La crise sanitaire de la Covid-19, qui a touché l'Algérie et tous les pays du monde en cette année 2020, a fortement impacté le secteur de l'édition et l'industrie du livre provoquant une baisse considérable des publications et la cessation d'activité de nombreuses maisons d'édition et imprimeries, selon le constat de plusieurs professionnels du livre. Lamia Hammeche, directrice de l'édition par intérim à l'Entreprise nationale de communication, d'édition et de publicité (Anep) a déclaré que le volet édition de l'Anep a été touché par la situation imposée par la pandémie causant une «baisse des ventes et un report des rendez-vous de publication» pour absence de commercialisation et de promotion particulièrement «après la suspension des activités des libraires et distributeurs et l'annulation des salons nationaux et internationaux» qui représentent une occasion de promotion des publications. Elle a cependant assuré que cette situation exceptionnelle a été mise à profit pour «revoir le processus d'édition, donner la priorité à la promotion sur des supports numériques et pour préparer l'ouverture de nouvelles librairies dans différentes villes du pays». L'édition au niveau de l'Entreprise nationale des arts graphiques (Enag) a également connu un important recul, selon Fadhel Zakour, attaché de presse de l'Enag, qui a indiqué qu'«une vingtaine de titres, particulièrement des ouvrages parascolaires, ont été publiés cette année contre une moyenne habituelle de près de 70 ouvrages par an». L'éditeur et président du Syndicat national des éditeurs de livres (Snel), Ahmed Madi, a relevé, pour sa part, que le secteur du livre connaît «une situation catastrophique depuis plusieurs années», accentuée par «l'absence de politique culturelle», ce qui a poussé un grand nombre de maisons d'édition et d'imprimeries à «cesser ou suspendre leurs activités». Selon lui, cette situation est le fruit de la «diminution des subventions publiques, de la cherté des coûts de production et de la rareté des librairies» en plus du «recul des ventes en version papier devant les supports numériques». Cette situation a été aggravée, selon Ahmed Madi, par la pandémie de Covid-19 qui a paralysé le secteur avec l'arrêt des activités des librairies et l'annulation des manifestations liées au livre ce qui a causé le gel des activités de cinquante maisons d'édition affiliées au Snel et de 90% des imprimeries. Le président du Snel appelle les pouvoirs publics à «recourir aux différents mécanismes de soutien à l'industrie du livre gelés depuis trois ans et à activer le Centre national du livre (CNL) qui devrait suivre la situation et fournir des rapports réguliers». Evoquant les imprimeries, l'imprimeur Amine Bouarroudj, dont l'activité est composée à 80% de production de livres, a indiqué que «son chiffre d'affaires connaît une baisse de 70%». Rafik Taïbi, directeur des éditions Al Khayal, déclare avoir publié 50 ouvrages en 2020 contre 90 en 2019 ajoutant que les publications de l'année dernière se sont très peu vendues. Spécialisé dans le livre pour enfants, Mohanned El Djomhani, directeur des éditions Atfalouna, a, lui aussi, fait état d'un recul de 60% des publications causé par l'annulation des différents salons du livre et par la réticence des auteurs à publier cette année. Du côté des éditions Houma, un recul des ventes de près de 60% est enregistré depuis 2019. Récemment, un nouveau rapport de l'Unesco a révélé un recul des activités de l'édition de l'ordre de 7,5% sur le marché mondial pour cause de pandémie.