Ces derniers jours, spécialistes et médecins de la wilaya de Boumerdès ne cessent d'appeler à la vigilance, au respect des gestes préventifs et à la vaccination contre le coronavirus. Ils ont, en effet, constaté une augmentation subite des cas positifs. Selon une autorité sanitaire de l'hôpital de Thénia, au mercredi 8 décembre, 14 cas positifs ont été recensés en une seule journée. Or, d'après cette autorité en octobre et novembre, on recensait en moyenne zéro ou un malade par jour. Ces statistiques indiquaient, par ailleurs, que 22 personnes sont hospitalisées à cause du Covid-19 et que 7 malades sont en réanimation. À ces statistiques officielles, s'ajoutent notamment des citoyens qui ne savent pas qu'ils sont contaminés, qui s'automédicamentent ou qui se font soigner dans des cabinets privés. Pour le responsable cité plus haut, il ne fait aucun doute qu'une nouvelle vague arrive. En matière de prise en charge des malades atteints de Covid-19, il reste 344 lits réservés cet effet. «À la suite de la décrue des cas positifs, des lits ont été versés à d'autres services de soins mais ils peuvent être récupérés en cas de nécessité», affirme notre source. En matière de vaccination, l'objectif de vacciner au minimum 50% de la population de la wilaya de Boumerdès évaluée à un peu plus d'un million d'âmes n'est pas encore atteint. Dans cette situation, la faute incombe aux citoyens qui ne se déplacent pas en masse pour se faire vacciner. Jusqu'à mercredi, seules 130 000 personnes ont été vaccinées. Cela représente 35% de l'objectif initial. Pourtant, les autorités sanitaires locales ont multiplié les points de vaccination et les vaccins ne manquent pas. Contre la grippe saisonnière, la Direction de la santé de Boumerdès a reçu comme premier quota 28 000 doses et attend l'arrivée de 5 000 autres doses. Abachi L. LE COVID ET LES CONSEQUENCES DEVASTATRICES SUR LE MENTAL DES MALADES On peut mourir d'une dépression nerveuse découlant d'une contamination au Covid-19 Parole de professeure de médecine. Le coronavirus tue directement ou indirectement ou même longtemps après la contamination. Les débats et les inquiétudes légitimes se sont focalisés sur la maladie et sur les moyens de la contrer. On omet de parler des séquelles qui peuvent être, pour les malades, lourdes et dramatiques. À l'hôpital de Thénia dans la wilaya de Boumerdès, les médecins commencent à prendre conscience que le Covid peut laisser comme héritage aux malades qui l'ont contracté de véritables bombes mortelles. Certaines explosent longtemps après. On peut également souffrir du coronavirus long. Lors des journées médico-chirurgicales qu'avait organisées la cellule de formation continue que préside le docteur Makhlouf Louni, chef de service de néphrologie, le professeur Nadia Lanasri, chef de service de médecine interne à l'hôpital de Thénia a bien voulu répondre à nos deux questions : quelles sont les séquelles possibles du Covid-19 sur la personne qui pourrait être atteinte et comment éviter ces complications ? Les réponses ne tombent pas dans l'alarmisme déplacé, mais elles ont un caractère tout à fait lucide et mettent en garde les citoyens. Le Soir d'Algérie : Quelles sont les séquelles découlant du Covid-19 sur la personne qui pourrait être atteinte ? Pre Nadia Lanasri : «Pour le Covid-19, on a longtemps cru que c'était une banale maladie infectieuse ; la contagiosité étant importante, elle a eu pour résultat comme on le constate, une pandémie. Mais en fait, ça ne se limite pas à une maladie virale et c'est tout. Malheureusement, il s'est avéré que c'est une maladie qui pourrait atteindre tous les organes du corps humain. Elle deséquilibre toutes les maladies sous-jacentes, surtout le diabète. On a eu beaucoup de diabétiques qui sont arrivés aux urgences dans des situations très graves, conséquence d'une acidocétose qui est un métabolisme du diabète. Cet état découle d'une glycémie très élevée. Le corps humain pour se défendre contre cette glycémie anormalement élevée, produit dès lors de l'acétone qui est un acide dangereux. Au final, le malade souffrira du métabolique du diabète qui peut se terminer par un coma. Par ailleurs, nous avons noté que la Covid-19 a reproduit les effets post-séisme de 2003. Rappelons-nous, nous avons eu à l'époque une épidémie du diabète. Nous avons, malheureusement, constaté une grosse prévalence du diabète après la survenue du coronavirus. Plus grave, on a eu des cas de diabète qui ne répondaient pas à l'insuline. C'est dire qu'à côté de la pandémie du Covid, on a eu une pandémie de complications. » Comment éviter ces complications ? «Il y a d'abord la prévention, notamment les gestes barrières. Une fois qu'on a eu le Covid, il faut aller consulter le médecin et surtout ne pas laisser traîner les choses. Je reviens pour insister sur la prévention, la vaccination et les gestes barrières. Malheureusement, certains malades viennent lorsqu'ils ont atteint un état grave. Souvent, nous les orientons vers la réanimation. Nous avons, en outre, constaté qu'entre deux vagues de Covid-19, certains ont fait deux AVC. D'autres qui ont fait deux AVC ont fait un troisième. Des malades ont fait un double infarctus. Le Covid déstabilise tout : l'hypertension, le diabète et il génère d'autres complications. Il y a autre chose, notamment la santé mentale qui est menacée. Nous avons remarqué qu'il y a eu des décès de malades angoissés. Les malades calmes s'en sortent généralement bien. Le Covid génère de l'angoisse, de l'anxiété, des insomnies et cause des dépressions nerveuses pendant et après le Covid. En plus des complications physiques, il y a des risques sur la santé mentale, il faut le noter. Donc, le meilleur remède actuellement reste la prévention. En effet, à l'heure actuelle, nous n'avons pas un traitement curatif qui va tuer le virus. Tout ce qu'on donne c'est des traitements symptomatiques. En fin de compte, c'est pour accompagner le malade. De plus, l'oxygène n'est pas un traitement de fond. Il aide à passer un moment difficile pour quelqu'un qui n'arrive pas à s'auto-oxygéner normalement. Conséquences, dans pas longtemps, les gens qui ont eu la fibrose pulmonaire à la suite du Covid dépendront de l'apport externe en oxygène. Le Covid est loin d'être un virus banal. Pour l'heure, seules une prévention rigoureuse et la vaccination pourraient lui barrer le chemin de la contamination. Propos recueillis par A. L.