À défaut de salon pour le véhicule neuf, les Algériens auront droit à un salon de l'occasion. C'est l'initiative rapportée par des sites spécialisés et qui aura lieu du 19 au 25 décembre courant au niveau du complexe du 5- Juillet, à Alger. Ainsi, la crise profonde qui secoue le secteur en Algérie depuis plusieurs années aura, en définitive, sérieusement altéré les traditions d'un marché automobile normalisé. Nous assistons, hélas, à un retour inattendu à des situations qu'on croyait à jamais révolues. Du temps où l'unique offre pour le citoyen était les véhicules anciens plusieurs fois triturés et vendus dans les marchés hebdomadaires du pays à des prix dépassant tout entendement et sans aucune garantie. L'intermède de l'ouverture du marché aux importations pendant plus de 20 années avec une pléthore de marques qui se partageaient les parts de marché ne sera plus que le lointain souvenir d'une heureuse parenthèse qui se referme. Celle des show-rooms richement achalandés, des offres larges et variées, des prix particulièrement abordables, des remises alléchantes, du crédit à la consommation disponible à la demande, de services après-vente en pleine ascension qualitative, de formations pointues sur les dernières technologies pour les techniciens algériens, de prestations aux standards internationaux... C'était aussi celle du Salon international d'Alger qui s'était rapidement hissé au premier rang des manifestations attendues par les visiteurs et enregistrant des niveaux d'affluence jamais relevés précédemment par les organisateurs de la Safex. Un haut lieu des nouveautés et des concepts inscrit en belles lettres sur les tablettes des constructeurs mondiaux, qui y présentaient en première régionale et continentale leurs dernières créations et innovations... C'était également celle des multiples salons régionaux pour plus de proximité avec les clients et des salons spécialisés, comme celui réservé aux véhicules anciens et de collection qui attirait de plus en plus de passionnés et à travers lequel le visiteur découvrait avec beaucoup de nostalgie de véritables chefs-d'œuvre de l'automobile, soigneusement et amoureusement entretenus... Aujourd'hui, le citoyen devra, hélas, prendre son mal en patience et se contenter de ces rendez-vous tant recherchés par les revendeurs de tout acabit et où l'occasion se voit pousser des ailes. Avec une reprise attendue des activités automobiles au cours de l'année 2022, verra-t-on, un jour, la résurgence de cet environnement favorable, vécu par les Algériens plus de deux décennies durant ? Les marques seront-elles aussi nombreuses à se bousculer au portillon ? Les prix seront-ils aussi attractifs ? Les prestations en service après-vente seront-elles aussi conformes à l'image et la réputation des constructeurs et des normes universelles ? En raison de la déconstruction du secteur entamée depuis plusieurs années avec la mise à l'écart de ses professionnels et l'encouragement de la prédation, de la remise en cause du capital expérience et expertise engrangé à coups de lourds investissements dans la formation et la mise à niveau des infrastructures, le glissement continu du dinar sur le marché du change et une volonté politique clairement affichée en faveur de la préservation de nos réserves en devises, un retour à ces «20 glorieuses» paraît, à l'évidence, peu probable. En tout état de cause, l'avenir proche nous le dira. B. B.