Le dernier décompte de l'Institut Pasteur montre bien que la courbe des contaminations par les divers mutants semble poursuivre sa hausse, sans répit, depuis le 25 février. Les nouveaux chiffres officiels liés à la circulation des variants du virus Sars-CoV-2 laisse croire que les nouveaux mutants poursuivent leur progression en Algérie, notamment après la détection, pour la première fois, de cas de mutant indien. En effet, l'Institut Pasteur d'Algérie a révélé avant-hier que pas moins de 7 wilayas comptent désormais des cas du nouveau mutant britannique. Les séquenceurs de l'IPA ont détecté, en fait, pas moins de 37 nouveau cas du variant britannique dont 23 cas confirmés uniquement dans la wilaya d'Alger, le reste est réparti à travers les wilayas de Blida, Béjaïa, Constantine, Médéa, Mila, et de M'sila. Autant dire que le nombre de réservoirs des souches mutantes par wilaya commence à devenir important, en y ajoutant ceux détectés la semaine dernière dans les wilayas d'Ouargla, Tiaret, Tindouf, Tizi Ouzou, Oran, Aïn Salah, Bouira, Laghouat, El-Bayadh et Touggourt. Ce qui fait un total de 17 wilayas touchées par les variants. Selon la même source, pas moins de 6 cas du variant indien, responsable actuellement de la nouvelle explosion pandémique en Inde, ont été détectés dans la wilaya de Tipasa. Le dernier décompte du Dr Fawzi Derrar montre bien que la courbe des mutants semble poursuivre, sans répit, celle des contaminations en Algérie qui compte, depuis le 25 février, un total de 416 dont 230 cas de variant nigérian et 180 cas d'origine britannique et 6 cas indiens. Jusqu'à hier, l'Institut Pasteur n'avait pas fourni de détails sur le profil virologique de la souche mutante indienne dite "B.1.617.1". Les experts de l'Institut Pasteur ne fournissent pas suffisamment d'indications épidémiologiques sur la chaîne de contamination des cas du variant indien. D'où tout l'intérêt d'engager rapidement des enquêtes épidémiologiques qui permettront de retracer le profil clinique ou virologique du contaminé et de repérer le premier "importateur" de ce double mutant indien. D'ailleurs, le chef de l'Etat a insisté, lors de la dernière réunion consacrée à la crise sanitaire, sur l'urgence de lancer des enquêtes épidémiologiques sur les nouveaux variants, d'autant que toute une cellule dédiée à cette mission rattachée au Premier ministre a été créée, il y a près d'une année. Comment a été importé ces variants indien et britannique, alors que les frontières demeurent officiellement toujours fermées ? Y a-t-il des caméras thermiques au niveau dans les postes frontières en mesure de détecter rapidement un variant ? L'Algérie ne risque-t-elle pas d'affronter une nouvelle vague d'infections à cause de ces nouveaux variants ? En tous cas, la transmissibilité et la virulence de cette nouvelle "tornade" virale à partir des nouveaux mutants du Sars-CoV-2 est observable au quotidien dans les décomptes annoncés par plusieurs pays du monde qui font difficilement face à la troisième vague de la pandémie de coronavirus. Remonter le cas zéro du variant indien Les spécialistes de la lutte antivirale que nous avons pu joindre hier n'ont pas tenu de propos alarmistes ou pessimistes quant à l'évolution de la situation épidémiologique. Le Pr Kamel Djenouhat, président de la Société algérienne d'immunologie, estime que "le variant indien est rentré dans le pays bien avant la fermeture totale du pays. On ne peut pas identifier ce variant au niveau d'un poste frontalier fermé. En fait, ce mutant, indien ou autre, n'est détectable qu'à l'issue de l'opération de séquençage qui se fait uniquement à l'Institut pasteur". Son analyse s'appuie sur la thèse basée sur l'examen des périodes de découverte de ce variant en Inde le 5 octobre 2020 et son entrée en Europe. Pour lui, "la suspension de toute liaison avec l'étranger a été plus que bénéfique pour le pays, mais entre le 5 octobre et la période précédant la décision de la fermeture officielle des frontières, combien étaient-ils les ressortissants algériens rentrés au pays à partir des capitales européennes". Cette déclaration appartenant au président de la Société algérienne d'immunologie laisse croire qu'il n'y a pas eu suffisamment d'enquêtes épidémiologiques et d'opérations de séquençage pour remonter au cas zéro du variant indien. "L'Institut Pasteur a juste confirmé la circulation de ce variant en Algérie. Les personnes qui ont contaminé les six malades dans la wilaya de Tipasa n'ont pas bénéficié de séquençage. Qui les a donc contaminés ?", déplorera-t-il. Le Pr Djenouhat regrettera au passage l'absence de séquençage massif et l'absence de chiffres liés au nombre de prélèvements de Covid positifs passés au "scanner" de l'IPA. À ce titre, l'immunologue de l'EPH de Rouiba a tenu à lancer un appelurgent à l'effet de renforcer le séquençage, en réactivant cette activité au niveau des annexes de l'Institut Pasteur à Oran, M'sila, Constantine, ainsi qu'au niveau des laboratoires des hôpitaux. "Le renforcement du séquençage du virus va permettre d'avoir une meilleure visibilité sur la circulation des variants en Algérie. Il y a des labos d'hôpitaux qui font cette activité de séquençage, mais à d'autres fins", expliquera encore le Dr Kamel Djenouhat. Plus loin, il soutiendra qu'aucune étude n'a encore confirmé la virulence du variant indien qui a accéléré la transmissibilité à New Delhi au point de recenser plus de 400 000 contaminations en 24 heures. "Cette situation pandémique affligeante en Inde s'explique par l'inobservance des mesures barrières sanitaires, notamment lors de leurs fêtes religieuses qui sont nombreuses." Alors, l'infectiologue Aït Ali Slimane Amar de l'hôpital El-Kettar a bien nuancé ses propos en soulignant que la situation n'est pas aussi alarmante dans les hôpitaux. "Mais si ça persiste, nous serons contraints de rouvrir d'autres services pour le Covid qui étaient refermés à la faveur du ralentissement de la pandémie. Si les citoyens continuent à faire fi des mesures sanitaires, il y aura une flambée des contaminations et les nouveaux variants risqueront de supplanter les contaminations par le Sars-coV-2", avertira le Dr Aït Ali Slimane.