Toni Freixa, Victor Font et Joan Laporta briguent aujourd'hui le poste de président du FC Barcelone dans un contexte lourd, entre perquisitions et arrestations, crise sportive, dette économique, pandémie mondiale et avenir incertain de la superstar Lionel Messi. A partir de ce soir, le nouveau président élu devra orchestrer la reconstruction d'un club en décadence, encore secoué lundi par une perquisition et l'arrestation de l'ancien président Josep Maria Bartomeu, qui avait démissionné le 27 octobre laissant un club en ruine sur les bras d'une commission de gestion transitoire. L'échéance des élections a bien été repoussée de six semaines (du 24 janvier au 7 mars en raison des restrictions sanitaires), mais les responsabilités sont toujours aussi grandes. Et le dossier le plus brûlant reste le même : la prolongation du contrat de Messi qui expire dans moins de quatre mois, le 30 juin prochain. Messi et la dette Le 27 décembre, la Pulga (puce, en espagnol) avait confié n'avoir encore «rien décidé» quant à son avenir, alors qu'il avait annoncé vouloir quitter le club l'été dernier avant de se raviser. Les spéculations sur son avenir et sur son contrat «pharaonique» — 555 millions d'euros de revenu brut pour le capitaine du Barça entre novembre 2017 et juin 2021 — révélé par El Mundo fin janvier ont jalonné la campagne présidentielle. La deuxième mission urgente sera de négocier l'échelonnement de la dette du club blaugrana, voire de discuter d'une éventuelle nouvelle diminution des salaires avec le vestiaire et le staff. Selon son dernier bilan économique rendu public fin janvier, le Barça doit rembourser 730,6 millions d'euros à court terme (d'ici fin juin) et plus d'un milliard (1,173Md EUR) à long terme. A côté de ces deux premiers dossiers chauds, d'autres s'empilent : le retard des travaux de rénovation du Camp Nou qui devaient être lancés en 2017, mais ont à peine commencé ; ou encore la crise sportive et le manque criant de résultats, alors que le Barça n'a plus rien gagné depuis avril 2019 et qu'il se déplace sur le terrain du Paris SG mercredi en 8e de finale retour de Ligue des champions, après avoir été sèchement battu 4-1 à l'aller en Espagne. Reste que le Barça est toujours une maison prestigieuse, l'un des blasons les plus emblématiques de l'histoire du football, et le club qui génère toujours le plus de revenus au monde : 715,1 M d'EUR en 2019-2020 selon le cabinet Deloitte. Assez d'arguments pour pousser Joan Laporta, Toni Freixa et Victor Font à briguer la présidence. Laporta favori Selon la presse catalane, le favori de ce scrutin est Joan Laporta. L'avocat et homme politique indépendantiste catalan a déjà été président du Barça entre 2003 et 2010, au début des glorieuses années de l'ère Guardiola. Et il a largement devancé ses concurrents au nombre de soutiens (près de 10 000, contre 4 431 pour Font et 2 634 pour Freixa). Mais les deux autres candidats s'accrochent à leurs chances. Toni Freixa a l'expérience d'avoir été membre des comités de direction des trois derniers présidents (Laporta, Rosell, Bartomeu), une donnée qui peut aussi se retourner contre lui étant donné le vent de renouveau souhaité par les socios (supporters-actionnaires ayant le droit de vote). Victor Font compte sur la force de ses soutiens, parmi lesquels Toni Nadal (l'oncle de Rafael), Ramon Cugat (le chirurgien-star des joueurs du Barça), Jordi Cruyff (fils de Johan) et surtout la légende Xavi, attendu comme le messie sur le banc du FC Barcelone. Quoi qu'il advienne, cette élection sera déjà historique par son contexte. Après la démission rocambolesque de Bartomeu et la pandémie de coronavirus, le scrutin a été repoussé du 24 janvier au 7 mars en raison des restrictions sanitaires en vigueur en Catalogne et le vote par voie postale a été autorisé pour la première fois de l'histoire du club. Parmi les 110 290 socios ayant le droit de vote selon les chiffres du Barça, 22 811 ont demandé à voter par courrier et 87 479 seront donc attendus aujourd'hui dans les bureaux de vote pour déposer leur bulletin dans l'urne en personne (soit 79,3% de l'électorat). Les lieux de vote en présentiel ont été réduits de 10 à 6, mais ce scrutin sera tout de même le premier de l'histoire du club à être organisé dans plusieurs lieux de vote en même temps. Entre 9h et 21h, aujourd'hui, il sera donc possible de voter de manière physique au Camp Nou à Barcelone, bien sûr, mais aussi à Gérone, Tarragone, Tortosa, Lleida et en Andorre, pour ouvrir une nouvelle page de l'histoire du Barça.