Selon le vice-pr�sident de cette association, d�octobre 1988 il ne reste pas grand-chose, car la plupart des acquis arrach�s au prix du sang se sont d�voy�s avec le temps. L�Alg�rie d�aujourd�hui est un pays ferm� qui jette ses jeunes en mer, le champ politique est verrouill� et la soci�t� civile, noy�e dans un tas de probl�mes socio�conomiques, est d�mobilis�e. Le changement s�av�re plus difficile que jamais. Irane Belkhedim - Alger (Le Soir) - Alg�rie, 5 octobre 1988. Des manifestations sporadiques explosent dans plusieurs villes. Alger, Annaba, Oran, Constantine, Tizi-Ouzou sont les plus touch�es. Les manifestants d�truisent plusieurs infrastructures �tatiques et civiles. Les foules crient au changement. L'arm�e intervient et tente de contr�ler la situation. La crise dure plusieurs jours. �22 ans apr�s ces �v�nements, c�est la d�sillusion totale ! Qu�avons-nous gagn� ? En 2010, tout est parti ! Nos jeunes se jettent en mer et pr�f�rent mourir que de rester ici. Le taux de suicides est effarant dans de nombreuses r�gions. Le champ politico-m�diatique est ferm�, surtout depuis l�av�nement de Abdelaziz Bouteflika. Les manifestations publiques et les rassemblements sont interdits, les libert�s individuelles sont menac�es��, affirme M. Hamou L�hadj Azouaou. Pour lui, comm�morer ces �v�nements est tr�s important, car c�est un moyen de lutter contre l�oubli. �Il y a eu plus de 500 morts, cela sans oublier les autres victimes, c'est-�-dire ceux qui ont �t� bless�s, mutil�s et tortur�s. Oui, il y a eu des camps de concentration, comme celui de Sidi-Fredj ! Aussi, la politique de l�oubli et la trahison ont d�mobilis� la soci�t� civile�. Le pouvoir propage l�oubli, dit-il ; il souhaite plus que jamais effacer le 5 octobre 1988 de son histoire, de sa m�moire. �S�il pouvait gommer cette date, sauter du 4 au 6 octobre, croyez-moi, il l�aurait fait ! Les victimes d�octobre 88 sont un fonds de commerce qui ne rapporte pas, comparativement aux victimes de terrorisme qui sont estim�es � pr�s de 100 000 !�. Une r�alit� qui l�attriste car, ajoute-t-il, �les Alg�riens doivent beaucoup � ces victimes. L�ouverture du champ politico-m�diatique a �t� acquise gr�ce aux victimes d�octobre 1988 !�. L�Association des victimes d�octobre 1988 (AVO) a vu le jour en 1989. Depuis, elle a interpell� tous les chefs du gouvernement, les pr�sidents de l�Assembl�e populaire nationale, toutes les autorit�s et les personnalit�s influentes qui pouvaient lui tendre la main. Sans r�sultat. �Nous sommes les victimes de qui ? Quel est notre statut ? Notre unique espoir �tait Mohamed Boudiaf mais il a �t� assassin�. Nos revendications n�ont jamais �t� prises en charge. Nous continuons nos activit�s. On ne peut pas oublier nos enfants�. Hamou L�hadj Azouaou insiste sur le fait que les victimes du 5 octobre 1988 soient consid�r�es comme des accident�s du travail. Elles per�oivent une pension mensuelle allou�e par la caisse de S�curit� sociale, qui oscille entre 2 500 et 6 000 DA, suivant le cas (ayant droit ou bless�). L�Alg�rie d�aujourd�hui est un pays ferm� qui jette ses jeunes en mer, le champ politique est verrouill� et la soci�t� civile, noy�e dans un tas de probl�mes socio�conomiques, est d�mobilis�e. �Le seul acquis qui nous reste aujourd�hui de ces �v�nements est la presse libre et ind�pendante. Je viens chez vous, je parle et vous �crivez sans me censurer. A une �poque, il n��tait pas possible de faire �a en Alg�rie�, affirme Hamou L�hadj Azouaou. Le 5 octobre prochain, l�AVO comm�morera les �v�nements de 1988 en d�posant une gerbe de fleurs � la Place des Martyrs � Alger, � 13h. Un hommage sera rendu � l�association RAJ, et la c�r�monie sera ouverte par une lecture po�tique du journaliste Mustapha Benfodil.