Face à sa base en ébullition, le vieux parti d'opposition tente d'expliquer sa rencontre avec le chef de l'Etat. En cette circonstance, une session extraordinaire de son conseil national s'est tenue, hier, à huis clos au siège national du parti. Lors de son intervention à l'ouverture des travaux, le coordinateur de l'instance présidentielle (IP), Hakim Belahcel, est revenu longuement sur cette rencontre. La direction du FFS, qui a répondu à cette rencontre, «avait conscience qu'elle susciterait au sein d'une partie de nos militants et sympathisants une certaine réticence voire de la désapprobation», a-t-il signifié. «Cette réaction (...) est parfaitement compréhensible. Elle démontre que la vigilance,(...) est toujours intacte et préserve notre parti de tout risque de normalisation», a-t-il soutenu. Mais, soutient-il, «nous devions (...), assumer et exercer nos responsabilités car les enjeux dépassent plus que jamais les considérations de personnes ou d'appareils». Il s'agit d'abord, affirme-t-il, «de sauver notre pays du chaos et pour cela il est nécessaire d'interpeller(...) le pouvoir pour le mettre en face de ses responsabilités et de proposer des solutions de sortie de crise». Face à cette situation, argue-t-on encore «l'esprit de responsabilité (...) peut primer sur les postures et les attitudes démagogiques, certaines plus confortables dans l'instant, mais qui au final ne font que le jeu du pouvoir et des partisans du statu quo de tous bords». Et par ailleurs, dit-il, «cette rencontre nous a permis de contribuer (...) à faire aboutir, (...) à la libération des détenus d'opinion». «Nous continuons (...) à exiger la libération de tous les détenus d'opinion car il s'agit là (...) de drame humain et non d'un fonds de commerce que certains voudront voir perdurer éternellement...», a-t-il accusé. Sans les citer, le coordinateur de l'instance présidentielle a pointé du doigt certains cercles qui veulent «détourner l'esprit du Hirak». «Le dialogue et les conditions de sa réussite sont désormais incontournables car le pays se trouve aujourd'hui dans une situation d'impasse intégrale du fait, avant tout du refus du pouvoir de répondre aux exigences démocratiques, (...), mais aussi de certains cercles qui veulent détourner l'esprit du Hirak afin de pousser à la confrontation et le chaos», a-t-il indiqué. À ces derniers il a adressé un message: «Nous continuerons à préserver notre autonomie de décision(...) afin de donner les prolongements politiques et confirmer notre soutien aux revendications de la révolution populaire pacifique.» À cet effet, le parti compte poursuivre sa démarche politique: «Nous poursuivrons notre projet de convention nationale, qui s'inscrit avec la continuité de notre démarche politique qui vise à changer radicalement ce système...», a-t-il indiqué. À propos des législatives anticipées, il a réaffirmé que «ces échéances, ne sauraient constituer une solution à la crise et que les conditions minimales de leur tenue ne sont pas encore réunies». Une fois ces échéances convoquées, «le conseil national aura à débattre et à prendre position, en toute indépendance...», a-t-il conclu. Par ailleurs, avant la rencontre du conseil national, les mem-bres de la direction ont pris leur bâton de pèlerin pour expliquer leur déplacement à El-Mouradia. Si la rencontre fédérale tenue le 26 février dernier à Béjaïa n'a pas été émaillée d'incidents, en revanche la rencontre fédérale tenue jeudi dernier à Tizi Ouzou, a été largement perturbée. On a enregistré des altercations et un clash entre les militants et les dirigeants du parti. Une grande partie de la base militante, dont plusieurs membres du conseil national, contestent la feuille de route de la direction nationale. Ils estiment que «le seul consensus qui vaille est de s'aligner sur les revendications du Mouvement populaire...». Ainsi, est-il constaté, le parti peine à resserrer ses rangs et à retrouver sa stabilité. La confiance placée en la direction nationale commence à se fissurer. En réaction à ce qui s'est passé à la Maison de la culture de Tizi Ouzou, Nabila Slimani, membre du conseil national, a indiqué que «le FFS, créé pour trouver des solutions politiques, n'est pas un appareil, électoraliste, qui négocie des quotas...». Il est reproché à la direction nationale d'avoir organisé en catimini la rencontre de Béjaïa. Sur 26 membres du conseil national, seuls six membres ont pris part à cette réunion. D'ailleurs, c'est ce qui a poussé, les membres du conseil national à se déplacer en force lors de la rencontre de Tizi Ouzou.