Par Soufiane Djilali Une succession de fausses �lections, une subversion arm�e et un r�gne de pr�dation apr�s, nous revoil� de nouveau dans les convulsions �meuti�res de 88, dans la case de d�part d�un sordide jeu de l�oie. L�explosion de la rue que tout le monde pressentait depuis quelques ann�es est finalement survenue. L�impression de d�j�-vu, de b�gaiement de l�histoire, de g�chis av�r� suscite des sentiments de d�go�t, de lassitude et de col�re. Ingr�dients d�tonants dans une r�alit� en d�r�liction. Tout le monde per�oit plus ou moins les raisons imm�diates de la col�re. La chert� de la vie, le ch�mage end�mique, l�injustice sociale, l�empilement en couches g�ologiques des probl�mes jamais r�solus et des questions toujours en suspens. C�est aussi ces scandales gargantuesques qui provoquent la naus�e, ces trahisons d�une certaine �lite, ces l�chet�s multiples, ce cancer de la corruption qui a gangren� le corps entier de la soci�t� et beaucoup d�autres choses encore qui sont venus � bout de la patience d�un peuple en d�sh�rence. Mais c�est aussi cette incroyable arrogance de l�incomp�tence �conomique qui a r�duit la gouvernance des richesses du pays � du tripotage des lois o� les fausses promesses, les mauvais choix et l�absence de toute vision font office de programmes incoh�rents et parfois absurdes ! Apr�s les d�penses de centaines de milliards de dollars en dix ans, argent faut-il le pr�ciser provenant d�une manne naturelle, nous en sommes toujours au m�me point : 99% de nos devises sont assur�s par le p�trole ! Comme le disait Alberto Moravia, �pour gagner de l�argent, il faut une comp�tence. Pour le d�penser, il faut une culture�. Il est clair que la comp�tence n��tait pas au rendez- vous, l�Alg�rie ne gagnant rien par ses propres efforts. Quant au deuxi�me terme de la sentence, chacun peut se faire son id�e. De tous les bouts par lesquels nous pouvons prendre le probl�me, la responsabilit� remonte au pr�sident de la R�publique. Si les jeunes s�expriment dans la violence et le nihilisme d�truisant au passage autant les biens publics que priv�s, ils se mettent �galement eux-m�mes en grand danger. A l�heure o� ces lignes sont r�dig�es, deux de nos concitoyens sont d�c�d�s (que leurs parents et proches acceptent nos sinc�res condol�ances). Esp�rons que cette liste s�arr�tera ici. Et contrairement � ce qu�a pu dire l�un des membres de ce gouvernement, ces jeunes n�avaient aucun autre moyen pour dire leur souffrance. La vie politique est pratiquement sous scell�s, les syndicats ind�pendants musel�s, la presse surveill�e, les manifestations pacifiques interdites� M�me la �harga� a �t� trait�e par les autorit�s soit par le m�pris (qualifi�e de �mode�) soit par la r�pression. En s�asseyant sur le tr�ne, Monsieur Bouteflika a imm�diatement inform� qu�il ne sera pas un trois quarts de pr�sident en assumant tous les pouvoirs, ceux r�galiens de l�Etat mais aussi ceux de l��conomie, de l�APS, et de tous les autres d�membrements de l�Etat. Rien ne devait faire obstacle � sa volont�, ni celle du peuple, ni celle d�aucune institution ; la Constitution n��tant l� que pour se plier � ses propres d�sid�ratas. Aujourd�hui, Monsieur Bouteflika doit tirer les cons�quences de sa politique. L�Alg�rie doit faire repentance en revenant � tous ses enfants. La vie politique doit �tre permise � tous les citoyens dans le cadre de lois d�mocratiques. Organiser le d�bat politique, la saine comp�tition des comp�tences dans le cadre de l�Etat de droit reste l�unique solution structurelle pour le pays. Construire de vraies institutions et un vrai Etat, voil� de nobles objectifs. En attendant, pour tous ces jeunes qui ne croient plus en rien, il faut un message vrai. Il faut imm�diatement r�orienter la politique �conomique vers la production tous azimuts en assurant une couverture sociale r�aliste mais juste. Il faut ouvrir un vrai horizon d�espoir. L�argent existe largement pour cela. Il est pr�f�rable de le �risquer� dans une telle entreprise que de le condamner en pure perte au profit des puissances �trang�res qui ne pourront rien, de toutes les fa�ons, pour maintenir ce r�gime. L�Alg�rie a besoin d�un vrai acte de patriotisme. C�est � cette aune que l�histoire retient ses h�ros. Alger, le 8 janvier 2011.