Le 19 septembre 1958, soit un peu plus de deux ans après l'organisation du congrès de la Soummam, la Révolution algérienne s'était dotée d'un Exécutif qui allait faire aboutir le combat libérateur. Il s'agit du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) présidé par Ferhat Abbas et dont le 63e anniversaire de la création a été célébré hier. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - La formation de ce gouvernement, composé de 18 membres, présidé par Ferhat Abbas qui est secondé par Krim Belkacem (vice-président), a été une étape importante dans le processus de libération nationale accéléré par la guerre lancée le 1er Novembre 1954. Sa création a été annoncée dans deux conférences de presse distinctes, la première animée par Ferhat Abbas au Caire, et la seconde par Krim Belkacem à Tunis, afin de donner un retentissement international à l'évènement. En même temps, la création du GPRA a été annoncée également à Rabat. Dans son édition du lendemain, le journal du FLN El Moudjahid avait écrit : « Parvenu à maturité, le FLN a pu donner naissance au gouvernement provisoire algérien. Celui-ci de par son origine et sa vocation répond bien à sa définition en tant que gouvernement. Il se situe au-dessus des nuances partisanes, exprime la souveraineté de tout le peuple, non l'opinion de telle ou telle fraction, et se place d'emblée au niveau de l'existence étatique internationale. » Ce gouvernement donnera donc à la Révolution algérienne un nouveau souffle, avec son déploiement à l'international et son action diplomatique. D'ailleurs, quelques jours seulement après son annonce, il sera reconnu par plusieurs pays. C'est lui, sous la conduite de Krim Belkacem, qui va négocier les Accords d'Evian avec les Français et arrachera l'indépendance du pays. Interrogé par l'APS, l'historien Fouad Soufi a indiqué que « la fondation du GPRA avait ouvert de grandes espérances pour l'indépendance du pays que même les crises internes n'en ont pas bloqué le processus. C'est un événement qui représente un marqueur de l'histoire de la guerre de Libération nationale ». Expliquant dans quelle mesure ce gouvernement a constitué un des jalons fondateurs de ce qui allait devenir la jeune République algérienne démocratique et populaire, il s'est référé à la déclaration de Krim Belkacem qui, dans l'un de ses discours, avait soutenu que la date du 19 septembre était « la plus importante après celle du 1er Novembre 1954, celle-ci ayant été le premier jalon fondateur de l'Algérie indépendante ». Revenant sur les péripéties et les circonstances de la naissance du Gouvernement provisoire, le chercheur en histoire rappelle que « l'idée de transformer le Comité de coordination et d'exécution (CCE) en Gouvernement s'est imposée dans le débat » entre les dirigeants du Front de libération nationale (FLN) au second trimestre de 1958, d'où la création d'une commission à cet effet. S'appuyant sur des témoignages d'acteurs comme Ferhat Abbas et des travaux d'historiens, dont ceux de Mohamed Harbi, il note que le choix du lieu de la proclamation et celui de la désignation de Ferhat Abbas à la tête du GPRA répondaient aux «exigences de l'heure et des contextes politique national et international». La composition de ce gouvernement était représentative de la majorité des composantes du mouvement national, tandis que la nomination de dirigeants détenus en tant que membres « a été favorablement accueillie par l'opinion publique nationale et a fortement contrarié l'Etat français ». Concernant le rôle du GPRA dans la conduite du processus des discussions ayant abouti aux accords d'Evian, le spécialiste en histoire a rappelé que, déjà le 13 septembre 1958, pas moins de 35 Etats membres de l'ONU avaient voté une résolution proclamant le droit du peuple algérien à l'indépendance et recommandant des négociations. « L'opinion publique, à travers le monde, va manifester, jusque dans les rues, son soutien à la lutte du peuple algérien et même une partie de l'opinion française exigera l'ouverture de négociations pour la paix, au moment où il n'était pas question pour le gouvernement français de reconnaître le GPRA tout en menaçant de sanctions les Etats qui le feraient », détaille-t-il. La date du 19 septembre 1958 reste ainsi une date phare, parmi toutes les autres dates qui ont marqué la guerre de Libération nationale, à commencer par le 1er Novembre 1954 au 5 Juillet 1962, en passant par le 20 Août 1955, le 20 Août 1956, le 19 Mars 1962... K. A.