Il y a longtemps que l'on a claqué la porte de la culture au nez de ceux qui la font et rongent leur frein en attendant une intervention qui relèverait du miracle ! Celle qui mettra un terme à l'enfermement de la réflexion collective. Qui est tenue à distance par une bigoterie ambiante réfractaire aux apports extérieurs et à toute initiative qui libérerait l'inspiration. J'avais envie de partager avec vous l'une de ces émotions qui réveillent en nous la nostalgie de moments précieusement rangés dans un coin de notre mémoire. Une mémoire qui veille sur cet équilibre qu'elle aura contribué à asseoir. Je ne l'ai pas encore écoutée parler, mais je vais attendre qu'il soit 18 heures, avec cette impatience qui nous habite lorsque l'on craint de rater un évènement important. Comme ces moments qui nous remettent droit dans nos bottes parce qu'ils nous permettent, le temps de leur diffusion, d'échapper à ces instants insipides qui peuplent nos journées et en dérèglent la cadence. Comme si en subir la punition devenait, désormais, un passage obligé. Depuis l'annonce de son passage dans le «Diasporama» du Soir d'Algérie, avec mon amie et consœur, la tellement talentueuse Maya Zerrouki Bendimerad, j'attends de pouvoir m'adonner à un délicieux abandon. Celui de l'écouter raconter sa passion. La musique, la direction d'orchestre, son engagement auprès des jeunes issus des banlieues. Son intérêt pour ceux envers lesquels on éprouve le plus triste des rejets et auxquels elle consacre beaucoup de son temps précieux. Ce n'est pas rien de tendre la main à ceux dont on brutalise la vocation et que l'on pousse à enterrer leurs rêves de courir le monde à la conquête de ses scènes prestigieuses. Des talents, évidents, dont la vocation effraie plus qu'elle ne réconforte les milieux qui n'admettent pas qu'elle puisse aider à s'épanouir. La remarquable Franco-Algérienne Zahia Ziouani, aux bras qui étreignent tous les jeunes prodiges qui en réclament l'attention, m'émeut. Aujourd'hui, on fête la médiocrité comme si la clairvoyance terrifiait ceux qui craignent qu'en la célébrant, elle puisse révéler leur pitoyable misère. M. B.