Ce n'est plus les gazettes à dix centimes, encore moins les avatars de la toile en folie. Ce sont plutôt quelques titres sérieux de la presse spécialisée en Espagne qui ont fuité cette information que le néo-coach du Barça, et non moins entraîneur et équipier de Bounedjah à El-Sadd, a démenti sans convaincre grand monde, hier, lors d'un point de presse avant le rendez-vous européen de ce soir des Blaugranas contre les Portugais du Benfica. Dimanche, en fin de journée, c'est en effet le quotidien catalan pro-Barça, Sport, qui annonce l'attaquant international algérien d'Al-Sadd, Baghdad Bounedjah, proche d'un transfert chez ce grand d'Espagne. Le journal affirme même que Bounedjah «ferait l'objet de sérieux intérêts» de la part des Blaugranas. Ce serait, toujours selon Sport, son ex-coach au sein du club qatari, Xavi Hernandez, qui aurait invité ses dirigeants au FC Barcelone de fouiner cette piste. Pour mieux étayer ce qu'il avançait, Sport assure que l'ancien médian du club catalan avait, dès son intronisation à la barre technique du Barça, compris que l'équipe a un besoin pressant d'un avant-centre type. Sergio Aguero n'étant plus en mesure de jouer au football, Braithwaite blessé et Luuk de Jong «inopérant» depuis son arrivée au Camp Nou, la piste de Bounedjah paraissait, du moins aux yeux de Xavi, la plus sûre des pistes car, explique le journal, les deux hommes se connaissaient et s'appréciaient en tant que coéquipiers d'abord puis comme entraîneur et joueur quand l'Espagnol a décidé d'en finir avec le rectangle vert. Et Sport n'était pas le seul journal à livrer ce «scoop» dans la mesure où, dans la soirée du dimanche, c'est la presse mondiale qui faisait état de cet intérêt du Barça pour l'enfant d'El-Bahia. Un attaquant qui, rappelle nombre de sites internationaux spécialisés, a cette qualité d'avoir marqué de son empreinte tous les clubs et championnats où il a évolué. En Algérie, avec l'USM El-Harrach (18 buts en 54 matchs joués), l'ES Sahel en Tunisie (46 bus en 76 matchs) et surtout au Qatar avec Al-Sadd où il a marqué 168 buts en 178 apparitions. C'est aussi un des chasseurs de buts en sélection avec 7 réalisations chez les olympiques et 22 buts sous le maillot de l'EN A qu'il a porté à 48 reprises. De belles statistiques pour l'attaquant formé au RCG Oran qui soufflera demain sa trentième bougie. Un âge qui, désormais, n'effraie pas les experts et autres entraîneurs qui prennent pour exemple Ronaldo, Ibrahimovic et beaucoup d'autres footballeurs qui continuent de faire les beaux jours de leurs clubs et sélections malgré le poids des ans. Un seul «détail» pourrait, probablement, constituer un obstacle pour que ce transfert se réalise. Il s'agit du vécu de Bounedjah dans le football européen. Hormis les trois championnats précités (Algérie, Tunisie et Qatar), le buteur d'Al-Sadd a eu des touches de la part de clubs européens lorsqu'il évoluait en Algérie et particulièrement en Tunisie mais son rêve de faire carrière en Europe ne s'est jamais réalisé. Une réalité avec laquelle le football moderne ne badine pas. Hormis les footballeurs sud-américains, il est difficile de trouver de trace de joueurs (tout profil confondu) africains, arabes ou asiatiques, de surcroît à un âge assez avancé, engagés par des clubs européens, ceux parmi les plus huppés comme le FC Barcelone. Par le passé, il y a eu quelques «transferts» à l'exemple de Saâd Kadhafi dans des clubs italiens (Pérouse, Udinese et Sampdoria) mais son passage était de pure forme (2 matchs entre 2003 alors qu'il avait trente ans et 2007), son «transfert» était surtout une affaire d'argent dont lesdits clubs ont pu bénéficier grâce à cette opération de marketing de la Libye. L'on peut aussi rappeler également quelques passages de footballeurs saoudiens ou qataris