La cadence infernale des contaminations au Covid-19 a mis en alerte professionnels de la santé et pouvoirs publics. Les équipes médicales mènent de véritables batailles pour la prise en charge de malades de plus en plus dépendants d'oxygène médical alors que les pouvoirs publics misent tout sur la campagne de vaccination. Une course contre la montre est engagée pour éviter l'effondrement du système de santé. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Toutes les projections des spécialistes ont fini par se réaliser : la virulence des nouveaux variants a eu un impact significatif sur la courbe des contaminations. Les bilans qui ne cessent d'enregistrer de records au quotidien ne sont que la face visible d'une tragédie qui se joue au niveau des structures de santé avec une grande tension sur l'oxygène médical. Du jamais vu dans les structures de santé avec des besoins multipliés par cinq dans les plus grands hôpitaux. Une course contre la montre est engagée non seulement pour augmenter les capacités de production mais surtout organiser l'acheminement de ce produit vital à temps pour éviter les drames quotidiens. Dans une récente instruction relative à « l'oxygénothérapie dans la prise en charge des malades Covid-19 », le ministère de la Santé note que « suite à l'augmentation du nombre de malades atteints de formes graves de Covid-19 ayant eu comme conséquence une surconsommation d'oxygène, il a été constaté souvent une utilisation de l'oxygène non adaptée au niveau de la gravité de la maladie ». Il y rappelle que « l'oxygène est un médicament et son administration est soumise à une prescription médicale » tout en informant les équipes médicales de la mise en place de « directives pour le bon usage de ce produit vital ». De nombreux praticiens ont également pris la parole pour avertir contre l'usage anarchique de l'oxygénothérapie. La panique induite par la hausse des formes sévères a en effet poussé un grand nombre de personnes à acquérir du matériel médical pour un usage à domicile sans toujours maîtriser son usage. Autre conséquence de l'augmentation des cas sévères, une véritable course à l'acquisition des concentrateurs d'oxygène et des bouteilles. Face à la détresse des particuliers mais également du personnel de la santé, la solidarité s'organise. La société civile s'est mobilisée afin de collecter et d'acquérir du matériel. Une mobilisation qui se fait parfois de manière anarchique mais qui a permis de sauver des vies dans de nombreuses wilayas où l'oxygène médical a cruellement manqué. Sur un autre front, la bataille de la vaccination massive est en train d'être menée avec une multiplication des centres de vaccination. Au niveau local, les campagnes s'intensifient pour tenter de toucher un maximum de personnes. Si l'opération ne se passe pas toujours dans les meilleures conditions, l'engouement y est après de longs mois d'hésitation. Le directeur de l'Institut Pasteur rassure sur la disponibilité des vaccins assurant qu'un contrat avait été conclu avec le partenaire chinois pour la fourniture de 17 millions de doses de vaccin Sinovac, à raison de 5 millions de doses par mois. Au total, l'Algérie a pu acquérir 8 millions de doses. En dépit de l'accélération de la cadence, l'objectif de vacciner au moins 70% de la population prendra de nombreux mois. C'est dire que la guerre contre le Covid-19 nécessite encore de gagner la bataille de la vaccination mais également celle de la gestion d'une des périodes les plus critiques qu'aura connue le système de santé. N. I.