Le dernier camouflet en date est venu du Congrès américain qui a bloqué l'ouverture d'un consulat à Dakhla occupée, en même temps qu'une opération de vente de drones armés. Le Maroc a subi plusieurs coups durs sur le plan diplomatique ces derniers jours concernant le dossier sahraoui, perdant progressivement l'appui des Etats-Unis, affiché, en décembre dernier, par l'ancien Président américain, Donald Trump, et essuyant le refus de pays européens de reconnaître sa prétendue souveraineté sur les territoires sahraouis. Le dernier camouflet en date est venu du Congrès américain qui a bloqué l'ouverture d'un consulat à Dakhla occupée en même temps qu'une opération de vente de drones armés. Une décision qui intervient quelques jours après que le Département d'Etat américain a évoqué un changement d'approche de la part de l'Administration Biden concernant la question sahraouie. En décembre dernier, l'ancien Président américain avait proclamé sa reconnaissance de la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental, en échange de la normalisation des relations entre le Maroc et l'entité sioniste, alliée des Etats-Unis. Selon le quotidien espagnol Lavanguardia, la commission des affaires étrangères du Congrès a remis en cause la nécessité de l'ouverture d'un consulat dans les territoires occupés. Les drones que le Maroc devait acheter aux Etats-Unis entraient également dans le cadre de l'accord passé avec Donald Trump, mais les membres du Congrès américain ont estimé que ces armes technologiquement très avancées « ne devaient pas être mises à la disposition du Maroc ». Quelques jours plus tôt, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a affirmé que son pays ne reconnaissait pas la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental. Elle a expliqué que la position de Moscou vis-à-vis de la cause sahraouie « n'a pas changé ». Elle a précisé que « le règlement définitif du conflit ne saurait être réalisé qu'à travers l'application des décisions pertinentes issues de l'Assemblée générale et du Conseil de sécurité relevant de l'ONU, dans le cadre des mesures conformes aux principes et aux objectifs de la Charte des Nations-Unies ». L'UE et le chantage à la migration Le 10 juin courant, le Parlement européen a adopté une résolution dans laquelle il a critiqué l'utilisation, par le Maroc, de la question migratoire à des fins politiques, en référence au fait que le royaume ait laissé passer, au mois de mai dernier, des milliers de migrants, dont beaucoup de mineurs non accompagnés, vers les territoires espagnols en réaction à l'hospitalisation, en Espagne, du Président sahraoui, Brahim Ghali. Le Parlement européen « rejette l'utilisation par le Maroc des contrôles aux frontières et de la migration, notamment des mineurs non accompagnés, comme moyen de pression politique sur un Etat membre de l'Union, déplore en particulier que des enfants, des mineurs non accompagnés et des familles, aient franchi massivement la frontière entre le Maroc et la ville espagnole de Ceuta, mettant ainsi leur vie et leur sécurité clairement en péril », souligne le texte de la résolution. Il rappelle que « le ministre marocain des Affaires étrangères a reconnu que l'entrée massive de milliers de personnes, dont des enfants, découlait directement du fait que le chef du Front Polisario avait été accueilli en Espagne », et que « dans une déclaration officielle publiée ultérieurement, les autorités marocaines ont indiqué comme raison réelle la position jugée ambiguë de l'Espagne sur le Sahara Occidental ». D'autre part, le Parlement « rappelle que la protection et la sécurité de Ceuta concernent l'ensemble de l'Union européenne, car la ville autonome fait partie de ses frontières extérieures ». APS Le Royaume-Uni pour la légalité internationale Le Royaume-Uni considère le statut du Sahara Occidental comme indéterminé, a indiqué le sous-secrétaire parlementaire aux forces armées britanniques, James Heappey, réaffirmant la position de Londres en faveur de la légalité internationale. « Le ministère de la Défense peut confirmer qu'aucun personnel du Royaume-Uni participant à l'exercice African Lion n'effectuera de formation au Sahara Occidental. Le Royaume-Uni considère le statut du Sahara Occidental comme indéterminé », a indiqué James Heappey dans une réponse écrite à une question du député travailliste Navendu Mishra sur le lieu où se déroule actuellement l'exercice militaire African Lion 2021. Le député travailliste voulait des précisions sur ces manœuvres militaires conjointes et si elles se déroulaient au Maroc ou au Sahara Occidental occupé. En toile de fond, une manœuvre politique ratée L'exercice African Lion 2021 organisé en partenariat avec le Maroc a débuté le 7 juin et se poursuivra jusqu'au 18 de ce mois à la base aérienne de Kenitra au nord, à Tan-Tan et au complexe d'entraînement de Grier Labouihi sur les territoires marocains. Les Etats-Unis, l'Italie, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, le Canada, le Brésil, la Tunisie et le Sénégal participent à ces manœuvres militaires. L'Espagne a décidé de sécher l'édition 2021 de cet exercice en raison des relations tendues avec Rabat, après l'afflux de milliers de migrants marocains dans l'enclave de Ceuta. Malgré les pressions du Maroc, le gouvernement espagnol a refusé d'emboîter le pas à l'ancien Président américain Donald Trump, qui a reconnu la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental, réaffirmant son attachement à la légalité internationale. Peu avant le début de ces manœuvres militaires, le Commandement des Etats-Unis pour l'Afrique (Africom) a précisé dans un communiqué que l'exercice African Lion aura lieu uniquement à travers le Maroc, de la base aérienne de Kenitra, au Nord, à Tan-Tan et au complexe d'entraînement de Guerir Labouhi au Sud, soit dans les frontières internationalement reconnues du royaume. Africom a exclu les territoires sahraouis occupés dans un démenti cinglant au chef du gouvernement marocain, Saâd Eddine El Othmani, qui dans un tweet avait avancé que cet exercice qui aura lieu en partie à Mahbes et près de Dakhla occupés consacrait la reconnaissance américaine de la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental. L'édition 2021 d'African Lion —annulée en 2020 pour cause de pandémie — a réuni 7 000 soldats de neuf pays. Le coût de ces exercices s'élève à 28 millions de dollars. R. I./APS