En plus de la hausse des prix de plusieurs produits, une grave pénurie frappe certains produits de première nécessité depuis le début de l'année, à l'image du lait, de l'huile de table et du blé. Aux menaces des autorités de sévir s'ajoute l'annonce de l'ouverture d'une enquête parlementaire sur ces pénuries. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Depuis le début de l'année 2022, plusieurs produits de base ont disparu des étals. C'est le cas notamment de l'huile de table, du lait en sachet et en paquet, du blé et de la farine de plus en plus indisponibles. À ces pénuries sont venues s'ajouter des hausses sauvages des prix de plusieurs autres produits comme le pain subventionné qui est presque introuvable, des produits laitiers, des pâtes alimentaires, des légumes secs et des viandes rouges. Il faut dire que ces derniers mois ont été marqués par la hausse vertigineuse des prix de pratiquement tous les produits, y compris de la droguerie. Face à cette situation, le gouvernement a donné des signes d'impuissance. Malgré toutes les mesures prises et les annonces faites, la crise demeure toujours et s'aggrave davantage. « On se plaignait de l'absence du lait subventionné et maintenant, on ne trouve même pas le lait en paquet qui coûte plus de 100 DA », s'indigne un citoyen rentré bredouille après avoir fait le tour de plusieurs supérettes à la recherche de ce produit. Pour veiller à la disponibilité de certains produits, le ministre du Commerce a multiplié les sorties sur le terrain. Mais ces produits ne sont toujours pas disponibles, faisant croire que le problème est beaucoup plus compliqué que l'on pouvait le penser. Hier, c'est le Conseil de la Nation, Chambre haute du Parlement, qui a annoncé l'ouverture d'une enquête parlementaire sur ces pénuries. En effet, selon un communiqué de cette chambre, le Sénat a décidé la création d'une commission d'enquête parlementaire sur la pénurie et la spéculation sur des produits alimentaires de large consommation. « En accord avec la politique pertinente du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, au titre de ses efforts soutenus et de sa ferme volonté de lutter contre le fléau du monopole et de la spéculation illicite, qui prennent de nouvelles proportions qui menacent la stabilité, la cohésion et l'immunité sociétale de la Nation, et au regard des développements survenus sur le marché des biens et marchandises dans plusieurs wilayas et des pratiques et comportements hostiles et honteux de certains spéculateurs qui s'en prennent à la subsistance des citoyens, le Conseil de la Nation a décidé (...) de mettre en place une commission d'enquête parlementaire chargée d'enquêter sur les problèmes de pénurie et de monopole touchant certains produits essentiels de large consommation à travers le pays », a annoncé le communiqué. Cette décision a été prise à l'issue d'une réunion du bureau du Conseil de la Nation, élargie aux présidents des groupes parlementaires et au questeur. Les spéculateurs : premiers accusés Concernant la crise du lait, les producteurs ont déjà tiré la sonnette d'alarme et annoncé la pénurie, suite à la décision du ministère de l'Agriculture de suspendre l'importation de la matière première, qui est la poudre de lait, depuis le mois de septembre dernier. Le ministère avait rétabli les autorisations d'importation à la fin de l'année dernière au moment où l'approvisionnement du marché a été fortement perturbé. Selon les producteurs, il faut attendre plus de deux mois pour un retour à la normale. En attendant, la commission parlementaire du Conseil de la Nation est attendue pour faire la lumière sur les véritables causes de cette crise. Elle doit identifier, selon le communiqué, « qui alimente ces pénuries et qui en est l'instigateur », même si le coupable est déjà désigné : les spéculateurs. Objectif : « Contrer les manœuvres et les comportements malveillants répétés des spéculateurs qui participent de leur égoïsme et de leur avidité aux dépens des producteurs et des consommateurs. » Et de rappeler à « tous les spéculateurs, les larbins de la cupidité et les provocateurs de troubles et des tentatives d'atteinte au pays » que le Parlement avait adopté récemment une loi relative à la lutte contre la spéculation illicite qui prévoit des dispositions et des mesures répressives. « L'Etat et la loi seront à l'affût à travers la consécration de la reddition des comptes en vue d'instaurer une vision claire de l'égalité sociale et de préserver le caractère social de l'Etat », a souligné le communiqué, précisant que la commission d'enquête entamera son travail par la mise en place d'un programme d'action à court terme conformément aux mesures légales. Soulignons enfin que le Premier ministre, ministre des Finances, Aïmene Benabderrahmane, a expliqué, jeudi dernier, que la pénurie de certains produits de consommation, tels que l'huile de table, était due principalement à une perturbation dans la distribution, assurant d'un retour à la normale durant les prochains jours. Il a expliqué que ce dysfonctionnement « résulte des procédures et formalités accomplies par certaines usines vers la fin de chaque année, telle que l'opération d'inventaire qui entraîne une baisse du rythme de distribution ». K. A.