Le Parti des travailleurs tire la sonnette d'alarme suite à l'explosion de la misère sociale de larges couches de la société algérienne, avec un effondrement sans précédent du pouvoir d'achat. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Le PT dresse un tableau noir de la situation sociale du pays. Il dit constater « avec effroi, l'explosion de la misère parmi les larges couches alors que les couches moyennes s'enfoncent de plus en plus dans la pauvreté en conséquence de l'effondrement sans précédent et continu du pouvoir d'achat : la flambée démentielle des prix de tous les produits de large consommation, atteignant parfois les 100%, l'aggravation du chômage induit par les impacts du confinement aveugle sur les entreprises économiques et les services ainsi que la poursuite de la politique de non-emploi dans la Fonction publique en cours depuis avril 2015 qui avait entraîné la suppression de un million d'emplois jusqu'à 2018 ». À cela, le parti de Louisa Hanoune ajoute les prix des fournitures scolaires qui ont augmenté, selon lui, de 40%, plongeant dans la détresse la majorité des familles désormais pauvre, alors que l'indemnité d'aide à la scolarisation de 5 000 DA destinées aux familles nécessiteuses ne couvre même pas 50% des besoins. «C'est une véritable guerre sociale qui transforme de très larges pans de la société en déclassés et en parias. C'est établi, notre pays est en cours de délabrement accéléré : au lieu de redresser la situation, le gouvernement a décidé l'augmentation des prix des engrais à compter du 1er octobre, programmant une nouvelle explosion incontrôlable des prix de tous les produits agricoles, et plongeant les fellahs, déjà étranglés par la récession, dans la faillite », s'alarme le parti dans un communiqué rendu public hier à l'issue d'une réunion du secrétariat de son bureau politique. Pour le PT, au moment où la crise de l'eau qui empoisonne la vie de l'écrasante majorité, l'effondrement du pouvoir d'achat des salariés et larges couches et le délabrement des services publics confirment « une régression infernale des conditions de vie », menaçant « la pérennité de la République et son unité ». « Cette descente aux enfers provoque, d'un côté, la colère montante et la mobilisation des fonctionnaires et travailleurs dans différents secteurs, des agriculteurs, des populations qui se soulèvent contre la dégradation des conditions de vie et, d'un autre côté, l'explosion de la mendicité et la violence urbaine, la harga, expression violente du désespoir, désormais par milliers dont des familles entières, tuant par dizaines des jeunes, des femmes et des enfants, faisant ressembler notre pays aux pays déchirés par les guerres ou ravagés par la famine », développe encore le PT. Et de critiquer le ministre du Commerce qui « renforce les spéculateurs à travers la vente directe du fellah au consommateur », alors que ce département, a précisé le PT, « est censé dégager les instruments de contrôle à même de stopper la folie meurtrière des prix ». Avec cette décision, le PT trouve que le gouvernement légalise la bazardisation de l'économie et la déréglementation en transformant le fellah en commerçant anarchique. «Quant aux points de vente des coopératives des céréales et légumes secs (CCLS), c'est une pure tromperie, considérant leur nombre très restreint», soutient le même parti. Pollution politique Sur le plan politique, le PT relève un contexte « de plus en plus chargé de dangers » et « alourdi par la répression violente qui va crescendo : plus de 300 détenus politiques et d'opinion, détention provisoire abusive et donc arbitraire dont celle de Khalida Toumi qui dure depuis 22 mois, condamnations ahurissantes dont celle prononcée contre Ali Ghediri à quatre ans de prison ferme pour avoir exprimé en 2019 un point de vue politique ». À propos des élections locales du 27 novembre, le PT relève « une indifférence totale à l'égard du scrutin chez la grande majorité des militants et citoyens ». Leurs préoccupations sont liées, selon le même parti, à la flambée des prix, la rentrée scolaire dans des conditions chaotiques, le chômage, la harga qui prend une ampleur terrifiante, les conséquences sociales meurtrières du Covid, l'absence totale de perspectives pour le pays et la répression politique qui prend des proportions effrayantes. En même temps, le PT affirme qu'il a relevé « l'explosion de la pollution et la corruption politiques consacrant une mafiotisation sans précédent du processus électoral en cours aggravée par la loi électorale qui consacre une offensive sans précédent contre le multipartisme en particulier et la démocratie politique en général ». K. A.