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INTERVIEW DE ZALIA S�KA� :
�Les exil�s n'ont pas r�alis� leurs r�ves, ils sont dans leur qu�te sans fin�
Publié dans Le Soir d'Algérie le 21 - 02 - 2011

Le Soir d'Alg�rie: Votre roman est une double balade. Balade du corps, balade dans le corps. Quelle est la fonction du corps �tranger en exil ?
Zalia S�ka� : En s�interrogeant sur sa propre douleur physique, myst�rieusement inexpliqu�e, le personnage plonge dans le quotidien de ses parents, exil�s. Il exhume leurs souffrances et leurs humiliations et trace un lien entre la douleur de ses parents et la sienne. Sa douleur localis�e aux pieds symbolise les racines, la libert� de venir, de partir et de revenir. Douleur inexpliqu�e, le personnage s�interroge sur un probable h�ritage, transmission de la douleur de ses parents. Porterait-il le stigmate d�une souffrance pass�e et qui se perp�tuerait ?
Cette douleur aux pieds n�est-elle pas la douleur des racines, la douleur de voir les siens priv�s d�une vie claire et limpide sans peurs ni angoisses ? J�ai voulu faire une analogie entre maladie et exil. Parce que l�exil� est un �tre vuln�rable, expos� aux autres, tout comme le malade. J�ai utilis� la maladie comme �tat pour faire ressentir l��tat d�exil�. Parce qu��tre malade, c�est �tre exclu de la sant�, c�est �tre provisoirement diff�rent des gens en bonne sant�, c�est �tre inf�rieur et d�pendre des autres. Tout le monde fait l�exp�rience un jour ou l�autre d��tre malade. C�est aussi une analogie entre les errements de l�exil� en qu�te d�un avenir meilleur et les errements d�un malade en qu�te de gu�rison. La consultation sert de d�clencheur de souvenirs, balade entre le pr�sent et le souvenir. Essayant de comprendre sa douleur qui ne trouve pas de nom, le personnage va remonter � celle de ses parents, c�est le principe m�me du jeu �marabout bout de ficelle selle de cheval��. Vous utilisez tr�s justement l�expression �corps �tranger�. Dans le domaine m�dical, le risque que pr�sente un corps �tranger est qu�il peut �tre rejet�. Il lui faut �tre accept� par le corps dominant. L�enjeu pour l��tranger est d��tre accept� par l�Autre et non de s�int�grer. Parce que le fait m�me de s�exiler est d�j� un pas vers et dans l�int�gration. S�exiler dans un pays �tranger, �tre soumis aux autres, �tre vuln�rable, est une formidable preuve d�ouverture. En d�autres termes, l�existence du corps �tranger d�pend aussi des autres, de la capacit� d�accueil des autres, de leur ouverture, de leur solidarit�. L�exil� vit en tant qu�image, que repr�sentation, jamais tel qu�il est. Parce que les pr�jug�s ne sont jamais loin. Son existence s�inscrit dans la continuit� de l�image du Maghr�bin et du musulman, fanatique et rebelle en perp�tuelle opposition. C�est l�opposition entre Islam et Occident qui r�appara�t � n�importe quelle occasion. Le corps �tranger en exil non visible du point de vue de ses conditions sociales pr�caires et de la discrimination est en revanche surexpos� et d�valoris� dans ses diff�rences culturelles pr�tendues inconciliables avec la r�publique, avec la civilisation. Il est le bouc �missaire des situations de crises qui font ressortir en force les pr�jug�s colonialistes. En revanche, on ne pr�te pas attention � lui dans sa souffrance et dans ce qu�il apporte. C�est pourquoi il est indispensable de rendre visibles ses conditions d�exil et de r�tablir leur histoire.
N'est-ce pas du fatalisme que de s'en tenir � constater que l'unique facteur transmis par l'immigration soit la douleur ?
