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CE MONDE QUI BOUGE
Libye, hypocrisie et incoh�rences
Publié dans Le Soir d'Algérie le 17 - 03 - 2011


Par Hassane Zerrouky
Posture inconfortable. L�Alg�rie a mis quatre jours pour reconna�tre � le mot est un peu fort � les nouvelles autorit�s tunisiennes. Quant au changement intervenu en �gypte, le minist�re des Affaires �trang�res s�est born� � rappeler qu��en cette p�riode cruciale que traverse l'�gypte s�ur, l'Alg�rie r�affirme avec force son attachement aux liens historiques et de fraternit� qui unissent les deux peuples alg�rien et �gyptien�. Et depuis, plus rien ! Sur la Libye, l�embarras est �vident.
Dimanche, lors de la r�union de la Ligue arabe, Mourad Medelci assurait que l'instauration d'une zone d'exclusion a�rienne en Libye �tait �du seul ressort du Conseil de s�curit� et ne saura en aucune mani�re �tre prise en dehors de ce cadre et conform�ment aux m�canismes et mesures de la Charte des Nations unies�. Une position que le minist�re des Affaires �trang�res a de nouveau r�it�r�e mardi. Or, dans la d�claration finale adopt�e par les ministres arabes des Affaires �trang�res, que chacun peut lire sur le site des affaires �trang�res de n�importe quel pays arabe, seule la Syrie a �mis des r�serves. Il n�est nullement mentionn� que l�Alg�rie s�y soit oppos�e. Le plus remarquable, apr�s que des m�dias nationaux et �trangers eurent rapport� ces r�serves alg�riennes, Alger n�a pas r�agi de fa�on claire. Elle a m�me entretenu une savante ambigu�t� avant de se livrer � des d�mentis qui se contredisaient. En r�alit�, comme un enfant pris la main dans le sac, l�Alg�rie refuse d�assumer publiquement son choix au sein de la Ligue arabe et pr�f�re tenir un autre discours, � usage interne. Afin de rassurer ces milieux islamo-conservateurs effray�s de voir Kadhafi subir le m�me sort que Ben Ali et Moubarak ? Et que la chute de l�autocrate libyen n�aggrave la pression sur le pouvoir alg�rien qui d�s lors risque de se retrouver bien seul dans une Afrique du Nord d�mocratis�e ? Hypocrisie. Tout le monde se f�licite de la position adopt�e par la Ligue arabe � l��gard de Kadhafi. Mais s�est-on interrog� sur le fait qu�hormis la Tunisie et l��gypte, les autres Etats membres de la Ligue arabe sont des r�gimes autoritaires ? Le r�gime y�m�nite d�Abdallah Saleh, qui tire sur son propre peuple, s�est prononc� pour une zone d�exclusion a�rienne en Libye ! On r�ve ! La monarchie de Bahre�n, confront�e � une forte opposition, est dans le m�me cas. Pire, moins de quarante-huit heures apr�s le vote de la Ligue arabe, l�Arabie saoudite, de concert avec les Emirats arabes unis, intervient militairement � Bahre�n pour sauver la monarchie locale ! L�Arabie saoudite ? Le r�gime wahhabite, premier � avoir point� son flingue sur le r�gime libyen, a d�j� averti qu�il ne tol�rerait aucune contestation ! A Oman, le ministre des Affaires �trang�res s�est livr� � une le�on de choses � l�issue de la r�union de la Ligue arabe pour expliquer la position adopt�e � l��gard de la Libye ! Or, le sultanat d�Oman, o� les partis politiques sont interdits, est �galement le th��tre d�une contestation populaire de nature sociale et d�mocratique ! Ajoutons que Washington, si prompt � froncer des sourcils � l��gard de certains pays, a ferm� pieusement les yeux sur ses alli�s arabes. Incoh�rences. La France est le pays le plus r�solu � voir Kadhafi quitter le pouvoir. Mieux, elle milite pour une zone d�exclusion a�rienne, voire pour une intervention militaire en Libye pour sauver le peuple libyen des griffes du r�gime. L� �galement, apr�s avoir rat� le train d�mocratique tunisien � Paris a soutenu jusqu�au bout son ami Ben Ali � puis �gyptien � Moubarak co-pr�sidait avec Sarkozy l�Union pour la M�diterran�e (UPM) � la France de Sarkozy veut se rattraper et met un point d�honneur pour faire oublier qu�elle a d�roul� le tapis rouge � Kadhafi lors de son s�jour parisien. �J�envoie des signaux � la rue arabe�, se f�licitait alors Nicolas Sarkozy (in le Figaro du 13/12/07). Mieux, Nicolas Sarkozy comptait lui vendre quelques avions Rafales, missiles et autres armes ! En tout �tat de cause, n�oublions pas ces dizaines de milliers de jeunes Libyens se battant pour la libert� et pour lesquels notre diplomatie n�a pas eu un mot. Si Kadhafi l�emporte, on sait ce qui les attend !


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