Les complications induites par une grande propagation du variant Delta a poussé le corps médical à adapter quelque peu la prise en charge des patients. Une grande majorité d'entre eux arrivent en consultation avec des problèmes respiratoires, d'où un grand recours à l'oxygénothérapie. L'usage des antibiotiques mais également des corticoïdes explose. Pas toujours à bon escient, assurent des spécialistes. Pour codifier la prise en charge des patients, le ministère de la Santé actualise le protocole thérapeutique en rappelant les règles de bonne conduite, notamment en matière d'oxygénothérapie. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Encore une mise à jour du protocole thérapeutique dédié à la prise en charge des patients Covid-19. Le ministère de la Santé actualise les données qui seront synthétisées sous forme d'une note qui sera adressée à l'ensemble de structures de santé. Hier, elle était encore en cours de rédaction alors que dans différentes structures de santé, les comités scientifiques étaient réunis pour justement discuter de la prise en charge des patients. Le protocole thérapeutique évoqué lundi par le ministre de la Santé vise à unifier la démarche à suivre face à un patient Covid-19, qu'il soit suivi dans le secteur public ou dans le privé. Depuis le début de l'épidémie, plusieurs notes relatives à la conduite à tenir avaient été élaborées, à commencer par le tout premier traitement administré, à savoir la chloroquine. L'évolution de la situation épidémiologique marquée par l'apparition des nouveaux variants a imposé, au fil des mois, une adaptation des protocoles à suivre. Depuis le début du mois de juillet, l'augmentation des formes sévères a imposé l'oxygénothérapie comme alternative aux problèmes respiratoires auxquels sont confrontés beaucoup de patients. L'état des malades nécessite également la prescription d'antibiotiques mais également de corticoïdes, pas toujours à bon escient, affirme le Dr Mohamed Yousfi, président de la Société algérienne d'infectiologie. Il affirme qu'«actuellement, il existe un protocole qui n'est pas scrupuleusement respecté». Cela crée ce qu'il qualifie d'«anarchie médicale» à laquelle il faut mettre un terme. «Des médecins bombardent des patients d'antibiotiques et les renvoient chez eux ou, encore pire, de corticoïdes. Il s'agit également de mettre un terme à l'automédication. Certains malades en sont arrivés à prendre des anticoagulants sans prescription médicale», dit-il, expliquant que le protocole thérapeutique élaboré permettra d'actualiser la marche à suivre puisque, dit-il, «actuellement, il y a des directives qui sont claires, d'autres éparpillées et pour clarifier les choses, notamment le circuit du malade - quand est-ce qu'il doit être hospitalisé ou renvoyé a la maison ? Que doit-il recevoir ?- il était important d'actualiser les directives et de les rassembler en une seule note, d'autant que depuis plusieurs mois, il n'y avait plus eu de rappel de la conduite à suivre». Pour le Dr Bekkat Berkani, président de l'Ordre des médecins, le ministère de la Santé est «dans son rôle », rappelant néanmoins que les directives doivent être « en accord avec les principes scientifiques qui sont édictés par des recherches qui sont en constante évolution. Les praticiens du secteur public ont besoin d'avoir une conduite à tenir pour éviter les complications et faire éviter le cap difficile aux malades. Il s'agit là de montrer des orientations dans un contexte marqué par le manque d'oxygène puisqu'il n'y a aucun médicament qui a pu être inventé pour stopper le Covid-19 ». Il y a quelques jours à peine, le ministère de la Santé avait envoyé aux structures de santé une instruction relative à « l'oxygénothérapie dans la prise en charge des malades Covid-19 », dans laquelle il est dit que « suite à l'augmentation du nombre de malades atteints de formes graves de Covid-19 ayant eu comme conséquence une surconsommation d'oxygène, il a été constaté souvent une utilisation de l'oxygène non adaptée au niveau de gravité de la maladie». Il y rappelle que «l'oxygène est un médicament et son administration est soumise à une prescription médicale», tout en informant les équipes médicales de la mise en place de «directives pour le bon usage de ce produit vital». N. I.