Le FFS a tenu, hier au siège du parti, une réunion extraordinaire de son conseil national. Accusant le pouvoir de maintenir sa démarche unilatérale dans un contexte politique, économique et social « alarmant », le plus vieux parti de l'opposition a estimé que le dialogue est incontournable. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - « Le dialogue et les conditions de sa réussite sont désormais incontournables car le pays se trouve aujourd'hui dans une situation d'impasse intégrale, du fait, avant tout, du refus du pouvoir de répondre aux exigences démocratiques, de liberté, de justice et de progrès économique et social de notre peuple, mais aussi de certains cercles qui veulent détourner l'esprit du Hirak afin de pousser à la confrontation et au chaos », a lancé Hakim Belahcel, membre de l'instance présidentielle du parti à l'ouverture des travaux de la réunion qui s'est déroulée à huis clos. Il a évoqué un contexte politique, économique et social alarmant, aggravé par une crise sanitaire et un environnement international en plein bouleversements, faisant peser sur notre pays des menaces directes sur sa sécurité et son intégrité. Face à cette situation qualifiée de « désastreuse », l'orateur a accusé le pouvoir de s'obstiner à maintenir sa démarche unilatérale, et continue de refuser toute initiative politique de sortie de crise, deux ans après le déclenchement du mouvement populaire mobilisé pacifiquement pour « rejeter le système, exiger la fin du régime autoritaire et l'avènement d'un Etat de droit démocratique et social ». Dans ce contexte, l'orateur a affirmé que les élections que prépare le pouvoir ne sauraient « constituer une solution à la crise et que les conditions minimales de leur tenue ne sont pas réunies ». Cependant, a-t-il précisé, le FFS prendra position une fois ces échéances convoquées « en toute indépendance ». Selon lui, le retour du Hirak démontre que les citoyens restent déterminés à faire aboutir leurs revendications légitimes. Et d'affirmer que cette détermination « devrait inciter le pouvoir à créer, par des mesures de détente, un climat favorable au dialogue et à l'apaisement, et ouvrir un dialogue sans exclusive afin de trouver une issue consensuelle à la crise multidimensionnelle ». « Pour avoir rejeté et combattu systématiquement toute issue politique et démocratique à la crise, les tenants du pouvoir ont mené le pays à des dérives dangereuses et multiplié les facteurs d'implosion. Leur responsabilité est entière », a poursuivi M. Belahcel. Soulignant que le FFS tient à préserver son autonomie de décision et à agir en pleine responsabilité, après la tempête soulevée par la rencontre entre le chef de l'Etat et deux responsables du parti, Hakim Belahcel a expliqué que sa formation œuvre à « donner les prolongements politiques et confirmer notre soutien aux revendications de la révolution populaire pacifique ». « C'est cet objectif que nous poursuivons avec notre projet de convention nationale, qui s'inscrit dans la continuité de notre démarche politique qui vise à changer radicalement ce système, en restituant au peuple algérien le libre exercice de son droit à l'autodétermination, pour instaurer un Etat de droit démocratique et social, fondement de la deuxième République », a-t-il expliqué. «Nous réaffirmons qu'elle ne saurait constituer une solution à la crise et que les conditions minimales de leur tenue ne sont pas réunies. Le conseil national, une fois ces échéances convoquées, aura à en débattre et à prendre position. Mais nous le ferons comme nous l'avons toujours fait, en toute indépendance. Personne ne pourra nous imposer ni notre calendrier ni notre décision.» L'explication Intervenant dans le contexte marqué par la colère de la base suite à la rencontre avec le chef de l'Etat, Belahcel ne pouvait évacuer cette question de son discours. Il a soutenu que la direction du parti a répondu favorablement à l'invitation de la présidence parce que le parti est un « partisan du dialogue depuis toujours », rassurant que le FFS n'est pas dans une option de « normalisation » avec le pouvoir. « Nous avons conscience qu'elle susciterait au sein d'une partie de nos militants et sympathisants une certaine réticence, voire de la désapprobation. Cette réaction, dans ce contexte de défiance légitime vis-à-vis du pouvoir et de sa politique, est parfaitement compréhensible. Elle démontre aussi que la vigilance dont ont toujours fait preuve les militants du Front des forces socialiste est toujours intacte et préserve notre parti de tout risque de normalisation », a-t-il rassuré. Et d'ajouter que le FFS doit assumer et exercer ses responsabilités, « car les enjeux dépassent, plus que jamais, aujourd'hui les considérations de personnes ou d'appareils ». « Il s'agit d'abord de sauver notre pays du chaos, et pour cela il est nécessaire d'interpeller, à chaque fois que nous le pouvons, le pouvoir pour le mettre face à ses responsabilités, et de proposer des solutions de sortie de crise », a-t-il encore souligné, estimant que face à cette situation, « l'esprit de responsabilité et le devoir de lucidité doivent primer sur les postures et les attitudes démagogiques certes plus confortables dans l'instant, mais qui, au final, ne font que le jeu du pouvoir et des partisans du statu quo de tout bord ». Selon lui, la rencontre avec Tebboune a permis de contribuer « modestement » à faire aboutir « partiellement » la demande de la libération des détenus d'opinion. « Nous continuerons, encore et toujours, à exiger la libération de tous les détenus d'opinion, car il s'agit là avant tout de drames humains et non d'un fonds de commerce que certains voudraient voir perdurer éternellement uniquement pour servir leurs intérêts existentiels », a-t-il ajouté. K. A.