L'Algérie va lancer son 4e turbocompresseur du gazoduc Medgaz pour l'acheminement du gaz vers l'Espagne et le Portugal dès ce mois de janvier. C'est ce qu'a annoncé le P-dg du groupe Sonatrach prédisant une hausse du prix du baril de pétrole qui pourrait dépasser le seuil des cent dollars. Rym Nasri - Alger (Le Soir - Le P-dg du groupe Sonatrach, Toufik Hakkar, a accordé, dimanche dernier, une interview à la chaîne télévision Al24News, où il a abordé plusieurs questions d'actualité. Rappelant la décision souveraine de l'Algérie de renoncer à l'exploitation du Gazoduc Maghreb Europe (GME) pour l'approvisionnement de l'Espagne et du Portugal à compter de novembre 2021, il annonce la mise en service prochaine du 4e turbocompresseur du gazoduc Medgaz pour la fourniture de ces deux marchés en gaz algérien, prévue au cours de ce mois de janvier. Un turbocompresseur qui permettra, précise-t-il, d'assurer aux clients de Sonatrach les quantités contractuelles et de répondre aux éventuelles demandes de quantités supplémentaires. Il assure, d'ailleurs, que même si aucune demande de quantités au-delà de celles prévues dans les contrats n'a été exprimée à ce jour par les clients espagnols, «Sonatrach est prête à négocier la quantité, le prix et les modes de transport». Hakkar souligne, à cet effet, les importantes capacités algériennes de liquéfaction qui permettent de répondre à toute demande de quantités supplémentaires par l'Espagne. «Vu sa proximité géographique, l'Espagne pourra recevoir sa commande en moins de 24 heures», assure-t-il. Quant aux quantités destinées initialement au marché marocain, il fait savoir qu'elles ont été réorientées vers d'autres marchés méditerranéens, mettant en exergue l'expérience de Sonatrach qui lui «a permis de trouver rapidement de nouveaux marchés». Le P-dg du groupe Sonatrach prévoit, en outre, l'augmentation du prix du baril de pétrole qui pourrait dépasser les 100 dollars à moyen terme. Cette probable hausse n'est, selon lui, que la résultante directe du recul des investissements dans l'exploration et le développement. Cependant, il n'écarte pas un recul de ces prix face à l'évolution de la situation sanitaire et de la reprise de l'économie. S'agissant de la hausse qu'a connue le marché gazier ces derniers mois, il la met sur le compte de la politique énergétique adoptée par les pays consommateurs, basée sur la transition vers les énergies renouvelables, d'où le recours aux contrats d'achat direct «Spot» au lieu des contrats à long terme. «Nous avons averti depuis des années sur les résultats de la transition énergétique non étudiée et précipitée. Cette démarche a créé un climat de doute chez des investisseurs qui refusent d'injecter des sommes importantes sans une vision claire à long terme», explique-t-il. Pourtant, poursuit le même responsable, «un avenir florissant» attend les hydrocarbures (gaz et pétrole), puisque des études attestent que les énergies fossiles occuperont une importante place sur le marché jusqu'en 2050. Il évoque ainsi la «guerre» contre les hydrocarbures menée au nom de la préservation de l'environnement par certains pays consommateurs ayant adopté des plans «précipités» de transition vers les énergies renouvelables. Or, «il n'est pas raisonnable d'admettre des plans de préservation de l'environnement en luttant contre les seules hydrocarbures et en fermant les yeux sur le charbon qui est parmi les énergies les plus polluantes», fait-il remarquer. Pour lui, cette démarche n'est en réalité qu'une «guerre d'intérêts». Pour la reprise des projets en Libye La Sonatrach s'apprête à reprendre ses projets pétroliers en suspens en Libye. Selon son P-dg, l'entreprise œuvre avec ses partenaires libyens à la réunion des conditions de retour en vue de sécuriser les travailleurs et les équipements. Pour ce faire, il affirme que des visites sont prévues avant la fin de février prochain, dans l'objectif de négocier sur le retour de Sonatrach en Libye. «Nous avons engagé d'importants investissements en matière de prospection de pétrole et de gaz, et nous n'allons pas laisser ces découvertes sans développement», dit-il. Toufik Hakkar évoque, par ailleurs, le plan d'investissement du groupe Sonatrach de 2022-2026 qui comporte près de 40 milliards de dollars, dont 8 milliards de dollars pour 2022. «La plus grande part de ces investissements sera orientée vers l'exploration et la production, afin de préserver les capacités productives nationales», précise-t-il. L'entreprise qui mise sur la réalisation d'au moins quatre projets dans le domaine de la pétrochimie compte également financer les projets de raffinage, afin de répondre à la demande nationale dans ce domaine. Ry. N.