Eclipsé par une intersaison «famélique» en termes de recrutement tape-à-l'œil, le MC Alger entame le Championnat 2021-2022 en fanfare. Après un nul «heureux» à Magra, les poulains de Khaled Benyahia ont enchaîné avec deux succès dont une revitalisante victoire dans le derby contre le champion sortant. Dauphin, deux points derrière l'attraction de ce début de saison, l'US Biskra, auteur d'un sans-faute (neuf points en trois matchs joués), le Mouloudia d'Alger fait à nouveau «chauffer» ses milliers de fidèles bridés par tant d'années de promesses jamais réalisées. Sans faire de boucan durant le mercato estival, les dirigeants du club ont mis la main, un peu par hasard certainement grâce à la baraka de Sidi Abderrahmane, sur quelques perles dont personne ne pariait un centime avant l'ouverture du challenge. Des noms qui ne résonnent pas au sein d'une «institution» qui avait l'habitude du tapage estival pour faire oublier ses déboires à longueur d'années. Cet été, le MCA a plus fait parler de lui grâce aux «voltiges» des libérables et de ceux qui voulaient partir si la direction ne les augmentait pas que par les arrivées réalisées presque en catimini. Sans être présentés aux médias ni au public ce sont les Ghezala, Touki, Morsli et autre Benbourenane qui viendront compléter une liste de recrues où les plus connus sont Zaïdi (JS Saoura), Litim, Hamidi et Ezzemani (tous du MC Oran). Pas de stars, somme toute. Mais des inconnus à la recherche d'une place au soleil. De plus de reconnaissance pour certains. En fait de stars, en plus de ses millions de fans, le Mouloud Club d'Alger a recruté Khaled Benyahia. L'ancien capitaine de l'ES Tunis et de la sélection tunisienne a, certes, mal vécu certaines de ses expériences dans le Championnat de son pays mais en venant en Algérie, pour «diriger un monument du football africain», disait-il, il savait qu'il avait une tâche encore plus difficile à mener que s'il était sur le banc des Sang et Or, son équipe de cœur. Suffisant pour embarquer ceux qui connaissent un peu le football. Sans moyens financiers à tout-va, la Sonatrach ayant décidé» de rationner ses contributions pécuniaires notamment en termes de dépenses salariales, Amar Brahmia et les membres de son CA partaient dans une aventure qui pouvait ruiner ce qui leur restait comme prestige. Une envergure que la qualité présumée des recrues avait toutes les chances de mettre en vrille. Passée la phase de préparation, plutôt calme contrairement aux années précédentes où l'équipe était suivie jusqu'au moindre point de la capitale ou du pays où il accomplissait son plan de travail, l'épreuve du terrain commençait par ce déplacement ô combien délicat chez le finaliste de la dernière coupe de la LFP. Le NC Magra qui venait de perdre à Tlemcen et qui avait hâte à prouver que son excellent parcours de la saison dernière n'était pas un fruit du hasard. C'est pourquoi le nul des Vert et Rouge dans la cité du Hodna sonnait comme un exploit tellement Aziz-Abbès et ses joueurs ne juraient que par la victoire. Et d'exploit, les Mouloudéens en avaient également besoin pour éviter le début de polémique de ceux qui ne juraient que par le fiasco d'une équipe qui, à leurs yeux, n'a rien montré de bon lors de sa première apparition cette saison. Ce que le technicien tunisien reconnaissait en partie en assurant que «le nul face à Magra est surtout le fruit du travail accompli par la défense qui a souffert plus que les autres compartiments». Soit. Cette solidité a été à nouveau mise à l'épreuve lors du derby contre le CR Belouizdad, moins de quatre jours plus tard où Chaâl et sa défense n'ont cédé que sur coup de pied de réparation. Et cerise sur le gâteau après que l'attaque, bien alimentée par le milieu de terrain, ait abusé de la défense du Chabab à deux reprises grâce à deux nouvelles recrues (Zaïdi et Morsli). Une performance qui a logiquement fait sortir les ultras du Mouloudia de leur chaumière. Les fléchettes adressées aux fans du club rival reprenaient de plus belle aussi bien sur les réseaux sociaux que dans les discussions publiques. Le Doyen se serait enfin senti capable de reprendre sa marche en avant comme à ses plus belles années de jeunesse ? Pour ce faire, la victoire contre Tlemcen aussi difficile qu'elle était à obtenir, rappelait à tout le monde qu'il fallait encore du temps à Benyahia et ses hommes pour gagner définitivement l'estime de l'exigent peuple du Mouloudia. Une autre série de résultats positifs et d'autres coups d'éclats aussi bien individuels que collectifs de la Scuderia mouloudéenne qui rappelle en bien de détails ce groupe monté par feu Abdelhamid Kermali durant la période 1988-90 qui a failli remporter le titre national, coiffé au poteau par la JSK. À la seule différence que le «champion moral» de juin 1989 a passé avec succès la grande épreuve du «tribunal populaire du 5-Juillet». Un retour des supporters dans les travées du temple d'Alger sera, en définitive, cet examen crucial qui fera passer Touki, Morsli et les «inconnus» d'une étape embryonnaire vers le sommet. Un graal que les milliards de la Sonatrach et les «dévoués dirigeants» n'ont pu offrir à un club qui a fêté son centenaire dans la dèche, presque dans l'anonymat. M. B.