A l'occasion du 54e anniversaire du 20 août 55, le réalisateur Ahcène Osmani a présenté cette semaine son film, Les Offensives de la liberté, au centre culturel de Chéraga. Ce film retrace les atrocités du colonialisme commises en cette date qui restera à jamais gravée dans la mémoire des Algériens. Malgré quelques insuffisances (inadaptation des costumes, des véhicules et autres décors), cela n'a pas déformé le film, gagné par les émotions qu'il produisait chez le spectateur et rattrapé par un texte consistant et si bien narré par Mohamed Boukenken. «Les moyens matériels n'étaient pas suffisants pour faire un film à ma convenance, mais j'ai tenu à le réaliser, c'était un gage pour moi afin de contribuer à l'écriture de l'histoire», nous a-t-il déclaré en fin de projection. «C'est aussi pour mettre en image les affres subies par les populations du Nord-Constantinois en août 55», a-t-il ajouté. Le film, comme le présente son synopsis, se veut un témoignage des atrocités subies par le peuple algérien durant la glorieuse guerre de Libération nationale. Les moudjahidine et la population du Nord-Constantinois ont résisté avec dignité à l'acharnement aveugle des hordes de l'armée coloniale dirigée par Jacques Soustelle, en sa qualité de gouverneur général, qui a ordonné la destruction de toutes les mechtas et le massacre sans distinction de tous les Algériens. A côté des villages incendiés, des mosquées souillées, la torture a été pratiquée sous toutes ses formes, sans distinction d'âge ni de sexe. Un peuple qui n'a pas courbé l'échine malgré l'horreur de la torture Osmani qui s'est sans doute inspiré dans sa démarche d'El Hariq de Mustapha Badie, non seulement pour le choix d'un narrateur, mais aussi pour la mise en exergue de la force et de la résistance du peuple algérien tout entier au colonialisme, un peuple qui n'a pas courbé l'échine malgré l'horreur de la torture, comme le montrent des scènes d'une rare cruauté. Ahcène Osmani, qui vient de signer son 21e film, entre fiction, court métrage et documentaire, apporte une contribution certaine à l'écriture de notre histoire. Il nous a informé qu'il continuera sur cette lancée et sur ses thèmes préférés se rapportant à la guerre d'Algérie. Un film intitulé Les Lions d'Algérie reconstituera des scènes sur les batailles de Hourane et djebel Thamer à M'sila. Le premier tour de manivelle de ce film, selon Ahcène Osmani, sera donné prochainement «C'est au cours de la bataille de djebel Thamer que sont tombés au champ d'honneur les deux héros et chefs de la guerre de Libération, les colonels Amirouche et Si El Haouès, qui dirigeaient respectivement les Wilayas historiques III et VI.» Pour mieux raffiner ce travail, le réalisateur s'est déplacé jusqu'à M'sila pour soumettre le scénario aux moudjahiddine, afin d'apporter leur contribution en tant que témoins. Osmani a fait savoir que son long métrage est consacré à onze figures dirigeantes de la guerre de Libération dans la Wilaya III historique, dont Krim Belkacem, les membres du groupe des Six historiques et les colonels Amirouche, Si El Haouès et Mohand Oulhadj. Prévu en deux heures et trente minutes, le film est financé par la Coopérative maghrébine et africaine pour la production audiovisuelle (Comapav) de Draâ Ben Khedda (Tizi Ouzou) pour 1,26 milliard de DA. Ahcène Osmani a réalisé plusieurs œuvres cinématographiques, dont Le Déclenchement de la révolution de novembre (documentaire), Les héros du Djurdjura témoignent (long métrage) et Les Offensives de la liberté (les attaques du Nord-Constantinois du 20 août 1955), Novembre mon amour, L'homme de dignité, Regard sur l'Algérie, Les massacres du 8 mai 45… Très attaché à la terre et aux traditions de son pays l'Algérie, ce cinéaste n'a pas omis de réaliser des documentaires sur la sculpture, les scouts algériens, les bijoux de Beni Yenni… Il est lauréat du grand prix Tolérance en 1999 au Festival cinématographique à Montréal (Canada) pour son documentaire sur René Vauthier, cinéaste français engagé en faveur de la libération de l'Algérie. Entretien réalisé par Belkacem ROUACHE