Le pr�sident de la R�publique, qui affectionnait discourir � n�en plus pouvoir, ses deux premiers mandats durant, se r�signe d�sormais � une attitude empreinte de mutisme, par moments sid�ral. Il officie de moins en moins en animateur en chef de la vie politique nationale. Les raisons ? Myst�re et boule de gomme. Sofiane A�t-Iflis - Alger (Le Soir) - Depuis quelque temps, c�est plut�t au Premier ministre Ahmed Ouyahia que se trouve d�volu le r�le d�assurer la repr�sentation � haut niveau de l�Etat. Hormis l�audience qu�il a accord�e au directeur g�n�ral du Fonds mon�taire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, le pr�sident Bouteflika n�a pas eu une activit� diplomatique d�bordante. C�est son Premier ministre qui s�est charg� de recevoir et de s�entretenir avec tout le beau monde qui a d�fil� dans la capitale alg�rienne ces derniers jours. Bouteflika est-il gu�ri de la tendance qu�il avait � vouloir tout r�genter, tout faire ? On est tent� de le croire, car, chez lui, cette r�signation au silence est loin d��tre passag�re. Elle marque d�un marqueur �pais toute l��tape jusque-l� accomplie de son troisi�me mandat. Ses sorties sur le terrain, ses visites de travail et d�inspection ont �t� r�duites de mani�re drastique. A tel point que ses apparitions publiques se sont r�sum�es aux obligations protocolaires. Ils sont loin les temps o� son avion per�ait inlassablement les cieux, le transportant de contr�e en contr�e et de forum en forum. Au fil du temps et pr�s de douze ans de r�gne plus tard, le pr�sident Bouteflika semble s��tre lass� des longs p�riples �prouvant physiquement. Sa maladie, qui l�avait oblig�, on se le rappelle, � une convalescence stricte, est certainement pour quelque chose dans ce rechignement devant le long parcours et l�effort physique. Si sa maladie n�est qu�un mauvais souvenir, comme l�ont attest� ses m�decins, Bouteflika semble en revanche avoir pris go�t � moins que ce soit une contrainte � � cette autre fa�on d��tre pr�sident : r�duire de son omnipotence. Il fut un temps, ce serait lui et non Ahmed Ouyahia qui aurait d�coll� pour Lisbonne et pour T�h�ran, m�me si les rendez-vous int�ressaient des responsables d�un rang inf�rieur, en somme les Premiers ministres et les chefs du gouvernement. Estime-t-il r�ussie sa mission diplomatique entreprise et men�e auparavant avec hargne qu�il ne juge plus opportun d�en maintenir la cadence et de laisser quelques autres initi�s s�acquitter de la t�che devenue moins lourde ? Pas si s�r. En la mati�re, il reste encore fort � faire. A en juger par la cristallisation des attendus assign�s � l�effort diplomatique d�bordant consenti durant les deux pr�c�dents mandats, il n�y a pas de quoi vraiment se r�jouir. En effet, les investissements directs �trangers (IDE), qui devaient traduire la r�ussite diplomatique, ne nous ont pas envahis. Le gouvernement, comme les observateurs attentifs de notre sph�re �conomique d�plorent que les IDE soient r�duits � leur portion congrue. Ceci pour ne faire appel qu�� l�exemple le plus saillant. Malgr� tout cela, le pr�sident Bouteflika ne semble pas se sentir encore appel� � investir dans l�effort diplomatique. Le m�me retrait est observ� relativement aux questions relevant de la politique int�rieure. La situation sociale, d�crite par d�aucuns comme �tant au bord de l�explosion, ne semble pas l�inciter non plus � s�exprimer. Que la r�alisation des grands projets lanc�s en grande pompe tra�ne en longueur, avec les surco�ts qui vont avec, que les Alg�riens se l�vent aux aurores pour s�approvisionner en lait en sachet, rien n�arrache le pr�sident � son mutisme. C�est � peine croyable de la part d�un Bouteflika qui avait mot � dire sur tout, d�gainant ses discours et ses coups de gueule � tout vent. Abstinence passag�re ou silence durable ?