïn ont été plus spectateurs qu'acteurs. M. B.