Symbolisée par des doublés de Sancho et de Haaland, la classe individuelle des stars de Dortmund a eu raison de la force collective du RB Leipzig, balayé 4-1 jeudi en finale de la Coupe d'Allemagne. Privés de leurs fans par le huis clos, les Jaune et Noir n'en ont pas moins livré un match presque parfait, quasiment plié à la pause. Ils ont étouffé le RB Leipzig de Julian Nagelsmann, dont la possession de balle (61%) s'est avérée totalement stérile. Le Borussia succède au palmarès au Bayern Munich, éliminé cette saison dès les 16es de finale. Dans l'immense stade olympique de Berlin (75 000 places) qui sonnait bien vide, le Borussia menait 3-0 à la mi-temps! Et l'équipe dirigée par le coach intérimaire Edin Terzic, qui a repris le flambeau après la limogeage de Lucien Favre en décembre, avait retrouvé pour un soir son ADN de formation conquérante et audacieuse, qu'elle semblait avoir perdu depuis quelques années. Jadon Sancho, le feu follet anglais de 20 ans, a ouvert la marque dès la 5e minute. Au bout d'un contre initié par le capitaine Marco Reus, qui avait gratté un ballon en milieu de terrain, Sancho a hérité du ballon dans la surface. Mal pressé par Nordi Mukiele, il a trouvé l'espace pour marquer presque sans élan d'un ballon enroulé du droit (1-0, 5e). Peu après, Erling Haaland a doublé la mise d'un autre but somptueux. Lancé en diagonale dans la surface par Marco Reus, le jeune Norvégien a déséquilibré Dayot Upamecano d'un dribble du droit, avant de changer de pied pour piquer du gauche un ballon au dessus du gardien dans l'angle opposé. La classe pure! (2-0, 28e). La foudre est tombée quelques secondes avant la pause : sur un contre, Reus — absolument éblouissant dans cette finale, — a embarqué sur la gauche le gardien et un défenseur avant d'offrir le but à Jadon Sancho (3-0, 45e+1). Julian Nagelsmann, l'entraîneur star de 33 ans qui a signé au Bayern Munich pour la saison prochaine, ne pouvait pas rester sans réaction. Les entrées de Yussuf Poulsen et Christopher Nkunku en attaque à la pause, puis d'Emil Forsberg à l'heure de jeu, ont effectivement changé la dynamique du match, et le RB s'est enfin créé des occasions. Nkunku a touché la barre 45 secondes après la reprise, et Forsberg le poteau à la 71e, quelques secondes avant le but de Dani Olmo (3-1, 71e), qui a (re)mis du baume au cœur aux Saxons, à 20 minutes de la fin. Mais la défense de Dortmund a tenu bon, et sur un énième contre, Haaland servi par Sancho a cloué le cercueil à la 87e minute (4-1), d'un tir un peu chanceux où il a perdu l'équilibre, prenant à contre pied le gardien Peter Gulacsi. Pour Leipzig et Nagelsmann, qui espéraient remporter l'un et l'autre leur tout premier trophée, la désillusion est douloureuse. Mais cette démonstration replace surtout Dortmund sur la carte du football allemand. Ceux qui pensaient que Leipzig — quasi assuré de la deuxième place en Bundesliga cette saison — s'était définitivement octroyé le statut de «deuxième grand d'Allemagne» derrière le Bayern devront déchanter. Dans les confrontations directes, les Saxons n'ont plus battu Dortmund depuis octobre 2017, soit une série de huit matchs (six victoires du Borussia et deux nuls). Le club de la Ruhr avait remporté son dernier titre en 2017, déjà la coupe d'Allemagne. Son entraîneur était alors Thomas Tuchel, parti ensuite au Paris SG et à Chelsea, avec qui il disputera le 29 mai la finale de la Ligue des champions. Pour Leipzig, cet échec est le deuxième en finale de la Coupe, après une défaite 3-0 contre le Bayern Munich en 2019.