La grande famille du cin�ma et du th��tre alg�riens a rendu un dernier hommage, hier, au Palais de la culture Moufdi-Zakaria, au regrett� Larbi Zekkal, subitement d�c�d�, la veille, dans son domicile � Alger. Ils �taient tous l�, en effet, com�diens et com�diennes, r�alisateurs, metteurs en sc�ne de th��tre et autres techniciens anonymes pour cet ultime hommage... Tous �taient profond�ment �mus et pein�s par cette disparition brutale � laquelle personne ne s�attendait. Ils n�arrivaient toujours pas � croire que l�un des leurs, un com�dien charismatique, soit parti vers un monde meilleur de fa�on aussi tragique. Car, avec la perte de Larbi Zekkal, c�est un pan de la culture et de la m�moire cin�matographique et th��trale qui s�en est all�. Une immense perte, la figure embl�matique de l�artiste ayant pratiquement accompagn� le cin�ma et le th��tre alg�riens depuis les ann�es cinquante jusqu�� aujourd�hui. Cet hommage a donc �t� particuli�rement �mouvant, l�absence du public et des officiels ayant encore plus fait ressentir � tous ces artistes combien ils �taient seuls. Oui, comme si chacun �tait seul au monde, mais pour une fois rassembl�s par une dure �preuve. Beaucoup ont d�ailleurs laiss� couler leurs larmes... Ils se sont sentis orphelins, la perte soudaine de leur a�n� Larbi Zekkal les a compl�tement d�sarm�s. Elle leur a surtout rappel� leurs difficiles conditions socioprofessionnelles dans un pays o�, cin�ma, th��tre et production audiovisuelle sont marginalis�s. Avec une pointe d�humour noir, certains de ces artistes rel�vent qu�ils ne sont rassembl�s, d�sormais, que lors de l�enterrement de l�un des leurs. Et de rappeler, r�volt�s, qu�aucun club des artistes, aucune association, a fortiori, aucun statut... ne permettent aux artistes alg�riens de se sentir exister, produire et �tre reconnus � leur juste valeur. Pis encore, ils estiment que la production audiovisuelle et de th��tre, les spectacles... se r�duisent comme peau de chagrin. Au fond, ils en ont tous gros sur le c�ur, convaincus d��tre victimes d�une hogra qui ne dit pas son nom. Une marginalisation d�autant plus douloureuse que les moyens existent. Ils ne comprennent d�ailleurs toujours pas comment on en est arriv� � faire appel � des com�diens et techniciens �trangers, � financer des productions �trang�res avec l�argent du contribuable pour des produits destin�s au public alg�rien. Sans oublier tous ces festivals avec des �stars� �trang�res en t�te d�affiche, r�mun�r�es en devises fortes... Pendant ce temps, l�artiste alg�rien ch�me, vivote, se sent comme un intrus. H�las, nul n�est proph�te en son pays. Il y a malheureusement des artistes plus sensibles que d�autres, plus fragiles, qui ne peuvent plus supporter l�humiliation et le m�pris. Ils finissent par craquer. La disparition de Larbi Zekkal vient nous rappeler la triste r�alit� de tous ces hommes et ces femmes qui, la mort dans l��me, se retrouvent r�duits � r�ver le cin�ma et le th��tre alg�riens � d�faut de les vivre. Hocine T. Larbi Zekkal, de la troupe du FLN � Hors la loi Le com�dien Larbi Zekkal, d�c�d� vendredi � Alger � l'�ge de 76 ans, est n� le 19 mai 1934 � Alger. Le d�funt a d�but� dans le th��tre dans les ann�es 1950 avant de tourner dans la majeure partie des r�alisations cin�matographiques apr�s l'ind�pendance. Il a interpr�t� avec brio des r�les dans plusieurs films consacr�s � la guerre de Lib�ration nationale, dont La Bataille d'Alger, L'opium et le b�ton, Chronique des ann�es de braise, Le vent du sud, et bien d'autres comme L'honneur de la tribu, Moissons d'acier, De Hollywood � Tamanrasset et Fatima, l'Alg�rienne de Dakar. Il a �galement jou� dans au moins une vingtaine de pi�ces de th��tre et avait m�me �t� assistant de metteur en sc�ne de la pi�ce Hia qalet ouana qolt (Elle a dit et moi j'ai dit). De par sa forte personnalit� et ses qualit�s de com�dien hors pair, Larbi Zekkal s'est distingu� dans plusieurs pi�ces de th��tre dont La mort d'un commis voyageur et La r�gle et l'exception. La ministre de la Culture, Mme Khalida Toumi, a adress� un message de condol�ances � la famille du d�funt. �Larbi Zekkal, forte personnalit�, a fait preuve d'une grande modestie durant toute sa vie. Affable et sensible, il recevait les compliments en toute humilit� alors qu'il avait c�toy� les plus grands r�alisateurs alg�riens et �trangers, qu'il �tait connu et ador� de tous les t�l�spectateurs et tous les amateurs des planches�, �crit Mme Toumi dans son message. �Com�dien inlassable et talentueux, il a encha�n� les r�les sans discontinuit� et toujours avec succ�s � partir des ann�es cinquante, depuis la troupe artistique du FLN jusqu'� sa derni�re apparition � l'�cran dans le film de Rachid Bouchareb Hors la loi�, rappelle Mme Toumi. �Avec lui, l'Alg�rie perd un de ses enfants illustres qui l'a aim�e, respect�e et servie jusqu'� son dernier souffle�, conclut Mme Toumi.