De notre envoyé spécial à Las Palmas de Gran Canaria, Tarek Hafid La conférence de la Coordination européenne pour le soutien et la solidarité avec le peuple sahraoui (Eucoco) s'est tenue à Las Palmas dans les îles Canaries. Les militants et les organisations qui soutiennent la cause sahraouie ont mis en œuvre un nouveau programme d'actions dans un contexte de reprise du conflit armé au Sahara Occidental. La 45e édition de Coordination européenne pour le soutien et la solidarité avec le peuple sahraoui (Eucoco) a finalement eu lieu après un report d'un an et demi dû à la pandémie de Covid-19. Venus de tous les continents, les acteurs les plus actifs en matière de soutien à la cause sahraouie se sont donné rendez-vous les 10 et 11 décembre à Las Palmas de Gran Canaria, dans les îles Canaries. Il faut dire que le contexte au Sahara Occidental a totalement changé depuis la dernière édition à cause, notamment, de la reprise de la lutte de libération décidée par le Front Polisario. D'autres événements sont venus modifier la situation depuis une année : jeu trouble des Etats-Unis, intrusion d'Israël dans la région en faveur du Maroc, nomination d'un envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU et durcissement de la répression contre les citoyens sahraouis dans les territoires occupés... «Tous ces éléments font que cette édition de l'Eucoco se déroule dans une conjoncture que nous devons prendre en considération dans notre programme d'actions de l'année 2022. Ces actions sont définies par les ateliers consacrés à la consolidation de l'Etat sahraoui, les droits humains dans les territoires occupés par le Maroc, la spoliation des ressources naturelles et celui des questions liées à la politique et à l'information. Nous avons interpellé l'ONU pour exiger la prise de mesures concrètes pour l'organisation de pourparlers entre le Front Polisario et le Maroc, en prenant en considération le fait qu'il y a un territoire en situation de guerre», explique Saïd Layachi, président du Comité national algérien de solidarité avec le peuple sahraoui (CNASPS), qui dirige la délégation algérienne. À Las Palmas, les participants ont appelé à faire preuve de vigilance au sujet du recours introduit par la Commission de l'Union européenne auprès de la Cour de justice de l'Union européenne au sujet de l'arrêt rendu le 29 septembre 2021, exigeant la révision de l'accord entre l'UE et le Maroc. Cet arrêt, rendu en faveur du Front Polisario, précise que le Sahara Occidental n'est pas concerné par cet accord. Il s'agit notamment des produits et des ressources halieutiques spoliés dans ce territoire occupé par le Maroc. Il faut s'attendre à ce que les principaux soutiens du Maroc, à savoir l'Espagne et la France, multiplient les actions dans le but de débouter le Front Polisario devant la Cour de justice de l'Union européenne. « Les enjeux sont très importants sur le plan de l'application du droit international, puisque les magistrats européens ont clairement reconnu le Front Polisario comme étant le représentant légitime du peuple sahraoui. Ils ont également identifié les frontières du Sahara Occidental et marqué la séparation entre le territoire marocain et le territoire sahraoui », a indiqué Pierre Galand, le président de la task force de l'Eucoco. Cette cour, dont le siège est au Luxembourg, dispose de vingt mois pour étudier et statuer sur le recours introduit par la Commission européenne. Sur le plan du droit international, les enjeux sont très importants pour le peuple sahraoui et la légitimité dans son combat pour l'autodétermination. Notons que l'atelier politique et information a défini une série d'actions concrètes à mettre en œuvre au niveau international pour lever la chape de plomb politique et médiatique imposée au dossier sahraoui en Occident. « Depuis de nombreuses années, la grande majorité des institutions, des gouvernements européens et occidentaux s'efforcent d'occulter et de dissimuler les causes et les conséquences du conflit dans le Sahara Occidental, qu'engagent leurs propres responsabilités », constatent les membres de cet atelier. Ils appellent donc à engager des actions pour «exiger des institutions et gouvernements européens, comme l'Etat espagnol en sa qualité de puissance administrante, et la France en tant que principal soutien du Maroc, qu'elle considère comme son protectorat, qu'ils assument leurs responsabilités de manière explicite afin de garantir des étapes effectives et concrètes permettant au peuple sahraoui de s'autodéterminer ». T. H.