«L'idée de la création du GPRA émana de l'un des dirigeants de la Guerre de Libération qui était Hocine Aït Ahmed. Se trouvant en détention avec les autres dirigeants (Ben Bella, Boudiaf, Khider, Lachraf), Aït Ahmed a suggéré, dans un courrier adressé au CCE en 1957, qu'il était temps de modifier l'organisation et la direction du FLN et de créer un gouvernement provisoire…», souligne l'historien Abdelmadjid Merdaci. Le 19 septembre 1958 fut proclamée la création du GPRA, Gouvernement provisoire de la République algérienne, un événement marquant un tournant décisif dans la marche du peuple algérien pour son indépendance. Il y a donc 60 ans, le peuple algérien en lutte pour son indépendance a trouvé dans cet organe un représentant et un porte-voix sur la scène internationale qui mena les négociations, ayant signé la fin de la longue nuit coloniale et l'avènement de l'indépendance en 1962. «L'idée de création du GPRA émana de l'un des dirigeants de la Guerre de Libération, qui était Hocine Aït Ahmed. Se trouvant en détention avec les autres dirigeants (Ben Bella, Boudiaf, Khider, Lachraf), Aït Ahmed a suggéré, dans un courrier adressé au CCE en 1957, qu'il était temps de modifier l'organisation et la direction du FLN et de créer un gouvernement provisoire. Cette idée a pris le temps de mûrir jusqu'à sa concrétisation le 9 septembre 1958 et sa proclamation officielle le 19 du même mois», souligne Abdelmadjid Merdaci, historien et auteur de l'ouvrage GPRA, un mandat historique, lors d'une conférence tenue au Salon international du livre d'Alger (SILA) jeudi dernier. «Après la première direction de la Révolution par les six, qui n'a duré que trois mois, la deuxième direction émana du Congrès de la Soummam avec le CCE (Comité de coordination et d'exécution) sous la direction de Abane Ramdane, la troisième direction que fut le GPRA a été la plus longue de toutes puisqu'elle dura de 1958 jusqu'à 1962 malgré les difficultés auxquelles elle fit face», explique encore l'historien en notant que la réunion du CNRA au Caire a été décisive puisqu'elle fut la première à poser la problématique de pouvoir au sein du FLN et a permis de redistribuer les cartes à l'intérieur de la direction. «On avait bien senti que le peuple en lutte avait besoin d'un représentant. La stratégie militaire française avait abouti à faire de l'Algérie une île isolée, en nous créant des barrières avec nos voisins, en nous fermant la Méditerranée occidentale… Il fallait donc trouver des soutiens à l'extérieur», indique pour sa part Mohamed Khelladi, moudjahid et membre de la cellule de renseignement du FLN à l'époque, plus connu sous le vocable MALG. Et à Abdelmadjid Merdaci d'enchaîner : «En novembre 1954, il n'y a pas eu d'insurrection du peuple, mais le déclenchement par un petit groupe d'actions armées dont le peuple n'était pas au courant. La guerre d'indépendance a été non pas une révolution ou une guerre au sens classique du terme, mais une bataille de mobilisation de l'opinion. Dire insurrection, comme on le répète aux différents journaux télévisés à chaque 1er novembre, c'est éliminer les mérites de l'élite dirigeante du FLN», précise-t-il avant d'ajouter que la création du GPRA entre dans la logique de promotion de la mobilisation de l'opinion nationale et internationale. Le choix de Ferhat Abbas était tout indiqué, soutient l'historien puisqu'il jouissait d'une notoriété et qu'il pouvait facilement être le négociateur qu'il faut quand le moment de négocier se présenterait. «Ben Bella et Boudiaf se sont opposés à la désignation du Dr Lamine Debaghine, et Boussouf et Bentobal à celle de Krim Belkacem, le choix de Ferhat Abbas devenait évident puisqu'il avait les qualités d'homme sage», indique encore Merdaci. Et à Khelladi de préciser : «Nous étions sous des pressions énormes de la part de nos voisins marocains et tunisiens, il fallait absolument que le FLN ait un seul représentant avec lequel discuter. Les Français faisaient en sorte de pousser nos voisins jusqu'à revendiquer des parts du territoire algérien, il fallait un gouvernement pour faire face à ces difficultés et convaincre nos voisins de continuer sur la voie du soutien à la cause algérienne. Le choix de Ferhat Abbas était dû au fait qu'il pouvait représenter une passerelle puisqu'il avait siégé à l'Assemblée française.» Mais la création du GPRA a été confrontée à des résistances, voire même à des tentatives de coups d'état internes. «Ferhat Abbas a été tenu d'en appeler à l'appui de Krim, Boussouf et Bentobal, ce qui a mené au conclave des colonels qui a duré du mois d'août à décembre 1959. Le GPRA n'a pas eu la tâche facile mais il a pu gérer la situation tant bien que mal jusqu'aux négociations d'Evian», rappelle Abdelmadjid Merdaci. Et à Mohamed Khelladi d'insister sur l'importance du GPRA dans la confirmation de l'unité nationale contre les tentatives de division régionalistes. Le rôle de la Chine dans la reconnaissance du GPRA a aussi été souligné lors de cette conférence.