Après la dernière grève ayant paralysé durant trois jours les établissements scolaires, le ministère de l'Education nationale, suite à une instruction du chef de l'Etat, Abdelmadjid Tebboune, a entamé, hier, un cycle de rencontres avec les syndicats du secteur, en vue de trouver des solutions aux problèmes qui se posent et permettre ainsi à l'école d'évoluer dans un climat de stabilité. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Le ministre, qui a reçu, hier, les premiers responsables syndicaux, s'est contenté de demander à ses interlocuteur de faire leurs propositions, dans le cadre de la prochaine révision du statut particulier. «La rencontre a eu lieu sur invitation du ministère. On nous a expliqué sur place qu'elle est programmée suite à l'instruction du président de la République, qui a donné son feu vert, lors de la réunion du Conseil des ministres, pour la révision du statut particulier. Les responsables du ministère, à leur tête le ministre, nous ont demandé de faire des propositions concernant les mécanismes de cette révision», a affirmé Messaoud Boudiba, porte-parole du Cnapeste, dans une déclaration au Soir d'Algérie, à l'issue de la rencontre. Comprendre : à ce stade, le ministère n'a pas de solution à cette question qui préoccupe le personnel de l'éducation depuis plusieurs années. Selon notre interlocuteur, la tutelle a opté pour les rencontres bilatérales avec les syndicats comme point de départ. Messaoud Boudiba a souligné que son syndicat refuse une révision partielle du texte, plaidant pour une refonte globale et profonde du statut particulier. Et de préciser que le Cnapeste réunira son conseil national où la question sera abordée, et les propositions de l'organisation seront adoptées. Elles seront transmises par la suite au ministère. Toutefois, notre interlocuteur estime que le dossier prioritaire pour le moment est le pouvoir d'achat des travailleurs qui s'est détérioré de manière spectaculaire ces derniers temps, avec des salaires précaires et une inflation galopante. «La question prioritaire est la révision du régime indemnitaire non revu depuis 2010. C'est prioritaire, car c'est avec ça que nous allons régler les problèmes sociaux liés au pouvoir d'achat», nous-a-t-il expliqué. Ces rencontres entre les responsables du ministère de l'Education nationale et des représentants des syndicats ne serviront à rien, estiment certaines organisations syndicales, qui soutiennent que la satisfaction des revendications des travailleurs dépasse les prérogatives de la tutelle. Coalisés autour d'une coordination, 13 syndicats autonomes se réuniront aujourd'hui pour examiner la situation du secteur et aborder ces rencontres bilatérales avec le ministère. «Nous allons rencontrer le ministre même si nous savons qu'il n'a aucun pouvoir pour répondre aux problèmes posés », nous affirme le président du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef), Boualem Amoura. Ce syndicat, l'un des plus puissants qui activent dans le secteur, est invité au ministère pour le 27 mai. Il s'interroge, par ailleurs, pourquoi la tutelle étale les réunions avec les syndicats sur 20 jours, alors que l'ordre du jour est le même. Il considère que cette option traduit une fuite en avant du ministère qui «veut gagner du temps», craignant que ce cycle soit sanctionné par l'échec comme par le passé. Notre interlocuteur évoque également une crise de confiance entre les syndicats et la tutelle, en raison des promesses non tenues et de la gestion du secteur. «Nos revendications concernant le pouvoir d'achat et la retraite relèvent de la présidence de la République et non du ministère de l'Education nationale, qui ne peut donner aucune solution», a-t-il dit, appelant le chef de l'Etat à intervenir directement pour améliorer le pouvoir d'achat des personnels. Pour lui, la priorité qui urge est l'amélioration du pouvoir d'achat pour redonner à la profession d'enseignant son lustre d'antan. K. A.