Le Fonds de lutte contre le cancer a été clôturé. Il a subi le même sort que beaucoup d'autres comptes d'affectation spéciale. Les sommes qui lui avaient été allouées seront récupérées par le Trésor public, faute d'avoir été consommées. La faute à qui ? A une bureaucratie que dénoncent depuis de longues années les différents acteurs de la lutte contre le cancer, à leur tête le Pr Zitouni, chargé de l'élaboration du plan cancer. Nawal Imès- Alger (Le Soir)- La loi de finances 2021 est porteuse de décisions de clôture de plusieurs comptes d'affectation spéciale. Le Fonds de lutte contre le cancer n'a pas échappé à cette décision. L'article 167 stipule, en effet, que «les comptes d'affectation spéciale figurant à l'annexe ci-jointe sont clôturés. Toutefois, ces comptes continueront à fonctionner jusqu'à la mise en place de la procédure de budgétisation appropriée qui devra aboutir, au plus tard, le 31 décembre 2021. Date à laquelle ces comptes seront définitivement clôturés et leur solde versé au compte de résultats du Trésor». Seuls six comptes échappent à cette décision. Celui dédié à la lutte contre le cancer ne figure pas sur cette short liste. Pourquoi ? Faute d'avoir été consommées, les sommes allouées sont tout simplement restituées au Trésor public. Qu'est-ce qui a empêché leur consommation ? C'est la bureaucratie qui est pointée du doigt par le Pr Messaoud Zitouni, chargé de l'élaboration du plan cancer. Dans une déclaration faite à l'agence de presse officielle, il explique que «la récupération par le Trésor public de ces fonds est due à la bureaucratie qui a entravé l'exploitation de plusieurs de ses chapitres. Son utilisation n'a pas dépassé le taux de 1%, alors que le comité pilote a présenté des méthodes d'exploitation optimales des fonds de ce compte pour ne pas les restituer au Trésor public». Des lourdeurs administratives déjà dénoncées par le Pr Kamel Bouzid, chef du service d'oncologie au sein du Centre Pierre-et-Marie-Curie. Ce n'est, en effet, pas la première année que les fonds alloués pour des actions entrant dans le cadre de la lutte contre le cancer sont tout simplement récupérés par le Trésor, car n'ayant pas été utilisés. Le Pr Zitouni considère, néanmoins, que «la clôture du Fonds de lutte contre le cancer dans la loi de finances 2021 est préjudiciable pour les malades, d'autant que ces fonds devaient être dépensés par le ministère pour l'acquisition des mammographes pour le diagnostic précoce du cancer du sein, qui vient en tête des types de cancer en Algérie, le renforcement de la formation et le financement de la prévention et de la recherche scientifique». Son pronostic est pourtant peu optimiste, puisqu'il prévoit une augmentation de l'ordre de 20% au cours des prochaines années. Les chiffres sont déjà peu rassurants, avec pas moins de 50 000 nouveaux cas de cancer enregistrés chaque année et pas moins de 20 000 décès. L'Algérie avait, en 2015, entamé l'élaboration d'un plan cancer. Le rapport final aurait dû être remis en mai dernier au président de la République, mais pour cause de pandémie de coronavirus, cette échéance a été retardée. N. I.