Ahc�ne Osmani est cin�aste (auteur-r�alisateur, tient-il � pr�ciser). Signe particulier : il projette de r�aliser une superproduction sur l�histoire de la Wilaya III historique. Un film de 2h 30mn plus une s�rie de 30 �pisodes d�une dur�e de 26 mn chacun. Il appelle cela �une fresque historique�, cette �uvre cin�matographique d�envergure se voulant une reconstitution de hauts faits d�armes du peuple alg�rien et de ses leaders en plus d�un t�moignage sur les atrocit�s commises par les forces coloniales. Son projet de film n�est donc pas une fiction bas�e sur des faits r�els, ni a fortiori un examen critique de la r�volution, �Les lions d�Alg�rie� se rapprochant plut�t du genre documentaire, ou encore de ce que Ahc�ne Osmani consid�re comme �un film de m�moire�. Naturellement, pareille entreprise n�cessite un budget cons�quent et � la mesure des ambitions de son auteur. Celui-ci nous apprend que le devis estimatif tourne autour de... 160 milliards de centimes. Une somme qu�il estime �insignifiante� eu �gard � la dimension du projet. Or, aujourd�hui, la question qui se pose est : comment d�bloquer pareille somme pour commencer � travailler ? Ahc�ne Osmani n�a pas encore mobilis� les fonds n�cessaires pour d�buter le tournage, il se contente donc de faire des rep�rages et d�organiser des castings depuis quelques mois. Comme toujours, se pose le probl�me de financement auquel sont confront�s tous les cin�astes alg�riens. Ahc�ne Osmani ne peut faire exception � la r�gle, dans une conjoncture caract�ris�e par une forte croissance de la demande (les projets de films) hors m�me que les m�canismes d�aide � la production filmique ne peuvent aller au-del� d�un certain seuil financier pour les r�alisateurs qui ont la chance d�en b�n�ficier. Aujourd�hui, dans la perspective de la c�l�bration du cinquantenaire de l'ind�pendance de l�Alg�rie (5 Juillet 2012), on ne sait toujours pas qui sont les vrais professionnels, porteurs de projets cin�matographiques de qualit�, � �tre invit�s � marquer l��v�nement. Il s�agit, en fait, d�une occasion inesp�r�e de voir son film pris en charge ou partiellement financ� par l�Etat alg�rien. Dans un pays o� l�industrie cin�matographique n�existe pas, une telle comm�moration permettrait � des r�alisateurs �chanceux� de construire le montage financier de leur produit gr�ce � des fonds publics, de sorte � �chapper aux raccords en bouts de chandelle. Le secteur de la cin�matographie �tant sinistr� depuis belle lurette, les porteurs de projets se retrouvent donc engag�s dans un v�ritable parcours du combattant. Que dire, alors, d�un film � gros budget comme �Les lions d�Alg�rie� qui n�cessite des moyens logistiques, humains et financiers �normes ? Dans le contexte actuel, les pince-sans-rire diraient que Ahc�ne Osmani veut faire du rallye de formule 1 sur un circuit de montagne en pente raide ! Pourtant, l�id�e de r�aliser une �grande fresque historique� (sic) est fort g�n�reuse, elle m�rite encouragements et soutiens, � commencer par l�aide des pouvoirs publics, autrement l�entreprise s�apparenterait � l�Arl�sienne... Le risque est l�, pour le r�alisateur : celui d�attendre ind�finiment qu�on veuille bien lui d�bloquer les fonds demand�s, auquel cas il se retrouverait tel un g�n�ral qui, � d�faut de mobiliser son arm�e sur le terrain des combats, se contente d�une feuille de route virtuelle pour entretenir le moral de quelques troupes. Ahc�ne Osmani veut rester optimiste, le rocher de Sisyphe n�a pas l�air de lui faire peur. Il continue donc d�avancer pas � pas dans la r�alisation de son projet. �Ce film, rappelle-t-il, entre dans le cadre du programme de l��criture de l�histoire. Le sc�nario a re�u, le 7 novembre 2010, le visa de la commission de lecture et �criture de l�histoire, relevant du minist�re des Moudjadine. La direction du d�veloppement et de la promotion des arts, au niveau du minist�re de la Culture, m�a accord� l�autorisation de tournage. En novembre dernier, j�ai �t� re�u � la pr�sidence de la R�publique, service des relations publiques, pour le parrainage et le compl�ment de renseignements en besoins exprim�s. Nous en sommes maintenant � la phase des pr�paratifs, des rep�rages et du recrutement des figurants � travers des castings dont nous venons d�organiser le quatri�me. � Rien que pour le volet acteurs et figurants, il nous donne le chiffre record de... 105 000 ! Par exemple, pour la reconstitution historique de la bataille d�A�t Yahia Moussa (le 6 janvier 1959, pr�s de Tizi-Ouzou), la reconstitution des ratissages, des bombardements, de l�op�ration Jumelles, etc., il a pr�vu pas moins de 50 000 figurants. Pour les besoins de cette superproduction digne des grands p�plums hollywoodiens, Ahc�ne Osmani veut aussi mettre les moyens techniques cons�quents (cela va de soi). Il nous confie, enthousiaste : �Je tiens � �tre entour� par des professionnels, dont des conseillers, des historiens, des cin�astes. J�ai pr�vu 187 techniciens sur le terrain, c�est-�-dire des d�corateurs, cameramen, accessoiristes, machinistes, assistants-r�alisateurs, etc. Pour les effets sp�ciaux, je ferai appel � des techniciens chinois. Il est m�me pr�vu d�acheter des machines � neige et � pluie artificielles... Tout est consign� dans des fiches tr�s d�taill�es.� Bien s�r, le casting des acteurs qui camperont le r�le des militaires de l�arm�e fran�aise a, lui, besoin d�un d�placement � l��tranger. Ahc�ne Osmani veut une reconstitution des faits d�armes aussi fid�le que possible. �L�essentiel, ajoute-t-il, c�est de d�marrer au mois d�avril 2011. De toute fa�on, m�me s�il y a une date-butoir, cela n'emp�che pas de prendre le temps qu�il faut pour pouvoir r�aliser un chef- d��uvre. En attendant que les fonds soient d�bloqu�s, nous continuons � travailler sur le terrain. Tout le monde est mobilis�, � commencer par les �quipes qui travaillent avec moi. Il y a, certes, des petits probl�mes, mais ils seront r�gl�s.� Ahc�ne Osmani est n� en 1954. Fils de chahid, il est sc�nariste, producteur et r�alisateur de plusieurs longs m�trages et documentaires sur l�histoire de la R�volution. Il est notamment laur�at du prix de la tol�rance de l�Unesco (Montr�al 1999) pour son film sur Ren� Vautier. Apr�s trente ans de carri�re dans le cin�ma et l'audiovisuel, il projette de r�aliser �Les lions d�Alg�rie�, cette �uvre majeure qui, esp�re-t-il, le fera entrer dans la cour des grands cin�astes alg�riens. Le premier tour de manivelle pour bient�t ? C�est tout le mal qu�on lui souhaite.