Les probl�mes d�exil n�en finissent pas. La douleur prend le pas sur le reste. Les exil�s souffrent en silence, les statistiques, au demeurant difficiles � trouver, sont l�. Ils consultent trois fois moins que les nationaux et attendent la derni�re extr�mit�. Ils vivent au rythme de tous les drames sanitaires et sont aux premi�res loges : amiante, asthme. Toute cette main-d��uvre qui a contribu� � construire la France se voit malade en fin de vie sans rien oser ni pouvoir r�clamer parce que les d�marches administratives sont trop compliqu�es et dissuasives. Il y a �galement des souffrances indicibles comme les probl�mes de sexualit�. Bien s�r, des moments de bonheur jalonnent heureusement leur existence mais ils sont submerg�s par les difficult�s auxquelles les enfants sont expos�s, des difficult�s pr�sentes dans tous les domaines (travail, logement, bo�tes de nuit, contr�le de papier). L�exil est une rupture violente qui ne se ma�trise pas du jour au lendemain. Int�rioris�e, cette douleur ne s�en transmet pas moins. C�est l�h�ritage le plus profond et le plus difficile � sonder. La joie, elle, ne se cache pas, elle se transmet de suite, visible et partageable sans honte. La douleur, elle, est enfouie, elle se transmet sans bruit, involontairement, imperceptible. J�ai fait ressurgir des situations oubli�es, cach�es au fond de soi, qui n�avaient pas de sens dans notre enfance mais qui vues aujourd�hui, avec une certaine distance, sont lourdes de sens. On y voit les efforts des parents � s�int�grer, � camoufler leurs souffrances, � se taire et accepter toutes les injustices. Peut-�tre m�me finir par accepter et se convaincre du statut d�inf�rieur qu�on leur renvoyait. J�ai voulu faire ressentir la violence d�une douleur int�rioris�e pour contrebalancer l�image du d�linquant que portent l�immigr� et sa descendance, descendance que l�on continue � appeler d�un autre nom que Fran�ais. Il faut qu�ils soient fran�ais d�origine �trang�re, beurs ou autre, ce qui souligne bien un d�faut d�acceptation. Cette cat�gorie de Fran�ais impurs tra�ne une image d�autant plus grave qu�ils ne sont pas dans une situation de colonis�s. J�ai voulu, par ce tableau, que la souffrance des immigr�s soit visible pour ceux qui ont des pr�jug�s et pour les autres provoquer un sentiment de r�volte. Il y a aussi en filigrane la transmission de la solidarit�, la g�n�rosit�, la tendresse profonde mais enfouie. Les exil�s n�ont pas r�alis� leurs r�ves, ils sont dans leur qu�te sans fin. Lux beaut� � la rose n�existe pas, la savonnette ne dure pas, elle se dissout et avec elle les r�ves et les projets d�une premi�re g�n�ration. En ce sens, on peut y voir du fatalisme. Mais la derni�re phrase est une incitation � utiliser l�arme � laquelle les parents n�ont pas eu acc�s (l��criture) et faire entendre leur voix par l��criture qui pour eux repr�sente le sup�rieur, l��lite, la puissance. Reprendre l�outil de l��lite pour d�noncer la situation des exil�s, c�est rendre hommage � tous les immigr�s sans voix.
Quelles sont respectivement les symboliques du m�decin et du marabout pour le corps �tranger d�ambulant en exil ?
