Troisième désillusion en Ligue des champions en trois ans pour Cristiano Ronaldo avec la Juventus, éliminée mardi par Porto en huitièmes de finale : à 36 ans, le meilleur buteur de l'histoire de la compétition voit s'éloigner son rêve de soulever à nouveau le prestigieux trophée. Ronaldo, mains sur la tête avec un rictus de souffrance résumant l'ampleur de la déception : la photo était mercredi en une de la presse italienne après une victoire (3-2 a.p.) insuffisante pour effacer la défaite de l'aller (1-2). «Trahie par Ronaldo», a même titré le Corriere dello sport. Ce cri du cœur résume le sentiment des supporteurs bianconeri habitués à voir le Portugais enfiler ses habits de super-héros, comme il y a deux ans en huitième de finale quand il avait renversé à lui seul l'Atlético Madrid (3-0) après une défaite à l'aller (0-2). Ou comme en décembre pour offrir la première place du groupe aux Bianconeri avec un doublé à Barcelone (3-0). Mais de miracle, il n'y a pas eu cette fois contre Porto. «CR7» a été quasiment invisible — comme à l'aller — face à son ex-coéquipier madrilène Pepe: une passe décisive pour Federico Chiesa et c'est quasiment tout. Pour le reste, on l'a vu agacé contre ses partenaires (Chiesa invectivé après seulement dix minutes), énervé par les décisions arbitrales (même s'il aurait pu peut-être, comme à l'aller, bénéficier d'un penalty), trop pressé de tirer dans des positions compliquées... Un trou dans le mur Pire: Ronaldo s'est fait reprendre de volée par Fabio Capello, désormais consultant sur Sky Sport, pour s'être retourné et avoir laissé un trou béant dans le mur turinois sur le coup franc décisif de Porto pendant la prolongation. «Une erreur impardonnable», a tancé l'ex-entraîneur de Milan. On est très loin des éloges qui accompagnent généralement les soirées en Ligue des champions du meilleur buteur de la compétition (134 buts). Ronaldo, après la première C1 avec Manchester United et les années de gloire au Real Madrid (4 Ligues des champions remportées entre 2014 et 2018), avait rejoint la Juve en 2018 avec la ferme intention de la gagner à nouveau avec un troisième club. Les Bianconeri comptaient eux sur la star pour retrouver un trophée qui leur échappe depuis 25 ans. Mais c'est raté: après trois saisons ponctuées de trois éliminations précoces contre des adversaires plus faibles sur le papier (l'Ajax Amsterdam en quarts en 2019, Lyon en huitièmes en 2020 et Porto), force est de constater que le contrat n'est pas rempli. Et s'il avait pesé jusqu'ici, les 210 minutes sans but contre les Dragons font tache. Jusqu'en 2022 ? En trois campagnes européennes en bianconero, Ronaldo a marqué au total 14 fois, soit moins que lors de sa seule dernière saison madrilène (15 buts). Et avec cette élimination, il devra patienter pour battre le record de nombre matchs joués en C1, s'arrêtant pour le moment à 176, à une rencontre des 177 d'Iker Casillas. Andrea Pirlo, après avoir assuré que ce match était pour lui, ne l'a pas accablé: «Avec lui, on part généralement avec un but d'avance, mais ça peut arriver aussi aux plus grands champions de ne pas marquer». L'entraîneur turinois compte désormais sur «CR7», en tête du classement des buteurs en Serie A (20 buts), pour relancer la Juve en championnat (actuellement 3e) et tenter de sauver la saison. Reste que la question va sans doute se poser de savoir si le (très cher) mariage entre Ronaldo et la Juve doit se poursuivre jusqu'au terme prévu, en juin 2022. Ou si la «Vieille Dame» doit clairement poursuivre le rajeunissement lancé cette saison, sans le Portugais de 36 ans et peut-être sans Giorgio Chiellini, même âge. Andrea Pirlo, malgré cette première grosse désillusion, a assuré à chaud qu'il entend poursuivre le «projet» lancé en septembre. Avec, malgré le désastre de mardi, une bonne nouvelle : la montée en puissance de Federico Chiesa, auteur d'un doublé après le but déjà important de l'aller. Cela n'a pas suffi mais, à 23 ans, il semble être celui sur lequel compte désormais la Juve.