�J�ai perdu ma femme ! On est descendus ensemble sur Tizi- Ouzou et l�on s��tait dit que l�on s�appellerait avant midi pour se retrouver quelque part en ville. Voil�, je l�ai perdue !!! Il est presque quinze heures et je n�arr�te pas de tourner en rond��. C�est la m�saventure v�cue jeudi dernier, le premier jour de la coupure du r�seau t�l�phonique, par un homme qui, � l�instar de monsieur-tout-le monde, ne peut �bouger� sans t�l�phone. Pour beaucoup de monde � Tizi-Ouzou, la traque engag�e par l�arm�e depuis la soir�e de mercredi dernier contre les terroristes retranch�s � Sidi-Ali- Bounab, passe au second plan. Le sujet majeur est cette coupure du t�l�phone qui �indispose� des pans entiers de la population qui, comme qui dirait, a perdu ses rep�res. C�est par exemple le cas de ce directeur d�une �cole de formation aux m�tiers de l�h�tellerie, qui dit avoir beaucoup perdu ces quatre derniers jours puisque, dans son texte de publicit� dans les journaux, o� il annonce le lancement d�une session de formation, il a donn� des num�ros de t�l�phone portable. �C�est de l�argent d�pens� pour rien. Maintenant, c�est toute la session qui est remise en cause� � dit-il, amer, avant que le formateur qui l�accompagnait ne mette l�accent sur le fait que le cas de cette �cole n�est pas unique. �Sans t�l�phone portable, ce sont beaucoup d�activit�s qui se sont retrouv�es � fonctionner au ralenti�, assure-t-il. Il �tait, en effet, loisible de voir autour de soi le d�sarroi qu�a engendr� cette coupure des r�seaux de trois op�rateurs de t�l�phonie mobile. Dans les kiosques multiservices, les boutiques de t�l�phones qui ont fleuri � une vitesse incroyable ces derni�res ann�es � Tizi comme partout ailleurs font grise mine. �Ni flexy ni m�me les petites r�parations de t�l�phone, c�est le ch�mage technique !� lance une vendeuse dans une boutique du centre-ville, qui ne d�semplit habituellement jamais. Les plus fatalistes, quant � eux, s�en font pour les usagers des services d�urgence, particuli�rement des localit�s aux alentours de Tizi-Ouzou o� le t�l�phone fixe a toujours �t� consid�r� comme un luxe. �C�est tout de m�me curieux ; avez-vous remarqu� que l�habituel boucan de sir�nes hurlantes des ambulances d�valant le boulevard Abane-Ramdane en direction de l�h�pital s�est fait tr�s rare, ce dimanche ?� notait un jeune homme du B�timent-Bleu, quartier incontournable du centre-ville. �Les seuls qui auraient pu trouver leur compte dans cette affaire, note un repr�sentant d�une soci�t� de distribution de produits pharmaceutiques, ce sont les policiers.� �Les portables �teints, ils auraient pu se lancer dans des op�rations coup-de-poing contre les dealers qui n�auraient pas eu l�opportunit� d�appeler leurs complices depuis d�autres quartiers, comme ils le font pour avertir � chaque fois que la pr�sence polici�re est renforc�e �. Il ne fait aucune doute que si l�on a besoin de savoir combien le t�l�phone portable a chang� les comportements, c�est durant ces derniers jours. Et � ce titre, il faut croire que la �suspension momentan�e� des lignes t�l�phoniques a �t� difficilement v�cue.