L'autre jour, je marchais tranquillement dans la ville des Gen�ts, en �vitant autant que possible les mauvais quartiers, ce qui devient de plus en plus difficile de nos jours. � la main droite, je tenais un bidon d'essence rempli � ras bord ; � la main gauche, je ne tenais absolument rien, mais �a ne sert pas � grand-chose de le pr�ciser. En fait, j'�tais tomb� en panne s�che quelques rues plus bas et, donc, l'essence devait servir � abreuver ma monture m�tallique. Au bout de quelques minutes, je me rendis compte que les gens me regardaient bizarrement. Certains et certaines s'�cartaient de moi plus que de coutume, d'autres me suivaient des yeux, pour finir par me suivre carr�ment. Bient�t, j'avais une horde de curieux tranquillement � mes trousses. Au d�but, je fis mine de rien, mais ils �taient toujours l� � me suivre, attendant je ne sais quoi. Puis, je fis mine de m'inqui�ter s�rieusement. Je m'arr�tai soudain, et je fis face � la foule qui m'entourait (ne me demandez pas comment on peut �tre en face de gens qui vous cernent). Je les d�visageais... ils me d�visageaient... Il y avait m�me des journalistes (ils en avaient l'air en tout cas) qui tenaient leurs appareils photo braqu�s sur moi ! D'autres me filmaient avec leur portable ! Au bout d'un certain laps de temps d'attente st�rile interminable, l'un des curieux personnages s'avan�a vers moi et me demanda : - Monsieur, vous avez un briquet ? - Non, d�sol�, r�pondis-je, je ne fume pas. - Mais non, c'est pas �a, je voulais vous en proposer un... Et l�, la lumi�re se fit dans mon esprit ! En fait, ces gens-l� br�laient de l'impatience de me voir br�ler ! Ils pensaient que j'allais m'immoler par le feu, l�, devant leurs yeux ! � ce moment-l�, alert� par l'attroupement, un policier jaillit de la foule, arme � la main et me mit en joue ! - L�chez �a, cria-t-il, je ne veux pas de probl�me ! Si tu te br�les, je te br�le la cervelle ! Comble de l'ironie, moi qui transportais le l'essence sans plomb, je risquais incessamment d'en avoir dans le ventre ! Alors, conscient du danger, je leur expliquai avec force paroles la r�alit� de la situation, que je voulais simplement remplir mon r�servoir d'essence. Et la foule de se disperser, quelque peu d��ue d�avoir rat� un beau spectacle pyrotechnique, � part quelques on-ne-sait-jamais qui me suivaient toujours. Quelle dr�le d'�poque nous vivons tout de m�me ! Pour se faire remarquer et se faire entendre, on en arrive � tous les extr�mes. Mais, comme on dit, � quelque chose malheur est bon ; � force d'attiser sa col�re, le peuple s'est enfin d�cid� � d�clarer sa flamme aux gouvernants...