Les choses s'accélèrent : le président de la République nomme un nouveau Premier ministre. Aïmen Benabderrahmane succède à Abdelaziz Djerad, comme nous l'annoncions d'ailleurs dans une précédente édition. Un choix motivé par la nature économique des défis qui attendent le pays. Des dossiers que le Premier ministre connaît bien, aux dires de Abdelmadjid Tebboune. Première mission pour le désormais ex-ministre des Finances : poursuivre les consultations en vue de la formation d'un gouvernement au plus tard au courant de la semaine prochaine. Les partis politiques ayant pris part aux législatives ont déjà eu à présenter une liste de cadres «ministrables» en attendant de voir sur quelle composante débouchera finalement ce casting auprès de la classe politique et de la société civile. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - C'est finalement Aïmen Benabderrahmane qui conduira le gouvernement post-élections législatives. Il devra avoir été formé «au plus tard la semaine prochaine», selon le souhait exprimé par le président de la République qui estime que «le vide n'est pas bon». La présidence de la République a en effet rendu public, hier, un court communiqué dans lequel il est dit qu'«en vertu des dispositions de la Constitution, notamment l'article 91, les alinéas 5 et 7, le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a nommé aujourd'hui M. Aïmen Benabderrahmane Premier ministre, en le chargeant de poursuivre les consultations avec les partis politiques et la société civile pour la formation du gouvernement dans les meilleurs délais». Quelques jours après avoir entamé des consultations politiques avec les partis vainqueurs des dernières législatives, le chef de l'Etat a choisi le successeur de Djerad. Le choix s'est porté sur une personnalité ayant déjà eu à occuper des postes de responsabilité. Aimen Benabderrahmane a occupé le poste de gouverneur de la Banque d'Algérie avant celui de ministre des Finances. En recevant hier Aïmen Benabderrahmane, le chef de l'Etat a motivé son choix par les défis de la période à venir qui, dit-il, sont «économiques». S'adressant au Premier ministre, il lui dira qu'il aura à gérer des dossiers dont il est déjà «au fait» et qu'il ne doutait pas de sa capacité à en réussir la gestion. Habitué à la sphère économique, c'est sur un autre terrain que le nouveau Premier ministre est désormais attendu, dans un premier temps. Il a pour première mission de former un gouvernement qui prenne en compte la très modeste restructuration de l'équilibre des forces, notamment au sein du Parlement fraîchement élu. Avec un FLN en tête qui ne cache pas ses ambitions mais également des «indépendants» qui espèrent peser sur l'échiquier politique et des islamistes plus que jamais divisés, le nouveau Premier ministre aura la lourde tâche de faire le savant dosage qui permette à l'Exécutif d'avoir un minimum de cohérence. Hormis le MSP qui a tourné le dos à la proposition de rejoindre le gouvernement, les autres formations politiques s'y préparent. Elles sont nombreuses à avoir déjà préparé les listes de «projets de ministres». Il faudra néanmoins qu'elles attendent de savoir quel portefeuille ministériel elles pourraient obtenir mais surtout combien puisque les partis politiques espèrent tous non seulement un plus grand nombre de postes mais surtout les postes dits souverains et non pas ceux pour lesquels il suffit de faire de la figuration. Il s'agira surtout de former un gouvernement qui aura la charge de gérer les affaires du pays dans une conjoncture économique toujours aussi difficile. Les défis sont aussi nombreux que les attentes. L'Exécutif devra traduire par les actes le changement promis par le président de la République. Pour ce faire, une seule ligne de conduite envisagée : la concrétisation du programme présidentiel. Au sortir de sa rencontre hier avec Abdelmadjid Tebboune, le Premier ministre a d'ailleurs déclaré que cette mission figurait parmi les priorités de son gouvernement qui, dit-il, œuvrera à l'«application réelle du programme du Président, ce qui va marquer la relance économique dont les prémices commencent à se dessiner à l'horizon». Les ministres qui seront appelés à rejoindre le gouvernement savent d'ores et déjà à quoi s'en tenir... N. I. L'homme au fait des dossiers Moins de deux ans après avoir été introduit dans la vie institutionnelle, lorsqu'à la mi-novembre 2019, il a été nommé au délicat poste de gouverneur de la Banque d'Algérie, Aïmen Benabderrahmane se voit chargé donc de présider aux destinées du deuxième gouvernement de l'ère Abdelmadjid Tebboune. Une véritable charge que ce poste de chef du gouvernement par ces temps où les questions économiques, eu égard à l'extrême dureté de la conjoncture, ont pris une dimension peut-être jamais atteinte. C'est peut-être la raison majeure ayant commandé au président de la République l'intronisation d'un économiste, spécialiste des questions financières, à la tête de l'Exécutif. Ce n'est évidemment pas une mince affaire à laquelle doit s'atteler le nouveau Premier ministre, même si celui-ci n'aura pas à perdre du temps pour apprécier, voire remettre en question ce qui a été accompli et surtout ce qui ne l'a pas été pour relancer l'économie du pays, bien que la voie à suivre a été clairement montrée à travers le plan 2020-2024 qui, il faut le dire, a pris des allures chimériques tant sur de nombreux dossiers, ça donne plus l'air de patiner qu'autre chose. En sa qualité de dernier homme en charge des finances du pays, Aïmen Benabderrahmane a l'avantage de savoir de quoi il en retourne sur tous les plans. La maîtrise des lourds dossiers en relation avec l'économie gagne, en fait, un atout avec cette nomination qui, dans une large mesure, devrait conforter les opérateurs économiques en attente de vraies réformes, des réformes à mettre en pratique sans tergiversations comme jusque-là au point de mettre en doute les intentions déclarées de rénover la maison Algérie sur le plan économique. M. Azedine Qui est Aïmen Benabderrahmane Le nouveau Premier ministre, Aïmen Benabderrahmane, qui a pris hier ses fonctions suite à sa nomination par le président de la République en remplacement de M. Abdelaziz Djerad, a occupé plusieurs postes-clés dans le secteur des finances durant les 30 dernières années. Né le 30 août 1966 à Alger, M. Benabderrahamane occupait le poste de ministre des Finances depuis le 23 juin 2020 après avoir été gouverneur de la Banque d'Algérie depuis novembre 2019. En fonction depuis 1991 dans le secteur financier, M. Benabderrahmane a entamé sa carrière au ministère des Finances au sein duquel il a été successivement inspecteur des finances au niveau de l'Inspection générale des finances (1991-2000), inspecteur général des finances en 2004 et inspecteur général des finances en chef en 2006. De décembre 2001 à mars 2010, M. Benabderrahmane a occupé le poste de directeur-adjoint du contrôle au sein de l'Inspection générale des finances. Il a, par la suite, été désigné comme chef de division censeur de la Banque d'Algérie de 2010 à 2019, puis gouverneur de cette institution de novembre 2019 à juin 2020. M. Benabderrahmane est diplômé de l'Ecole nationale d'administration d'Alger, option économie et finances, et titulaire d'un magister en sciences économiques et financières ainsi que de divers diplômes et certificats en management et audit. Il prépare actuellement un doctorat en sciences économiques. Il a été chargé par le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, de poursuivre les consultations avec les partis politiques et la société civile pour la formation du gouvernement «dans les meilleurs délais». APS