Il ne se prend pas pour celui qui a réinventé l'eau tiède, mais Sami Agli, le patron de la Confédération algérienne du patronat citoyen (CAPC), comme beaucoup de monde, s'attend à une année 2021 plus compliquée que les deux dernières. De ce fait, il ne faudrait plus se contenter de constats, des mesures doivent être prises pour «sentir le changement». Il n'est, ainsi, pas le premier à considérer que le rythme mis pour remettre l'économie nationale d'aplomb n'est pas comme il devrait l'être. Le président de la CAPC, invité de la Chaîne 3 hier mardi, a jugé lui aussi qu'il se doit de prendre la responsabilité de tirer l'alarme pour que l'on entre effectivement dans la relance de l'économie nationale parce que «les choses n'avancent pas comme on le veut», lui qui plaide pour sauver déjà les entreprises «de plus en plus fragilisées», et mettre en pratique le plan de relance, le plan de la dernière chance, comme il l'appelle. «Des mesures de rupture, opérationnelles et rapides», conseille le patron de la confédération, tout en reconnaissant que les choses ont avancé sur le plan des propositions. Malheureusement, les vieux réflexes sont toujours là avec cette «lourdeur bureaucratique» qu'il faudrait penser à pénaliser par ces temps de détresse économique. «On en est au point où, dans certaines administrations, on ne daigne même pas accuser réception du courrier de chefs d'entreprises», a dénoncé Sami Agli pour parler du «terrorisme bureaucratique». «L'entreprise est la solution à la crise, mais pour qu'elle le soit concrètement, il faudrait lui permettre d'abord de se maintenir puis de se projeter», a plaidé l'invité de la Chaîne 3 qui, visiblement, n'en peut plus de laisser passer le fait qu'«une administration bloque un projet créateur de richesses». Le coût administratif devient de plus en plus pesant sur l'économie, et de temps, l'Algérie n'en a plus beaucoup pour se relancer économiquement, a-t-il argumenté avant de faire état de la peur des chefs d'entreprises du pays, ayant doublement peur, précise-t-il, des conséquences de ces deux dernières années et de l'avenir immédiat si on ne met pas fin à la bureaucratie «dans les faits». Ceci pour sauver l'entreprise et l'emploi dont les pertes, en 2020, sont beaucoup plus importantes que le demi-million dont il est fait état officiellement, notamment si on prend en compte l'informel, le secteur qui emploie le plus en Algérie. Une réalité — les chiffres de l'emploi – qui remet sur le tapis l'exigence de la mise en place d'un organe pour centraliser l'information et les données économiques, les organismes en activité (douanes, ONS et autres ...) n'offrant pas des données forcément homogènes avec celles des institutions. Il en est autant de pratiquement toutes les questions ayant trait à l'investissement, à l'exemple du sujet du foncier qui a fait que «des entreprises ont dû acheter leur terrain sur fonds propres». En somme, Sami Agli, comme beaucoup d'ailleurs, attend des actes, le temps imparti aux intentions a été long, alors maintenant place à... la sonnette d'alarme. Azedine Maktour