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Une réalité à considérer !
Changements climatiques
Publié dans Le Soir d'Algérie le 11 - 03 - 2021

Il n'y a plus de saison ! Une phrase qui semble anodine mais qui a un sens beaucoup plus profond. Elle a pourtant un impact sur notre vie, notre consommation et nos habitudes.
« On ne sait pas comment s'habiller .» « Nous n'avons pas eu à mettre de manteaux cette année. » « Pourquoi il y a eu un hiver cette année ? » Ce sont autant de propos qui émaillent nos différentes conversations et qui renvoient à un réel ressenti et impact des saisons. Des saisons qui ne répondent plus à une logique connue par l'humanité. Ce qui conduit à des bouleversements sur des gestes basiques et même sur les humeurs.
Changements climatiques et humeur
« Je me sens fatiguée et pas vraiment en forme. Le matin, il fait froid donc je m'habille chaudement comme pour l'hiver et à 8 heures, il commence à faire chaud comme en été. Cela est fatigant et provoque des maux de tête. Je deviens irritable et vraiment pas apte à communiquer. C'est ce changement de temps qui provoque ces sautes d'humeur », témoigne Souhila, cadre dans une entreprise publique. Et elle n'est pas la seule à être dans cet état. Et c'est scientifiquement prouvé.
À cause des changements climatiques, selon Glenn Albrecht, philosophe de l'environnement et professeur au département d'études environnementales de l'Université de Murdoch, en Australie, l'homme pourrait souffrir de plus en plus de « solastalgia ».
Instigateur de ce concept, Glenn Albrecht explique que « Solastalgia » mettrait un mot sur l'impact psychologique entraîné par la dégradation de l'environnement ou d'un habitat, et décrirait plus particulièrement la détresse émotionnelle ressentie lorsque nous perdons ou assistons à la détérioration de terres familières ou bien-aimées.
Pour illustrer l'idée, Albrecht donne l'exemple d'une population affectée par l'exploitation de mines de charbon à ciel ouvert à New South Wales et comment les transformations du paysage et la vue de la pollution ont affecté leur moral, entraînant un certain "mal du pays". « Ces symptômes seraient également semblables à ceux observés chez les victimes d'une catastrophe naturelle comme Katrina: augmentation du nombre de dépressions, de la violence familiale, anxiété, ... », note-t-il dans son rapport. En effet, les chercheurs expliquent qu'un bouleversement environnemental ou climatique causerait, en effet, un stress intense sur un individu et une collectivité. Mais, il n'y a pas uniquement des conséquences sur le moral.
Maladies respiratoires en augmentation
L'influence du climat sur la santé se caractérise d'abord par un grand nombre d'incertitudes. « Il n'en demeure pas moins que la corrélation entre l'influence des facteurs climatiques et météorologiques sur la santé et le bien-être est prouvée par la présence de maladies attribuables à la pollution de l'air et aux phénomènes météorologiques extrêmes : allergies, affections respiratoires, maladies d'origine hydrique et maladies vectorielles. » C'est ce qui ressort du rapport établi par le Centre national des technologies de production plus propre.
Les rédacteurs de ce rapport notent : « Bien que la politique algérienne en matière de santé soit basée sur le principe de prévention, force est de noter que cet effort de prévention est réduit par la prolifération de sources de contamination et de pollution.
Dans le cas de la santé humaine, les changements climatiques affectent vraisemblablement la distribution et la prévalence des vecteurs de maladies tels le paludisme, la méningite, et certaines variantes des leishmanioses (clou de Biskra) et l'onchocercose qui infecte l'œil. » Et de noter plus loin : « Parmi les effets directs des vagues de chaleur intenses, figurent : la fatigue, l'épuisement, les crampes de chaleur, l'œdème, les coups de chaleur et les insolations. D'autres effets indirects, tels que l'aggravation des problèmes de santé existants, incluant les troubles des systèmes circulatoires respiratoire et nerveux. L'élévation de température, d'une manière générale, serait favorable à la survie de la bactérie du choléra, favorisera les percées de moustiques vecteurs de maladies (principalement la malaria) et fera augmenter le nombre de rongeurs porteurs de pathogènes. »
Ainsi, les maladies liées aux changements climatiques vont représenter une sollicitation supplémentaire et économiquement coûteuse pour le secteur de la santé et peuvent aggraver l'inefficacité des services de santé à affronter les problèmes qui seraient provoqués et amplifiés par ces changements.
Des phénomènes naturels extrêmes
Nadjib Drouiche et Soumeya Khelifi, président et vice-présidente du groupe parlementaire du climat algérien, expliquent dans une contribution que « des changements climatiques importants affectent une grande partie de notre planète. L'Algérie n'est pas épargnée et la même tendance est observée : on enregistre un accroissement de la fréquence des pluies torrentielles, notamment sur les Hauts-Plateaux, qui ont entraîné des inondations d'ampleur jamais constatées dans les annales climatologiques. D'autres phénomènes extrêmes se sont produits ces dernières années, on citera, entre autres, la sécheresse, les vagues de chaleur élevées et les tempêtes de sable ».
Nadjib Drouiche, directeur de recherches, relève que « les scientifiques ont estimé que les chutes de pluie vont diminuer d'environ 20% dans les années à venir. Les experts météorologues prévoient un raccourcissement de la saison des pluies et une hausse des températures d'environ 1° à 1,5° en 2020, ce qui aurait des conséquences fatales sur la faune et la flore. Ils estiment également que les températures vont augmenter de 3°C supplémentaires en 2050 à cause du réchauffement mondial. Les chutes de neige ont baissé de 40% dans plusieurs régions d'Algérie en l'espace d'au moins un demi-siècle et la raréfaction des ressources en eau s'est beaucoup accrue ».
En effet, tous ces phénomènes conjugués entraînent la dégradation de l'environnement. À ce sujet, Nadjib Drouiche relève : « D'autres répercussions sont à prévoir sur les régions côtières de l'Algérie comprenant le haut niveau de la mer et la multiplication des vagues dangereuses, provoquant ainsi l'érosion et même la disparition des plages. Ceci pourrait avoir comme conséquence, une perte de l'écotourisme et une régression de l'intérêt économique, de l'intrusion saline (salinisation des sols et de la nappe phréatique) et de l'inondation des régions côtières.
D'après les experts météorologues et de l'environnement en Algérie, il serait nécessaire, dans l'avenir, de concrétiser le développement des sources d'énergie renouvelable, du transport public optimisé et d'introduire les techniques d'isolation dans le secteur de la construction, de mettre en place des systèmes de surveillance et d'alerte pour les sécheresses et les vagues de chaleur dans les villes vulnérables ainsi que l'avènement des phénomènes extrêmes non saisonniers. » Autant dire que les Algériens, tout comme le reste de la planète, devront s'habituer à vivre avec ces phénomènes !
Sarah Raymouche


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