La situation sanitaire en Algérie s'est nettement détériorée ces derniers jours. Un constat partagé par le ministre de la Santé et les membres du Comité scientifique chargé du suivi de l'épidémie. La vitesse de propagation du virus n'a, paraît-il, jamais autant inquiété les spécialistes. Les acteurs de la riposte estiment que la vaccination à grande échelle représente la seule alternative susceptible d'écarter la menace d'une troisième vague qui s'annonce bien plus ravageuse. L'Algérie s'apprête à réceptionner quatre millions de doses de vaccin supplémentaires au cours du mois de juillet, en vue de casser la chaîne de transmission du virus, affirment-ils. Massiva Zehraoui - Alger (Le Soir) - C'est une situation on ne peut plus critique qu'ont dépeinte, jeudi dernier, les représentants du ministère de la Santé, lors d'une journée d'étude consacrée à l'évolution de la Covid-19 en Algérie. Le ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, estime qu'étant donné le peu d'options qui s'offrent au monde en termes de lutte contre ce virus « mortel », « la vaccination à large échelle demeure le traitement le plus efficace ». Il conviendra que le début de la campagne nationale de vaccination a été, certes, poussif, mais que six mois plus tard, la donne n'est plus la même. Nous avons les quantités suffisantes pour répondre à la demande, en sachant que l'acquisition des vaccins n'est plus un problème. « J'invite d'ailleurs les citoyens à balayer toute réticence et aller se faire vacciner dès que possible », a-t-il souligné. Il a, en outre, fait savoir que son département compte déployer tous les moyens nécessaires pour étendre et multiplier les opérations de vaccination. « Nous préconisons, à ce titre, d'octroyer un quota de vaccin aux mosquées afin de le dispenser sur place à ceux qui le souhaitent », précise-t-il. Dans le même registre, des accords ont été signés entre le ministère de la Santé et six autres départements ministériels dans l'optique de « vacciner leurs personnels ». S'adressant aux plus sceptiques, Abderrahmane Benbouzid garantit la fiabilité des vaccins réceptionnés par l'Algérie. Preuve en est, dit-il, « les personnes vaccinées contre la Covid-19 n'ont jusque-là laissé paraître aucun effet secondaire grave ». Naturellement, il arrive que certains ressentent une douleur ou de la fièvre, chose qui est tout à fait normale après inoculation de tout type de vaccin, rassure-t-il. Parlant d'un éventuel retour à des mesures plus strictes de confinement, Abderrahmane Benbouzid espère ne pas en arriver à ce stade, en signifiant, par ailleurs, que la décision finale reviendra au Premier ministre. C'est pourquoi il est nécessaire, d'après lui, de sensibiliser la population au danger actuel, en l'invitant à respecter les gestes barrières, tout en pensant à aller se faire vacciner sans plus attendre. Le nombre quotidien des contaminations ne reflète pas la réalité Le docteur Djamel Fourar, qui est membre du Comité de suivi de l'évolution de l'épidémie, a avoué en marge de cette conférence qu'il y a bien une sous-déclaration du nombre des contaminations. Cela revient au fait que les personnes infectées par le virus ne sont pas systématiquement toutes déclarées, dans la mesure où même en effectuant le test, elles s'isolent chez elles et ne se présentent pas au sein des structures sanitaires. « Il s'agit, pour la plupart, de cas ne développant pas de complications liées à la maladie», précise-t-il. Djamel Fourar rappelle qu'il existe actuellement 100 laboratoires à l'échelle nationale chargés d'effectuer des tests et déclarer les cas positifs. Evaluant la situation sanitaire à l'heure actuelle, ce membre du Comité scientifique se montre tout aussi alarmé que ses confrères. Outre la vitesse étonnante à laquelle se propage le virus, le nombre de décès causés par la Covid-19 a sérieusement augmenté. « C'est à partir de cela qu'on peut évaluer la dangerosité d'une maladie », relève-t-il. Avec une moyenne de 11 à 12 décès par jour, l'alerte est maximale. Pression grandissante sur les hôpitaux Le nombre de décès augmente et le taux d'occupation des lits également, a laissé entendre Lyes Rahal, directeur général de l'Institut national de santé publique (INSP). Il déplore que la gravité de la situation se soit de nouveau répercutée sur les autres malades dont les rendez-vous ont été ajournés pour la majorité. Cela dit, les services qui accueillent les cancéreux, les femmes enceintes ainsi que les urgences médico-chirurgicales ont été épargnés, car ces cas nécessitent une prise en charge rapide et régulière. Lyes Rahal a, par ailleurs, nié le manque d'oxygène dans certaines structures, expliquant qu'il n'y a pas eu diminution, et que c'est le nombre de personnes hospitalisées qui a augmenté. Il rappelle, au passage, que les lits de réanimation ne sont pas tous occupés par des malades de Covid-19. M. Z