dans certains championnats en Europe (Belgique ou France) pour les mêmes besoins de marketing sonnant et trébuchant profitable aux clubs du Vieux Continent. La Coupe arabe et la CAN, des obstacles ? Un transfert de Bounedjah en Europe, au Barça qui a compté en son sein les meilleurs buteurs de l'histoire du football mondial (les Brésiliens Romario et Ronaldo, le Camerounais Eto'o ou encore le Suédois Ibrahimovic), ne serait qu'un beau cadeau du ciel à un joueur qui a toujours cru en ses moyens. Les bonnes notes que lui a adressées Xavi Hernandez quand il évoluait à ses côtés ou l'entraînait ne seraient alors qu'un «bon de commande» devant lequel les dirigeants d'Al-Sadd ne peuvent résister même s'ils savent qu'ils vont perdre leur buteur attitré. Un Bounedjah qui a aussi des «obligations» envers les sélections nationales. D'abord, l'EN A' qui prendra part à partir de la semaine prochaine à la Coupe arabe des nations dont la finale est prévue le 18 décembre, ensuite cette phase finale de la CAN au Cameroun qui débutera le 9 janvier et qui, si tout va bien pour les champions d'Afrique algériens, s'achèvera le 5 février. Soit environ cinq semaines. Une longue période qui coïncidera avec l'ouverture du mercato en Europe. En Espagne, le marché des footballeurs sera entamé le 3 janvier et se terminera le 31 du même mois. C'est-à-dire lorsque Bounedjah sera en pleine compétition. Or, à supposer que son transfert se réalise, la Liga disputera pendant cette période de la Coupe d'Afrique cinq rencontres, à savoir la 19e journée (le 2 janvier et la 23e journée (6 février). Et ce n'est pas tout. Le 5 janvier est prévu un tour de la Coupe du Roi (seizièmes de finale) et le 15 janvier auront lieu les huitièmes de finale tandis que les quarts de finale se joueront le 2 février et les demi-finales une semaine plus tard (9 février). Ce qui fait un total de 9 matchs durant lesquels Xavi sera privé de son éventuel attaquant algérien. Ce qui fait un peu beaucoup pour une équipe qui ne peut compter sur son attaquant danois Braithwaite qu'à partir de la fin décembre et qu'il est illusoire de voir l'international anglais de Manchester City débarquer en Catalogne sous la forme d'un transfert payant sachant que le club de Juan Laporta est en pleine crise de liquidités. Puis vint le démenti... La «rumeur» ayant fait grand bruit, la conférence de presse organisée hier par Xavi Hernandez à la veille de l'importantissime rendez-vous européen des Catalans face au Benfica SC était, dès lors, une occasion pour savoir si vraiment le Barça veut Bounedjah. L'ancien numéro 6 du Barça qui a pensé à son ancien camarade et poulain d'Al-Sadd ne serait finalement plus intéressé par ses services. Interrogé par le correspondant de BeIN Sport, l'Algérien Djamel Djabali, l'entraîneur du FC Barcelone répliquera presque sèchement. «Baghdad Bounedjah est un grand joueur mais il n'y a aucun intérêt du Barça. Je ne sais pas qui a sorti cette information. Je ne signerai pas de joueurs en provenance d'Al Sadd...en principe (rires)», a-t-il précisé. Une réponse qui ne laisse aucun doute sur les intentions du Barça et de son entraîneur de ne pas faire signer des joueurs d'Al-Sadd, Bounedjah en particulier. «Par principe». Y aurait-il eu un deal avec le club qatari pour que, après Xavi cédé au prix d'âpres négociations, le FC Barcelone ne touche plus les intérêts d'Al-Sadd ? Possible, sinon Xavi n'aurait pas donné cette «précision» tout en s'interrogeant sur la partie qui a fait sortir cette information-rumeur. Sport, journal pro-Barça, se serait-il avancé trop tôt dans ce dossier ? Possible aussi surtout que Bounedjah présente des «références» que le club espagnol ne pourrait supporter en cette période de dèche sportive et financière. Alors affaire à suivre ou affaire classée ? M. B.