Le négociateur en chef et secrétaire politique du Front Polisario a indiqué que l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara Occidental doit bénéficier du soutien du Conseil de sécurité pour mener à bien sa mission. Khatri Addouh, qui a animé une conférence de presse au terme de la visite de Staffan de Mistura dans les camps de réfugiés sahraouis, a souligné que le Maroc n'a aucune intention de prendre part à des «négociations sérieuses». L'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara Occidental a achevé, dimanche soir, sa première visite dans les camps de réfugiés de Tindouf par une rencontre avec le président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), Ibrahim Ghali. Staffan de Mistura s'est ensuite envolé pour Nouakchott, troisième étape de sa première tournée dans la région. Hier, lundi, le secrétaire politique du Front Polisario, qui est également le chef de la délégation des négociateurs de ce mouvement de libération, a tenu une conférence de presse afin de faire le point sur cette visite. Khatri Addouh a précisé le cadre de cette première tournée qui a pour objectif de « prendre contact avec les parties au conflit, c'est-à-dire le Maroc et le Front Polisario, ainsi que les deux pays observateurs que sont l'Algérie et la Mauritanie». «Nous n'avons rien négocié avec l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU, nous avons juste eu des discussions avec lui. Lors de ces discussions, nous avons fait en sorte que les représentants du peuple sahraoui puissent s'exprimer face à lui. Cela est également valable pour les responsables politiques et militaires», a-t-il dit lors de cette rencontre avec la presse qui s'est déroulée dans le camp de réfugiés de Smara. Khatri Addouh a souligné que le Front Polisario ne sait pas encore comment Staffan de Mistura compte s'y prendre pour relancer le processus politique. «Il est important de savoir que le Maroc a toujours imposé aux envoyés personnels du secrétaire général de l'ONU ses propres conditions. Actuellement, il tente d'imposer sa vision (le plan d'autonomie), qui est contraire à la légalité internationale, tout en impliquant d'autres parties dans ce conflit, en premier lieu l'Algérie, dans le format des futures négociations. Il apparaît donc que le Maroc cherche des arguments pour justifier son refus d'aller vers des négociations sérieuses. A notre avis, de Mistura n'ira pas loin sauf si le Conseil de sécurité, le secrétariat général de l'ONU parviennent à faire face aux manœuvres marocaines.» Pressions sur le Maroc Selon Khatri Addouh, le Front Polisario attend que l'envoyé personnel d'António Guterres «fasse ses preuves». «Nous prenons en considération le côté humain de Staffan de Mistura, tout comme nous l'avons fait avec ses prédécesseurs ainsi que toutes les personnes qui travaillent sur le dossier du Sahara Occidental. Mais il doit de son côté démontrer sa sincérité et ses compétences dans la gestion de ce dossier tel qu'il se présente, c'est-à-dire une question de décolonisation et du droit à l'autodétermination d'un peuple.» Les Sahraouis tiennent à rester réalistes, puisque cette mission ne saurait être menée à bien sans le soutien des Etats membres du Conseil de sécurité de l'ONU. «De Mistura peut réaliser des choses très positives dans le règlement de ce conflit, à condition qu'il bénéficie du soutien du Conseil de sécurité de l'ONU. Le Conseil de sécurité doit se libérer des tensions internes et faire pression sur le régime marocain. Mais les choses ne resteront pas comme elles sont, contrairement aux années précédentes, car nous avons repris la lutte armée», a-t-il insisté. Pour cette première tournée dans la région, le diplomate italo-suédois n'a pas programmé d'escale à Laâyoune occupée. Pour le secrétaire politique du Front Polisario, la question de la situation dans les territoires occupés est partie intégrante du dossier du Sahara Occidental. «Nous estimons que l'envoyé personnel de d'António Guterres ne pourra pas répondre à toutes les attentes des Sahraouis sans se rendre dans les territoires occupés du Sahara Occidental. C'est une partie importante des préoccupations de l'ONU à travers la Mission des Nations-Unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara Occidental (Minurso). Staffan de Mistura se rendra-t-il dans les territoires occupés prochainement ou ultérieurement ? C'est probablement une question de calendrier ? Il est certain que toute initiative qui exclut les territoires occupés sera incomplète», a ajouté Khatri Addouh. T. H.