Depuis son inauguration au premier jour du printemps de l�ann�e courante, le Mus�e de l�eau de la charmante bourgade de Toudja (pr�s de B�ja�a), premier du genre en Alg�rie, ne cesse de d�frayer positivement la chronique culturelle locale et nationale, en alignant performance sur performance et d�multipliant � l�envi les jalons dress�s sur la voie d�une incontestable et annonc�e success story. Parce que rarissimes et insolites dans le d�sert culturel qui est le n�tre, ces prouesses hors normes d�une institution culturelle locale fra�chement mise � flot gr�ce � une initiative citoyenne soutenue par l�Union europ�enne (programme ONG II) m�ritaient d��tre relev�es et, sans fausse modestie aucune, ostensiblement affich�es. Qu�on en juge. Pr�s de deux mille personnes pour saluer l�av�nement de la naissance d��Akham N�waman� sous les auspices hautement symboliques d�une prestigieuse et l�gendaire marraine : la grande Djamila Bouhired. Une moyenne de pr�s de cent visiteurs par jour, depuis ! Qui dit mieux ! En ce mardi 12 octobre, dernier jour de l�exposition de peinture de Said Ihaddaden, un enfant du village vivant � Hanovre (capitale du nord de l�Allemagne), ils �taient pr�s d�un demi-millier (des enfants surtout) � venir se relayer f�brilement durant toute la journ�e devant les portes grandes ouvertes de la massive et inesth�tique silhouette de ce qui fut, dans les �ann�es p�nuries�, le seul espace commercial � cultiver l�aust�rit� dans un lieu de naturelle abondance : le Souk-El-Fellah. Le fils de Si-Ahmed, le longiligne et intarissable coiffeur du village au b�ret basque si �l�gamment port�, dont l��choppe continue encore d�avoir pignon sur rue au c�ur de �l�Ainseur �, nom de la principale rue du village, m�ritait bien cet hommage des siens. N� au lendemain de l�ind�pendance (1963) dans la luxuriance et l�opulence �cologique du pied de la cascade (El Ka� N�temri) assurant depuis peu une inesp�r�e profondeur champ�tre au Mus�e, Sa�d a tenu � saluer � sa fa�on, celle de l�arth�rapeute accompli qu�il a fini par devenir dans son froid exil germanique, la miraculeuse transfiguration et l�aquatique sursaut d�orgueil de l�espace magique qui l�a vu venir au monde, contre le sort qui est aujourd�hui encore fait � son environnement. La provocation de l�ancien pensionnaire de la prestigieuse Acad�mie d�art plastique Hambourg HAF et de sant� publique Sabine Blindow, devenu depuis peintre connu et reconnu, avec en prime une galerie virtuelle visible sur la toile (celle d�internet celle-l� !), �tait de taille, risqu�e et particuli�rement p�rilleuse avant le vernissage de l�exposition. Sa�d Ihaddaden a en effet os� troquer en cette fin d��t� tardif et d�hiver venant tout juste d�annoncer sa couleur le douillet confort artistique de la capitale de la Basse Saxe, patrie du plus grand parc d�exposition du monde, contre l�aust�re et escarp� espace d�exposition non am�nag� du mus�e de son village. Redoutable pari s�il en est, que Sa�d vient de relever et de� gagner. Avec brio et une pinc�e d�audace artistique qui n�a d��gale que l�enchantement et l��nergie que peut tout naturellement produire sur un vrai artiste, sur une toile, le ressourcement in�dit d�un authentique art-th�rapeute avec les eaux cristallines de son enfance, liquide amniotique premier dans lequel il a longtemps baign� dans sa vie intra-ut�rine en Alg�rie ! Le bilan ? Pr�s de trente toiles et une cinquantaine de caricatures dont certaines dans la langue des anc�tres, partag�e avec ses h�ros d�hier : les g�nies bienfaisants peuplant les lieux de jeu de ses r�surgences enfantines, tout proches. Dans un coin du mus�e, son �uvre majeure la plus connue �Nu et ru buste�, tir�e et vendue � pr�s de deux millions d�exemplaires sous forme de carte postale dans le pays de Goethe, tr�ne telle une Mona Lisa locale stylis�e. Pendant les cinq jours que dura l�exposition de son ma�tre, elle ne cessa pas un seul instant d�irradier et de propager � l�infini de ses impertinentes z�brures horizontales l��tonnement du lieu de voir le potache d�hier si entour� et si prolifique en formes d�expression picturales. M�me les membres de l�APC, p�riodiquement tiraill�s par des dissensions politiques claniques d�un autre �ge qui les emp�chent toujours de s�asseoir autour de la m�me table du conseil municipal, �taient tous l�. Le tout nouveau pr�sident, les anciens vice-pr�sidents, les anciens futurs �lus� Qui a dit que l�art n�avait pas des vertus r�conciliatrices ?� L�inamovible secr�taire g�n�ral, fr�quemment diabolis� par tous, �tait au four et surtout au moulin pour veiller au confort de tous et de� chacun. Le menu, hydrique � souhait comme on peut ais�ment l�imaginer, conjuguait les plong�es des invit�s du jour dans les grossi�res palettes des eaux min�rales du lieu aux vertus m�dicales attest�es, � la finesse et au design haut en colorants bien fades des petites bouteilles et bo�tes de jus frapp�es du label Toudja�Toutes ces �laborations �picturales� commerciales �taient � l��vidence bien p�les face aux tons chatoyants et aux audaces graphiques stylis�es, dont Sa�d a, � profusion, barbouill� et maquill� au pr�alable le lieu de son triomphe. Notre artiste a tenu � pr�ciser que cet �v�nement pictural, le premier qu�a v�cu ce modeste et si entreprenant mus�e, se devait d��tre une �action culturelle et p�dagogique �. Bravo Sa�d ! Merci l�APC de Toudja et �ternelle reconnaissance � l�association Gehimab de B�ja�a ! Elle le fut et au-dessus de tout soup�on. En t�moigne le nombre d�enfants qui organis�rent un harc�lement permanent de leur a�n� venu de si loin, afin qu�il leur explique de sa patiente et monocorde voix de p�dagogue habitu� au contact des personnes en difficult� les secrets de l�art abstrait et les techniques des 3D en peinture. Rien que cela ! Et dans un village perdu sur les ultimes �perons rocheux du Djurdjura, enla�ant de pr�s la ville de B�ja�a ! Dans la d�finition de l�artiste que notre peintre combl� a livr� � un journal local, cette affirmation : �L�artiste doit voir et analyser l�environnement avec les yeux de l�int�rieur, � travers d�autres perspectives et �tats d��me, afin de parvenir � ce qui n�est pas perceptible � l��il nu.� Dans une c�l�bre chanson, l�immense Jacques Brel d�signait ce type d�introspection artistique par �la qu�te de l�inaccessible �toile�. Pour Sa�d Ihaddaden, l�art-th�rapeute de Hanovre et de Toudja, l�inaccessible est� toile, d�sormais ! Merci d�avoir insist� pour que je sois de la partie.