Les assassins du policier ont pu sauver leur t�te en �copant de seulement vingt ans de r�clusion criminelle, alors qu�auparavant ils avaient �t� condamn�s successivement � la peine capitale puis � la r�clusion criminelle � perp�tuit�, lors de leurs pr�c�dents proc�s. Le tribunal criminel de S�tif, dans son audience de dimanche dernier, a jug�, pour la quatri�me fois, l�affaire de meurtre avec pr�m�ditation dont a �t� victime Koussa Abdelhamid, un agent de police. Son assassinat, il y a neuf ans, par sa femme et des membres de sa famille, a jet� l��moi et provoqu� la consternation dans la capitale des Hauts-Plateaux. Les faits de ce crime abominable et macabre remontent, selon l�arr�t de renvoi de la chambre d�accusation de S�tif, au 26 novembre 2001, lorsque le secr�tariat du service de l�ordre public de la S�ret� de wilaya de S�tif a constat� l�absence inhabituelle de l�agent Koussa Abdelhamid, et ce, depuis deux jours. Chose qui a intrigu� ses coll�gues du fait de son s�rieux et de son assiduit�. Ces derniers se d�placeront chez lui pour s�enqu�rir de la situation, mais son appartement �tait ferm�. Les policiers ont vite compris qu�un malheur �tait arriv� � leur coll�gue et � sa famille. �Ils sont morts asphyxi�s par le gaz�, se sont imagin�s les policiers. Les �l�ments de la Protection civile, vite alert�s, parviendront � p�n�trer dans l�appartement en passant par le balcon des voisins. Rejoints par les policiers, les agents de la Protection civile trouveront le cadavre d�Abdelhamid, gisant dans une mare de sang, les mains menott�es derri�re le dos, les pieds ligot�s et le visage compl�tement envelopp� avec du papier adh�sif et des sacs en plastique. Les enqu�teurs d�couvriront trois feuilles de papier entrepos�es dans l�appartement sur lesquelles �taient �crites avec un style pu�ril des expressions terroristes. L�enqu�te confi�e � la brigade judiciaire d�marrera sur les chapeaux de roues. La th�se du crime terroriste est vite �cart�e par la police qui penchera plut�t pour un crime commis par un proche parent. D�s lors, les policiers se mettent � la recherche de la famille de la victime compos�e de sa femme et de ses quatre enfants. Le 28 novembre, soit deux jours apr�s la d�couverte du corps de K. Abdelhamid, les policiers parviendront � localiser, dans la wilaya de Mila, la femme du d�funt accompagn�e de sa fille de 15 ans et de sa ni�ce B. Dahbia. Transf�r�es � S�tif pour interrogatoire, elles affirmeront qu�elles ont �t� enlev�es par un groupe terroriste qui a investi leur domicile et tu� Abdelhamid. Un sc�nario qui ne tient pas la route et ne pouvant induire en erreur les enqu�teurs. Ces derniers mettront la pression sur l��pouse B. Djouhra qui se mettra � table et avouera son crime. En effet, dira-t-elle, dans la journ�e du 24 novembre 2001, en plein mois sacr� de ramadhan, elle charge sa ni�ce Dahbia de lui acheter une herbe m�dicinale (le sikrane), qui est un puissant somnif�re. Les deux femmes se chargeront de moudre et de filtrer cette herbe avant de la verser dans le plat de �chorba� que mangera quelque temps plus tard Abdelhamid. A l�heure du f�tour, le malheureux Abdelhamid, ne se doutant de rien, rompt son je�ne avec la chorba empoisonn�e. Apr�s quelques minutes, le malheureux est pris d��tourdissements et d�une violente crise d�estomac. Il vomira � plusieurs reprises. C�est ce moment-l� que choisira sa femme Djouhra pour se d�barrasser, une fois pour toutes, de son encombrant mari, aid�e de sa propre fille Im�ne, de sa ni�ce Dahbia et de son neveu et, en m�me temps, amant, Abderrahmane. Ainsi, la victime �tourdie et fatigu�e aura les mains entrav�es derri�re son dos avec ses propres menottes, les pieds ligot�s et le visage couvert de bandes adh�sives et d�un sac plastique. Le malheureux a commenc� � suffoquer quand sa fille Im�ne, pour acc�l�rer sa mort, s�assoit carr�ment sur son visage. Abderrahmane lui ass�nera, quant � lui, plusieurs coups avec un objet contondant au visage. Son agonie durera plusieurs minutes. Devant de telles atrocit�s, la victime ne tardera pas � lancer son dernier r�le. Ne pouvant transporter le cadavre � l�ext�rieur de la maison, les auteurs du crime imagineront un autre plan : faire croire � une incursion terroriste. Ainsi, comme on l�a vu, les assassins feront tout pour diriger l�attention de la police vers la piste terroriste. Mais ce plan ne tiendra pas longtemps la route. Lors du proc�s, les principaux accus�s, � savoir B. Djouhra et B. Abderrahmane, se sont �chang�s des accusations, chacun voulant faire endosser la responsabilit� du crime � l�autre. Dans sa plaidoirie, l�avocat de la partie civile a essay� de d�montrer le r�le jou� par les deux accus�s lors de cet abominable et atroce assassinat qui fut planifi� et pr�m�dit� � l�avance. Pour sa part, le repr�sentant du minist�re public avait requis la peine capitale pour ce crime abominable. La d�fense de B. Abderrahmane a ax� sa plaidoirie sur l�innocence de son mandant dans la commission de ce crime, et demandera son acquittement. Pour sa part, l�avocat de B. Djouhra, Me Mokrane A�t Larbi, un des t�nors du barreau d�Alger, a voulu d�montrer que la planification de l�assassinat �tait l��uvre de B. Abderrahmane, et que sa cliente n�avait fait qu�ob�ir aux ordres de son neveu et amant. L�avocat demandera des circonstances att�nuantes pour B. Djouhra, et ce, apr�s avoir cr�� un v�ritable doute parmi les jur�s quant � l�identit� de l�auteur de l�assassinat. Apr�s d�lib�ration, le tribunal criminel a commu� la condamnation des accus�s, de la peine capitale puis de la perp�tuit�, � celle de vingt ans de r�clusion criminelle. Un verdict jug� cl�ment par la famille de la victime, eu �gard � l�atrocit� du crime. �La prochaine fois, ils vont tout simplement les acquitter�, dira en larmes la m�re du policier assassin�. Non satisfaits de ce verdict, la partie civile ainsi que le parquet ont d�cid� de faire appel. Notons que les deux autres accus�es, � savoir la fille de la victime Im�ne et la ni�ce de B. Djouhra ont �t� d�j� condamn�es. La premi�re par le tribunal des mineurs � dix ans de prison (elle est actuellement libre) et la seconde � quinze ans de r�clusion.