Les déclarations et les actes du Président français Emmanuel Macron, dans le cadre de l'apaisement des mémoires, se sont multipliés ces derniers mois. Hier mardi, il a fait un nouveau pas dans ce sens en rendant hommage aux victimes de la répression policière de la manifestation des Algériens pour l'indépendance du pays, le 8 février 1962 à Paris. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Le Président français poursuit sa politique des «petits pas» dans le dossier de la mémoire entre l'Algérie et la France, dans le cadre de son approche des questions mémorielles : «Regarder l'Histoire en face, de façon à construire une mémoire républicaine, qui puisse être partagée par toutes et tous en France.» Ainsi, il a évoqué, hier, dans un message publié sur le site de la présidence de la République française, la manifestation des Algériens organisée le 8 février 1962 à Paris, pour l'indépendance du pays et réprimée dans le sang par la police française. «Le 8 février 1962, une manifestation unitaire a été organisée à Paris pour la paix et l'indépendance en Algérie et contre les attentats de l'OAS. Elle a été violemment réprimée par la police : 9 personnes ont perdu la vie, plusieurs centaines furent blessées. Soixante ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes et de leurs familles», a écrit Macron dans son message. Un message qui intervient au lendemain de la fin d'une crise diplomatique entre Alger et Paris déclenchée par des propos lancés par Macron lui-même où il avait critiqué de manière acerbe le système politique algérien, allant jusqu'à s'interroger sur l'existence de la nation algérienne avant la colonisation française. La crise a été d'une gravité sans précédent, poussant les autorités algériennes à rappeler l'ambassadeur en place à Paris et à fermer l'espace aérien aux avions militaires français en mission dans les pays du Sahel. La page a été récemment tournée (définitivement ?) après la visite du chef de la diplomatie française à Alger et la reprise des contacts directs entre les chefs des deux Etats. Dans un long texte publié il y a quelques jours par l'Elysée, il est affirmé que le président de la République a, tout au long de son quinquennat, poursuivi une même approche des questions mémorielles : regarder l'Histoire en face, de façon à construire une mémoire républicaine, qui puisse être partagée par toutes et tous en France. «L'histoire de la colonisation et de la guerre d'Algérie a, à cet égard, fait l'objet d'une attention particulière du président de la République, tant les blessures mémorielles issues de cette période sont encore vives dans notre société», a précisé la présidence de la République française. Et de rappeler que des gestes symboliques ont été réalisés dès le début de son mandat, avec la reconnaissance officielle de l'assassinat par la France de Maurice Audin, jeune mathématicien qui travaillait à l'Université d'Alger et militait pour l'indépendance algérienne. En juillet 2020, Macron avait décidé de la restitution de crânes d'Algériens, conservés depuis le XIXe siècle au Muséum national d'histoire naturelle, avant de confier à l'historien Benjamin Stora la mission de rédaction d'un rapport sur les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d'Algérie. Le 2 mars 2021, Macron a reconnu l'assassinat de l'avocat Ali Boumendjel avant de célébrer en grande pompe le 60e anniversaire des évènements du 17 Octobre 1961 à Paris. K. A.