Pour l�immigr�, le m�decin symbolise l��criture, l�homme de la science occidentale, pouvoir au-dessus de lui comme le marabout d�ailleurs. Mais le m�decin incarne le savoir d�shumanis� et int�ress�. En effet, la maladie n�est pas reli�e � l�homme dans son ensemble, son psychisme, son environnement. Le m�decin ne voit que par le petit bout de sa lorgnette. Il ne prend pas en compte tous les �l�ments qui composent l�individu, tels que la culture du patient, sa nourriture, son mode de vie. Et puis, d�j� �tranger, l�exil� se sent en situation d�ins�curit� verbale, submerg� par la parole �trang�re et puissante. Ce qui ne les emp�che pas d�avoir un profond respect pour la m�decine, peut-�tre tout simplement parce qu�ils ne la comprennent pas, profond respect envers l�autre, ce dont ils voudraient que l�on fasse aussi preuve � leur �gard. Enfin, l�aspect financier rend la consultation � l��gal d�une marchandise. La m�decine de ville est devenue un commerce. Les CMU (m�decine gratuite) sont souvent refus�es par de nombreux m�decins, renvoyant les immigr�s � leur statut d�exclus, parce que non rentables. Les dur�es de consultation ne permettent pas au patient de s�exprimer, il faut aller vite et rentabiliser. Les immigr�s font perdre plus de temps qu�ils n�en font gagner. Seuls les plus ais�s peuvent s�offrir des consultations hors de prix et s��pancher comme ils le souhaitent. D�ailleurs, m�me les nationaux ont de plus en plus recours aux m�decines parall�les, aux magn�tiseurs et autres. En revanche, la plupart du temps, le marabout peut �tre r�gl� en fonction des moyens financiers du patient. Beaucoup ne fixent pas un seul prix pour tous. Il est modulable en fonction du r�sultat, des ressources. Il y a une esp�ce d�adaptabilit�, d��quit�. Certains magn�tiseurs fran�ais, fonctionnant �galement sur ce type de syst�me, ne font pas payer les patients d�munis. Mais ils sont l�objet de contr�les par la S�curit� sociale et de redressements fiscaux. Il y a chez le marabout une proximit�, une familiarit� qui n�existe pas chez le m�decin, une proximit� langagi�re, culturelle, humaine. Le marabout est le rattachement � la terre de l�exil�, sa langue, sa religion. C�est l�oralit�, la chaleur du contact, du temps disponible. Ce que la science n�apporte pas. Et puis il y a l�aspect mystique, ce rapport � l�au-del�, � Dieu. Il me semble qu�il y a une compl�mentarit� n�cessaire dans ces deux types de m�decine, plus qu�une opposition.
Qu'est-ce qui contribue � �lever le quotidien au rang de la trag�die ?
J�ai le sentiment que c�est la distance avec le quotidien, le regard a posteriori qui contribue � voir dans ce quotidien une trag�die. Le nez dedans, le quotidien n�est ni visible, ni lisible. Il se d�roule comme une normalit�. La trag�die peut appara�tre avec l�amoncellement des situations d�une vie qui, au final, constitue un tableau tragique. Un �l�ment quotidien ne signifie pas grand-chose � lui seul, mais agr�g� � d�autres, il est signifiant. Le texte est une r�trospective de ce qui a priori pouvait para�tre anodin et ordinaire. Mais en d�cortiquant les souvenirs, le pass� appara�t comme le pass� d�une autre personne. Voir son pass�, son enfance avec les yeux de la conscience peut transformer un quotidien en trag�die. Heureusement qu�il y a cette fa�on de voir les choses, c�est ce qui contribue � prendre conscience des �v�nements. En m�me temps, ce sont les petites histoires de chacun mises bout � bout qui font l�histoire. Si le quotidien semble �tre une trag�die, c�est que la situation n�a pas vraiment chang� pour les enfants de l�immigration. Il y a un certain d�senchantement qui peut se muer en trag�die. Si les parents pouvaient esp�rer, les enfants sont un peu plus sceptiques au regard de la situation que l�on a r�serv�e aux parents (ex. : obliger les parents qui ont particip� � la lib�ration de la France � toucher la pension de retraite sous la condition de revenir tous les 6 mois en France, comme une cha�ne au cou). L��chec des parents qui ont contribu� � l�essor des 30 glorieuses ne peut garantir � leurs enfants la r�ussite. Et cela est une trag�die.
Un immigr� est aussi un �migr�, absent ici et ailleurs, que repr�sentent la France et l'Alg�rie pour les exil�s ?
