Une nouvelle pénurie de médicaments essentiels a été signalée par le Syndicat national des pharmacies agréées. Ce dernier a recensé 230 médicaments actuellement en rupture de stock ou sous tension. Salima Akkouche - Alger (Le Soir) - Plusieurs molécules manquent à l'appel dans les officines. 230 produits plus exactement, selon la liste donnée par le Syndicat national des pharmacies agréées qui a donné l'alerte, sont portés manquants à l'heure actuelle. Et cela va des médicaments anti-inflammatoires, anticoagulants, au paracétamol, signale Samir Ouali, porte-parole du syndicat. «Il y a une semaine, nous avons enregistré 230 médicaments en rupture dans les pharmacies de ville comme les médicaments de cardiologie, des antidouleurs, des corticoïdes, des psychotropes, des anticoagulants, paracétamol, sulpiride, les héparines, il y a toute une gamme de produits d'anticoagulants en rupture actuellement», assure ce pharmacien. Profitant de cette situation de tension, explique M. Ouali, certains grossistes pratiquent du chantage sur les pharmaciens pour faire de la vente concomitante. «Ils sont en train de nous vendre des médicaments dont on n'a pas besoin pour pouvoir prendre 10 à 20 médicaments essentiels. C'est le cas notamment de l'anticoagulant Varénox ou lovinox pour lesquels certains grossistes nous demandent des bons de commande de 500 000 dinars pour pouvoir avoir 30 boîtes, et il n'y a pas que le lovinox qui est en rupture, mais ce sont tous les HBPM, une gamme d'anticoagulants essentiels pour le traitement des troubles de coagulation et ce sont des médicaments essentiels dans la prise en charge du Covid», a expliqué le porte-parole des pharmaciens agréés. Nous tirons, dit-il, la sonnette d'alarme, d'autant que le professeur Derrar a déjà annoncé que nous sommes dans la 4e vague du Covid, alors que le paracétamol et les anticoagulants sont indisponibles dans les officines de ville. Le ministère de l'Industrie pharmaceutique a-t-il été alerté ? Le porte-parole du Syndicat des pharmacies agréées rappelle que des réunions périodiques sont tenues avec ce département. Les canaux de discussions, affirme-t-il, n'ont jamais été rompus. «Nous tenons, chaque semaine, des réunions avec l'observatoire de veille du ministère de l'Industrie pharmaceutique durant lesquelles nous signalons les produits en rupture ou sous tension, puisque nous avons aussi à notre niveau une plateforme numérique que les pharmaciens utilisent quotidiennement pour déclarer les produits sous tension, les producteurs déclarent également l'état de leurs stocks, il y a des médicaments dont le problème a été réglé comme l'insuline et d'autres pas encore alors qu'ils sont en rupture de stock depuis plus de six mois et d'autres presque une année», a déclaré le docteur Ouali. Les opérateurs pharmaceutiques, importateurs ou fabricants de médicaments sont, en effet, tenus de déclarer sur la plateforme numérique du ministère de l'Industrie pharmaceutique leurs stocks, d'une manière hebdomadaire, ainsi que les quantités livrées par lot, depuis la dernière déclaration et les établissements de distribution en gros destinataires de ces quantités. Une mesure visant justement à anticiper sur les pénuries et les tensions d'approvisionnement. Le porte-parole des pharmaciens rappelle que les pharmaciens étaient pour la baisse de la facture d'importation préconisée par le ministère de l'Industrie pharmaceutique mais «nous avons demandé à ce que les médicaments qui ne sont pas génériques ou essentiels soient épargnés mais beaucoup de médicaments essentiels sont en rupture et on se demande pourquoi». Pour M. Samir Ouali, il est «évident que la mesure de baisse de la facture d'importation des médicaments a influé sur certains produits en rupture». S. A.