Il est arrivé. Le variant indien de la Covid-19 soulève des interrogations quant à son entrée en Algérie. Il laisse perplexe les professionnels de la santé qui prônent l'application stricte des mesures sanitaires, face à l'insouciance de la population et au laxisme des autorités publiques. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Le variant indien de la Covid-19 surgit en Algérie. Six cas ont été récemment identifiés dans la wilaya de Tipasa à l'ouest de la capitale. Selon l'Institut Pasteur d'Algérie (IPA), la souche détectée dans notre pays est différente de celle répandue en Inde. «Elle est du sous-type 2 qui comporte des différences par rapport au mutant hybride actuellement endémique en Inde», précise-t-on dans un communiqué. Ce variant, poursuit-on, est classé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) comme «variant à suivre», après les variants dits «préoccupants», à savoir les variants britannique, sud-africain et brésilien. Faut-il s'inquiéter de l'apparition du variant indien en Algérie ? Aura-t-il un impact sur la situation épidémiologique du pays ? Pourra-t-il franchir le rempart du vaccin anti-Covid-19 utilisé actuellement ? Le directeur général de l'Institut Pasteur d'Algérie (IPA), le Dr Fawzi Derrar, assure que le foyer détecté a été «cerné», pour empêcher la propagation du virus. Intervenant, hier, sur les ondes de la Chaîne 1 de la Radio nationale, il a affirmé que «tous les vaccins actuellement utilisés contre la Covid-19 restent résistants et efficaces pour protéger contre toutes les nouvelles souches du virus apparues». Chef de service d'infectiologie à l'Etablissement hospitalier spécialisé en maladies infectieuses Laâdi-Flici (ex-hôpital El-Kettar), à Alger, le professeur Nassima Achour semble perplexe quant à la présence du variant indien en Algérie. «Si toutes nos frontières sont fermées, comment a-t-il pu rentrer ?» s'interroge-t-elle d'emblée. Face à ce variant à double mutation, elle préconise de maintenir les conduites définies et établies ainsi que la même prise en charge. «Nous allons faire de notre mieux pour continuer à lutter contre la propagation de ce virus et ses variants», dit-elle. L'infectiologue rappelle que la promiscuité favorise l'émergence du Sars-CoV-2 et de ses différents mutants. Elle déplore ainsi «le laisser-aller absolu», constaté depuis plusieurs mois dans notre pays. «Les gens ne prennent plus les précautions nécessaires pour parer à la contamination au virus de Covid-19, et le port de bavette n'est plus respecté», fait-elle remarquer. Soulignant le caractère variant des virus, elle ajoute : «Nous serons peut-être appelés à être vaccinés tous les ans. Nous ne pouvons que rester aux aguets et maintenir les mesures de prévention.» De son côté, le Dr Mohamed Yousfi, chef de service des maladies infectieuses à l'EPH de Boufarik et président de la Société algérienne d'infectiologie, estime qu'il faudra s'inquiéter de la situation épidémiologique de manière générale. Pour lui, il n'est pas normal que la contamination reprenne du simple au double au bout de quinze jours. «Nous avons pourtant connu une situation très à l'aise pendant trois mois», dit-il. Une recrudescence qu'il impute à l'insouciance de la population dans le respect des mesures sanitaires, et au laxisme des autorités publiques censées veiller à faire appliquer ces recommandations. «Le risque est plus accru lorsqu'il y a des variants britannique, nigérian ou indien. Ils sont plus contagieux et une troisième vague ne fera que favoriser leur circulation», note-t-il. Le Dr Yousfi insiste, à cet effet, sur le respect des mesures barrières en attendant la vaccination qui, selon lui, peine à démarrer. «La campagne de vaccination est encore à l'état embryonnaire. Avec uniquement 660 mille doses reçues, seules 330 mille personnes seront vaccinées, alors que nous avons besoin de vacciner au moins 30 millions de personnes pour atteindre l'immunité collective», dit-il. Citant l'exemple de l'Europe et des Etat-Unies d'Amérique qui ont mené une vaccination massive en pleine 3e vague de la pandémie, il regrette que l'Algérie n'ait pas profité d'une situation épidémiologique «très favorable» pour accentuer la campagne de vaccination. «S'il y avait une bonne stratégie pour la vaccination, nous aurions pu vacciner la population à l'aise, au moment où la situation épidémiologique était stable, d'autant que le vaccin agit sur tous les variants à des niveaux d'efficacité différents», conclut-il. Ry. N.