�Ne te crois jamais arriv�, partout, tu es un voyageur en transit �(1), cet aphorisme s�applique particuli�rement bien aux rapports que les immigr�s entretiennent avec les deux pays (en dehors du fait qu�il peut s�appliquer � tous). Ni ici, ni l�-bas. D�ailleurs les chiffres suivants sont �loquents : si 35% choisissent la France comme lieu d�inhumation, 40% choisissent leur pays, 25% h�sitent. La France et l�Alg�rie sont deux lieux d�exil � leur mani�re. Les deux lieux suscitent � la fois attirance et r�pulsion pour des raisons diff�rentes. La France reste pour les exil�s un espoir toujours vivant en d�pit des souffrances, des regards, du racisme, de m�fiance. M�me s�il y a une France pour les Fran�ais et une France pour les autres, Lux beaut� � la rose, cette savonnette incarne toujours le r�ve fran�ais. L�Alg�rie est pour eux un lieu de rattachement � leur terre maternelle. Il est indispensable de conserver la Maison, la Terre et la M�moire des Anc�tres. �La famille est l'alpha et l'om�ga de tout le syst�me (�).�(2) Toutefois, le regard des compatriotes sur les immigr�s rentr�s au pays n�est plus le m�me. Ce qui explique que les exil�s chez eux ne se sentent pas en confiance, sont mal � l�aise. Ils peuvent appara�tre comme des tra�tres ou des riches qui ne veulent pas partager. Les Alg�riens ne connaissent pas le type de souffrance endur�e par eux, une souffrance diff�rente de la leur. Ils sont loin d�imaginer la diff�rence entre la r�alit� v�cue et le r�ve Lux beaut�. Par pudeur, par honte ou pour rassurer, les exil�s ne font jamais �tat de leur mis�re, ce qui entretient l�ambigu�t�. Au regard de la situation en Alg�rie, la France reste un eldorado, Lux beaut� � la rose et contribue toujours � voir les exil�s comme des chanceux. On ne peut pas piocher dans chaque pays pour se constituer un pays id�al. Alors, l�exil� vit certains �l�ments culturels du pays d�accueil comme des chocs d�stabilisants et d�structurant et en vit d�autres comme des chances (�mancipation des femmes par exemple).
Vous avez travaill� sur Kateb Yacine qui lui-m�me a longtemps v�cu en exil et s'est beaucoup rapproch� des travailleurs immigr�s. Y-a-t-il quelque part dans votre r�cit un clin d'�il � l'errant qu'il �tait ?
Toute l��uvre de Kateb Yacine est un cri d�exil� permanent, sans attache, ni au sol ni au sang, seulement fid�le � ses id�es. Comment rester indiff�rent � cet �tre hypersensible et � sa conscience profonde des rapports dominants/domin�s et � sa volont� de r�veiller les consciences. En sondant les travailleurs immigr�s, il me semble qu�il se sondait un peu lui-m�me. Je me sens tr�s proche de lui dans la ligne qu�il s�est donn�e, celle de d�noncer l��litisme et toute forme d�oppression. Lui a choisi l�oralit�, le th��tre pour se rapprocher du peuple en Alg�rie, pour faire entendre des immigr�s sans voix. Il a enti�rement abandonn� l��criture � partir des ann�es 1970, mesurant le caract�re �litiste de l��criture dans une soci�t� � tradition orale. Voulant faire appara�tre son engagement, j�ai r�alis� une pi�ce En attendant l�Alg�rie� pour lui rendre hommage. Cette pi�ce a �t� con�ue � partir de l�ensemble de son �uvre. Pi�ce dans laquelle j�ai fait intervenir plusieurs voix, voix de l�auteur, voix du com�dien, voix d�intervenants, voix du public � travers le d�bat et jou�e essentiellement dans un th��tre ouvert et vivant. (Vous pouvez vous rendre sur mon blog pour la consulter, toute proposition de remettre ce projet debout sera la bienvenue). A travers l��criture, � travers Lux beaut� � la rose, et dans un environnement � tradition �crite, je souhaite faire entendre des immigr�s sans voix par l��criture � laquelle les parents du personnage n�ont pas eu acc�s.
Propos recueillis par Meriem Nour
1- Edmond Jab�s, cit� dans Le multiculturalisme, Fred Constant, �d.
2- DominosFlammarion 2000, p.92. Pierre Bourdieu, Sociologie de l'Alg�rie.
