L'Algérie accuse un grand retard de vaccination anti-Covid-19. Pourtant les doses sont depuis quelques temps suffisamment disponibles. N'ont pas manqué les infrastructures dédiées à cet effet. Un grand effort de communication et de sensibilisation est à faire par les pouvoir publics pour booster l'opération vaccinale et atteindre l'objectif de l'immunité collective avant la fin de l'année. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - La campagne de vaccination anti-Covid-19 ouverte depuis plusieurs mois à tous les Algériens fait face à des crispations. Malgré un variant Delta plus virulent et n'épargnant aucune tranche d'âge y compris les enfants, la population reste en grande majorité réticente à cet acte médical. Nombre de personnes hésitent à se faire vacciner et d'autres s'opposent carrément à cette injection. Les chiffres actuels restent bien éloignés des engagements des pouvoirs publics qui misent sur la vaccination de 70% de la population. Ni le dispositif vaccinal mis en place le 22 août dernier en faveur des enseignants pour recevoir leur dose, ni le lancement de la vaccination en officine le 25 du même mois n'a pu donner un coup d'accélérateur à cette opération. Globalement, ça coince. Le seul record atteint a été enregistré en juillet dernier où la vaccination contre le virus Sars-CoV-2 a connu une envolée suite à l'avènement d'une troisième vague meurtrière de la pandémie. Un sursaut qui s'est vite atténué avec la baisse du nombre de cas de contamination et la résorption de la crise de l'oxygène dans les hôpitaux. Depuis, les différents lieux dédiés à cette opération enregistrent peu de candidats. Pour tenter de combler le retard de la vaccination anti-Covid-19, le ministère de la Santé avait lancé le 4 septembre dernier, à la veille de la rentrée sociale, «la plus importante campagne nationale de vaccination» contre ce virus. Celle-ci a été marquée par «Le big day de vaccination» qui a coïncidé avec le 11 septembre. Force de constater que même cette opération vaccinale de proximité n'a pas vraiment suscité l'engouement de la population. Aujourd'hui, seuls trois millions d'Algériens ont reçu leur injection, soit moins de 10% de la population. A ce rythme, il faudra plusieurs mois pour atteindre l'immunité collective. Un constat que confirme le président du Conseil national de l'Ordre des médecins, Dr Mohamed Bekkat Berkani. Selon lui, la vitesse de la vaccination en Algérie n'est pas à la hauteur des objectifs tracés. Que faut-il faire pour donner un coup d'accélérateur à la campagne vaccinale ? Et comment augmenter sa vitesse ? Rappelant que le virus circule toujours dans notre pays, Dr Bekat insiste sur la vaccination de toutes les personnes qui sont en contact avec le public. «Tous les travailleurs qui sont en contact avec le public, notamment les fonctionnaires et les enseignants, doivent obligatoirement se faire vaccinées. C'est l'Etat l'employeur, alors ceux qui ne sont pas vaccinés n'ont qu'à partir en congés ou en mise en disponibilité», dit-il. Il affirme que l'accélération de la vaccination relèverait plus de la communication et de la sensibilisation. «Il faut communiquer et sensibiliser le citoyen sur le vaccin contre ce virus», souligne-t-il. Pour ce faire, il mise sur l'influence des personnalités publiques, notamment les grands sportifs, les hommes de culture, les acteurs, les artistes, ... pour transmettre le message aux citoyens. «Il faut faire appel à toutes ces personnalités qui captent la confiance des citoyens pour les sensibiliser sur les biens faits de la vaccination. Il faut parler aux Algériens chacun dans sa classe, le langage qu'il comprend», dit-il. Il plaide également pour l'implication des hommes de culte. «Il ne faut pas se contenter des prêches dans les mosquées où le nombre de personnes touchées est limité. Il faut organiser des tables rondes sur des plateaux télévisés pour expliquer aux citoyens et les sensibiliser sur l'intérêt de l'acte vaccinal contre ce virus», note-t-il. Toutes ces campagnes d'information et de sensibilisation ne pourraient selon lui, atteindre l'objectif escompté sans combattre les fake-news. Convaincu que seule la vaccination nous permettra de revenir à la vie normale, le président du Conseil national de l'Ordre des médecins recommande de saisir cette période d'embellie où le nombre de contaminations a diminué, pour augmenter la cadence de cette opération. «Il faut mettre le paquet pour persuader les citoyens et atteindre l'immunité collective surtout à l'approche des élections locales et des regroupements populaires», dit-il. Il estime par ailleurs, que la décentralisation de la vaccination anti-Covid-19 est une «erreur». «Il fallait mieux centraliser cette opération dans des vaccinodromes, canaliser les gens et effectuer de véritables examens pré-vaccinaux. Aujourd'hui, avec la disponibilité du vaccin, nous sommes en mesure de mettre en place des usines à vacciner mais il faut drainer les gens vers ces lieux», conclut-il. Ry. N.