Ayant quitté la barre technique de la JS Kabylie précipitamment, suite à sa mise à pied par la direction du club, Denis Lavagne, le désormais ex-entraîneur des Canaris, publie une lettre dans laquelle il apporte ses vérités en affirmant qu'il n'a jamais été question de boycotter la finale de la Coupe de la Ligue. «Je souhaite dans un premier temps avoir une pensée émue pour toutes les victimes et présenter mes plus sincères condoléances à leurs familles. Je souhaite beaucoup de courage à toutes les personnes qui ont souffert de ces incendies». C'est avec cet hommage qu'il a rendu aux victimes des incendies en Kabylie notamment que Lavagne entame son récit. «C'est aussi par respect à ces personnes que je n'ai pas voulu commenter plus tôt les derniers événements qui se sont déroulés au sein de la JSK, ni tomber dans le dénigrement et les polémiques stériles car vu le drame qu'a vécu la très belle Kabylie, il me semblait que les différends entre Mellal, Lavagne et certains joueurs étaient vraiment futiles. Toutefois, devant la désinformation, le dénigrement, les contrevérités pour ne pas dire la propagande la plus immonde effectuée sur les réseaux sociaux par des personnes très proches de la direction du club, il me semble qu'il est temps de rétablir certaines vérités et de dire exactement ce qu'il s'est exactement passé, poursuit-il avant de donner quelques détails, notamment sur ce qui s'était déroulé la veille et le jour de la finale de la Coupe de la Ligue du 10 août dernier.» «Pour bien comprendre ce qui s'est passé la veille de la finale du 10 août 2021, il faut revenir à la genèse du problème et donc au mois de janvier 2021. En effet, une semaine après mon arrivée au club, les joueurs souhaitaient déjà effectuer une grève pour réclamer les salaires impayés, entre 4 et 10 mois de retard selon qu'ils étaient anciens ou nouveaux arrivés au club. Cette grève n'a pas eu lieu car j'ai su trouver les mots, et par respect pour moi, les joueurs se sont entraînés normalement et ils ont gagné le match du week-end à Tlemcen, victoire qui a lancé notre saison. Toutefois, les joueurs sont restés sans percevoir de salaires jusqu'au mois d'avril, Mellal se contentant de leur promettre semaine après semaine qu'il les payera la semaine prochaine lorsqu'il recevra un chèque d'un des sponsors. Mais en avril 2021, la tension est remontée d'un cran. Toutefois cette tension a baissé du fait de l'arrivée de personnes qui ont amené de l'argent pour payer certaines primes et un salaire. Le reste de la saison (mai, juin/juillet) s'est passé sans grande anicroche, car les joueurs et le staff étaient très motivés par la perspective de jouer 2 finales (coupe de la CAF et de la Ligue). Mais une fois la finale de la CAF jouée, les joueurs, constatant que rien ne s'arrangeait au niveau financier, les retards de salaires et de primes perduraient, les joueurs et l'ensemble du staff (entraîneurs adjoints compris) ont souhaité que la direction du club signe un protocole d'accord où la direction s'engagerait à régulariser les primes de match non payées avant la fin de la saison, soit le 24 août 2021. En effet, les joueurs et le staff souhaitaient que les promesses orales de Mellal deviennent pour une fois dans la saison des certitudes écrites (les paroles volent, les écrits restent), à aucun moment, il n'a été question de boycotter la finale et aucun chantage n'a été exercé sur la direction. En effet, les joueurs étaient tous conscients, de l'importance de gagner cette finale pour ne pas rater l'occasion de rentrer dans l'histoire de la JSK en donnant un 28e titre au club après lui avoir redonné son lustre africain en atteignant la finale de la Coupe de la CAF. D'ailleurs, le comportement exemplaire des joueurs lors de la finale le prouve, ils n'ont rien lâché et ont tout donné pour égaliser dans les dernières secondes du match et donner un titre que les millions de fans attendaient depuis 10 ans, souligne Lavagne qui nie tout chantage. Demander des garanties de payement des primes des matchs gagnés sur le terrain pour redorer l'image de la JSK ne peut être considéré comme du chantage, la CNRL et la Fifa confirmeront que les joueurs et les entraîneurs sont dans leur bon droit. Pour ma part, concernant les deux mois de salaires que je n'ai toujours pas reçus à ce jour, j'ai demandé à mon avocate de prendre contact avec la direction, puis la Fifa si nécessaire» ? Lavagne va plus loin en affirmant que «45 minutes avant le match, soit au moment de commencer