SIGNET
Humilit�
Le roman de Zalia S�ka� dont il s�agit ici est un ouvrage fort. Pour cette raison simple : l�humilit�. Il fallait une plume aussi humble que celle de cette auteure �migr�e pour rendre simple ce sentiment et cette condition complexes que l�exil. Exil rime avec �tranger et c�est d�un corps qu�il s�agit, un corps �tranger. La m�taphore de la maladie et celle de la statistique s�entrelacent pour souligner cette esp�ce de mal-�tre ind�fini et terriblement concret qu�occasionne le manque. Manque de terre ancestrale.
Bachir Agour
Autopsie d�un exil alg�rien
Premier roman de Zalia S�ka�, Autopsie d'un exil alg�rien donne � voir la douloureuse condition de l'exil dans son rapport au corps. Corps morcel�, fragment�, d�voil� de la narratrice, fille de l'immigration alg�rienne des ann�es 1960, qui hante les cabinets m�dicaux sans jamais parvenir � identifier son mal. L '�criture de Zalia S�ka� est une perc�e dans les strates des blessures accumul�es, peurs, humiliations sur lesquelles se construisent des g�n�rations d'enfants d'immigr�s. La douleur de l'exil est-elle de l'ordre de la transmission ? Telle est la question que l'on se pose en suivant cette confession de la narratrice qui pour �tre intime n'en est pas moins pudique. Pudique et tendre comme l'indique le sous-titre, Lux beaut� � la rose, du nom des savonnettes dont l'odeur impr�gne les souvenirs de l'enfance. Le r�cit est ponctu� par la confrontation de la narratrice au m�dical, monde o� les maux et les mots se conjuguent dans un rapport de domination qui en appelle une autre, celle subie par la g�n�ration de ses parents. Immigr�s pour les uns, �migr�s pour les autres, Mohamed en France, �Fran�ois� en Alg�rie, errants perp�tuels dans le temps et dans l'espace. La d�ambulation de la narratrice de soins en soins, de m�decins en marabouts, en passant par les charismatiques, est la m�taphore de cet exil v�cu de l'int�rieur par l'auteur. Si l'�criture est celle du ressenti, de l'�motion, son texte �maill� d'informations objectives, extraits d'�tudes, d'analyses telles que les donn�es chiffr�es des accidents du travail ou du nombre d'asthmatiques dans les populations immigr�es en France, �l�ve la souffrance individuelle � la dimension d'un mal collectif li� � la situation de l'exil. Loin de nuire au r�cit, ce m�lange de genres le renforce. L'immersion dans la douleur et la discrimination cible tout autant la France, pays d'accueil, que l'Alg�rie, pays d'origine devenu pays des vacances : �Tout m'apparaissait comme une parodie de pays, un d�cor pour film d'�pouvante�, tandis que la petite Kabylie �si grande qu'elle donnait d'entr�e une impression de libert� �voque beaut� et paroles lib�r�es. Dans la France de Giscard, la toute-puissante Amicale des Alg�riens donne le tempo du patriotisme et �enseigner l'arabe � ses enfants � l'Amicale des Alg�riens, voter pour le pr�sident unique, voyager Air Alg�rie� sont les pr�ceptes garants d'une bonne alg�rianit�. A contrario, vis-�-vis de la France, il faut �prouver �tre plus fran�ais que les Fran�ais eux-m�mes�, et vivre son alg�rianit� devient alors une �preuve au quotidien, ce quotidien plac� sous le regard des autres o� il convient de �ne pas m�contenter les trois O de l'accueil, Oeil-Oreille- Odorat�. Comment alors se situer entre les mondes et les mots : �d�sapprendre les bons vieux r�flexes du code de l'indig�nat et de la R�publique alg�rienne d�mocratique et populaire impr�gn�s � force de coups et de saisons qui passent. � Et comment s'�tonner que le corps soumis en permanence � un climat anxiog�ne, peur, attente, silence, ne porte les stigmates de l'exil : �Nous vivions le dos courb� jusqu'� para�tre plus petits que les Fran�ais de souche.� Voix des sans-voix, la talentueuse Zalia S�ka� restitue � travers son �criture cisel�e et d�ambulatoire les d�chirures et les silences de son peuple nomade.
Meriem Nour
Autopsie d'un exil alg�rien, Lux Beaut� � la rose, Zalia S�ka�, Editions du Cygne, 2010.


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