l'échauffement, les joueurs n'avaient toujours pas reçu leurs équipements (maillots, shorts, chaussettes) de match et qu'une fois les équipements arrivés, il manquait le maillot et le short de Walid Bencherifa. Ce dernier ne récupéra son équipement que 15 minutes avant le match. Chacun interprétera cette information comme il voudra, mais je peux vous certifier que cet événement a beaucoup plus perturbé la préparation des joueurs que la signature du protocole d'accord». Quant à ce qui s'est déroulé à la reprise des entraînements le 12 août, Lavagne affirme qu'après avoir reçu sa lettre de mise à pied le mercredi 11 août. Il s'est rendu le lendemain au stade du 1er-Novembre pour récupérer ses affaires personnelles dans le vestiaire du staff technique. «Le début de l'entraînement étant programmé à 18h30, je me suis rendu au stade à 19h pour éviter de croiser qui que ce soit. Malheureusement, arrivé sur place, les joueurs ayant refusé de s'entraîner, des personnes dont le président Mellal se trouvaient devant l'entrée du vestiaire. Après avoir salué l'entraîneur des gardiens Omar Hamenad, lui aussi mis à pied par le club, Mellal m'a signifié que je ne pouvais pas rentrer dans le vestiaire, j'ai alors pris mon téléphone pour appeler mon agent pour lui faire part de la situation et à ce moment-là, le président Mellal a commencé à m'insulter, me traitant de «fils de...», et pensant que j'enregistrais ses propos, il m'a carrément arracher le téléphone des mains. Devant cette situation, deux options s'offraient à moi, soit tomber dans la violence verbale et physique, mais ce n'est pas mon éducation, soit alerter les joueurs de ce qui se passait, ce que j'ai fait. Les joueurs sont alors sortis du vestiaire, j'ai pu alors récupérer mon téléphone et je suis parti après avoir remercié les joueurs pour tous les efforts qu'ils avaient faits pour la JSK et les supporters», relate l'ancien coach du CSC qui explique les raisons du non-renouvellement de son contrat. «Le règlement de la Fifa est très clair : tout joueur ou entraîneur qui arrive à 6 mois de la fin de son contrat a le droit de négocier et de signer un contrat avec le club de son choix pour la saison suivante. En ce qui concerne la JSK, les négociations pour le renouvellement de mon contrat ont commencé fin février 2021. Au mois d'avril mon agent a demandé à la direction de lui envoyer une offre officielle par écrit, sans réaction de la part du club. À la mi-mai, Mellal a déclaré dans une conférence débat qu'il discuterait de la prolongation du contrat de Lavagne à la fin de la saison, on n'est pas encore arrivés aux objectifs et en football, tout peut arriver. Par conséquent, mon agent a attendu le 12 juillet 2021, soit 2 jours après la finale de la CAF, pour recontacter la direction concernant l'offre écrite, l'offre devait arriver dans les 48h d'après Ghiles Mellal, elle est arrivée le 31 juillet, le peu d'empressement m'a fait comprendre que certains dirigeants n'étaient plus si pressés de renouveler mon contrat. Par ailleurs au cours du mois de juillet, j'ai appris la signature de certains joueurs (Oukil et Doumbia) dans les journaux, curieuse façon de recruter sans demander l'avis de l'entraîneur. À partir de ce constat, j'ai décidé de ne pas renouveler mon contrat avec la direction actuelle de la JSK et j'ai commencé à étudier les sollicitations des autres clubs. À partir du moment, j'ai compris que la stabilité de l'effectif que je demandais n'allait pas être réalisée et que les problèmes financiers seraient les mêmes la saison prochaine, je ne voyais pas l'intérêt de continuer dans de telles conditions. De plus, le recrutement de 16 joueurs en 5 jours démontre que la direction ne fait pas du tout confiance aux jeunes de l'équipe réserve, la preuve que le projet de M. Mellal n'est que théorique, et me conforte dans l'idée que ne pas renouveler mon contrat était le meilleur des choix, contrairement à moi qui ait lancé Kerroum, Boualia, Nechat en Championnat et en coupe de la CAF. Enfin, je peux certifier que le jour de la finale du 10 août je n'avais signé pour aucun autre club, même si le règlement de la Fifa m'en donne le droit», précise-t-il avant de s'adresser aux supporters. «Pour conclure, je dirai que je garderai un souvenir impérissable de mon passage dans ce grand club qu'est la JSK, avec un groupe de joueurs extraordinaires, aux qualités mentales et humaines impressionnantes et qui m'ont permis de vivre une aventure humaine inoubliable, et des supporters extraordinaires». A. A.